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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin
Autoren: Ernest Capendu
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était si naturel de supposer qu’Yvonne eût profité de la plus légère circonstance favorable pour fuir, que Marcof et ceux qui écoutaient Hermosa ne doutèrent pas qu’elle ne parlât sincèrement.
    – La jeune fille est peut-être retournée à son village, dit le comte de La Bourdonnaie.
    – C’est possible, répondit Boishardy.
    – Non, dit Marcof ; elle devait être trop faible, et il y a loin d’ici à Fouesnan. Et puis, vos gars qui gardent le pays l’auraient déjà arrêtée.
    – Mais qu’est-elle devenue alors ? s’écria Jahoua.
    – Avez-vous visité les souterrains ? demanda Hermosa qui avait compris facilement que les trois hommes avaient été à l’abbaye.
    Il lui était fort indifférent que l’on retrouvât ou non Yvonne, et elle espérait attendrir ses juges en ayant l’air de leur donner tous les éclaircissements qui étaient en son pouvoir.
    – Il y a donc des souterrains dans l’abbaye ? demanda Marcof.
    – Oui, dit Fleur-de-Chêne, et de fameux !
    – Tu les connais ?
    – Oui.
    – Tu vas venir avec nous et nous conduire.
    – Partons ! s’écrièrent Jahoua et Keinec.
    – Guide-les, Fleur-de-Chêne. Je vous rejoins, mes gars, dit Marcof.
    Fleur-de-Chêne et les deux jeunes gars disparurent promptement. Hermosa poussa un soupir de soulagement. Henrique n’était plus menacé par le fusil du paysan breton.
    – Qu’allons-nous faire de cette femme ? demanda M. de La Bourdonnaie en désignant Hermosa.
    Marcof l’entraîna, ainsi que Boishardy, à quelques pas, et, baissant la voix :
    – Il ne faut pas la tuer, dit-il.
    – Elle peut nous être utile ?
    – Peut-être.
    – Nous devons la garder à vie, alors ?
    – Oui.
    – Je m’en charge, fit Boishardy.
    – Où la conduirez-vous ?
    – Au château de La Guiomarais, où est le quartier général de La Rouairie.
    – Très-bien.
    – Je l’emmènerai cette nuit même.
    Les trois chefs allaient se séparer, lorsqu’un paysan parut dans la petite clairière où ils se trouvaient.
    – Qu’y a-t-il, Liguerou ? demanda vivement le comte.
    – Un message pour vous, monsieur.
    – De quelle part ?
    – De la part d’un monsieur que je ne connais pas, répondit le paysan en présentant une lettre à La Bourdonnaie.
    – Où as-tu vu ce monsieur ?
    – À deux lieues d’ici, sur la route d’Audierne. Il traversait les genêts avec une femme habillée en religieuse et un autre homme âgé. Nous les avons arrêtés, mais il nous a donné le mot de passe et il a ajouté les paroles convenues et qui désignent un chef. Alors, au moment de s’éloigner, il m’a rappelé ; je suis revenu ; il a écrit une lettre sur un papier avec un crayon, et il me l’a remise en m’ordonnant de vous la porter sans retard. J’ai obéi.
    – Bien, mon gars.
    Le paysan se recula, tandis que le comte brisait le cachet ou plutôt déchirait une enveloppe collée avec de la mie de pain.
    – Kérouët, dit-il en s’adressant à un homme qui tenait à la main une torche de résine enflammée, éclaire-moi.
    Kérouët s’approcha vivement pour obéir à son chef. Quelques lignes étaient tracées sur le verso de l’enveloppe. Ces quelques lignes contenaient les mots suivants :
    « Prière au comte de La Bourdonnaie de faire passer cette lettre par une main fidèle au capitaine Marcof, commandant le lougre le Jean-Louis en relâche à Penmarckh. »
    – Marcof, dit le comte en tendant la lettre au marin, ceci est pour vous.
    – Pour moi ?
    – Voyez ce que l’on m’écrit.
    Marcof prit la lettre et l’enveloppe. À peine eut-il jeté les yeux sur les lignes tracées au crayon qu’il tressaillit et qu’une joie immense illumina sa mâle figure. Il venait de reconnaître l’écriture du marquis de Loc-Ronan. Prenant la torche des mains de Kérouët et se retirant à l’écart, il lut avidement. Puis il revint vers le comte et son compagnon.
    – Messieurs, dit-il, il faut que je vous parle. Éloignez tout le monde.
    La Bourdonnaie donna l’ordre d’emmener les prisonniers et de veiller sur eux.
    – Qu’y a-t-il ? demanda Boishardy lorsqu’ils furent seuls tous trois.
    – Je suis autorisé à vous révéler un secret, répondit Marcof. Écoutez-moi attentivement. Le marquis de Loc-Ronan n’est pas mort.
    – Philippe n’est pas mort ! s’écria Boishardy.
    – Impossible ! fit le comte ; j’ai assisté à ses funérailles.
    – Je vous le répète
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