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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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monarchie capétienne, fidèle à Rome, en une monarchie calviniste, fidèle à Genève !
    — Nous ne la laisserions pas faire, le rassura François, chef de famille.
    — Ah non ? Et comment pourrions-nous agir, depuis Nancy et la Lorraine ?
    C’est pour répondre à cette question qu’un plan fut mis sur pied, le plus audacieux jamais conçu par ce clan diabolique.
    Le duc de Guise avait un fils aîné, Henri, que ses onze ans rendaient proche du jeune duc d’Anjou {73} . Dûment chapitré par son père, le garçonnet n’eut de cesse, dans les jours qui suivirent le fameux souper, d’effrayer son compagnon de jeux sur la question du complot huguenot.
    Aussi est-ce un prince déjà préparé – pour ne pas dire assez inquiet – que le duc de Nemours fut chargé d’aller circonvenir. Encore jeune, très avenant, cet aimable guerrier avait noué des liens amicaux avec Anjou, qui portait volontiers sur lui un regard ébloui. Profitant de sa charge à la tête des gardes suisses, il ne lui fut pas difficile d’isoler le jeune prince un moment, et de s’accroupir à sa hauteur pour lui parler, dans les yeux, des terribles dangers qu’il courait.
    — Croyez-moi, monseigneur, dit Nemours, je tremble pour vous et les vôtres.
    L’enfant n’était pas si naïf ; il se contenta de hausser les épaules. Le duc insista.
    — Parlons clair : êtes-vous calviniste ?
    — Je suis de la religion de ma mère.
    Réponse fort habile, de la part d’un enfant de dix ans... Nemours ne put s’empêcher d’en sourire. Mais il avait une mission à remplir.
    — Si vous étiez calviniste, poursuivit-il, je m’inquiéterais moins. Seulement vous ne l’êtes pas ; et quand ces gens, qui préparent un complot furieux, se seront emparés du pouvoir, ils vous le feront payer. Vous serez tué, voilà ce qui m’effraie !
    — Nous verrons bien, conclut le duc d’Anjou, tout en agaçant un petit chien de la pointe de son soulier.
    Tout son maintien trahissait la gêne et l’envie d’en finir au plus vite avec cet entretien.
    — Il sera trop tard, faites-moi confiance. Ne suis-je pas votre ami ?
    L’enfant haussa de nouveau les épaules.
    — Suis-je ou non votre ami ? insista l’autre.
    — Vous l’êtes, concéda Anjou. Cela ne vous rend pas infaillible...
    — Il y aurait un moyen, déclara Nemours. Votre ami, le jeune Henri de Guise, va suivre ses parents à la Cour de Lorraine. Et vous savez qu’on mène là-bas la vie la plus agréable. Vous-même, si vous vouliez le suivre, pourriez connaître enfin le bonheur d’être le premier après Dieu. Ici, en France, vous ne serez jamais que le frère du roi, le second, l’oublié... Là-bas, chacun vous traiterait en futur roi que vous êtes ; vous échapperiez au sort affreux qui vous attend ici, et bénéficieriez en même temps...
    Le duc de Nemours s’interrompit : il venait d’apercevoir, un peu cachées par une tapisserie, deux dames silencieuses qui, visiblement, espionnaient pour le compte de la reine Catherine.
    — Enfin, conclut-il, nous en reparlerons ! Gardez pour vous ce que je vous ai dit ; nous en reparlerons.
    Il disparut aussi vite qu’il était venu. Dès qu’il fut libre, le petit duc d’Anjou n’eut rien de plus pressé que d’aller trouver sa mère pour lui raconter, dans le détail, « le projet de son enlèvement ».
    C’était résumer, en cinq mots, le dernier plan des Guises.
    La reine Catherine était trop habile, trop prudente, pour retarder, par un scandale quelconque, un départ qu’elle avait tant espéré. Aussi bien garda-t-elle pour elle les révélations de son fils préféré – mais non sans lui octroyer une garde spéciale, ni le tenir le plus possible à portée de vue.
    — Maman, avait quand même demandé l’enfant, est-il vrai que les Huguenots vont nous tuer ?
    — Croyez-vous que si c’était le cas, je ne vous enverrais le plus loin possible d’ici ?
    Édouard embrassa la reine mère de tout son coeur.
    Le matin du départ des Guises, quelque six cents cavaliers, cuirassés comme pour la guerre, vinrent se ranger, dans un ordre absolument impeccable, sous les fenêtres de Catherine. Feignant de ne pas s’émouvoir d’une telle démonstration de force, elle salua les membres de cette famille que déjà, dans son coeur, elle haïssait plus que tout.
    — Vous allez tellement me manquer ! dit-elle à la duchesse de Guise en lui caressant le bras de manière affectueuse.
    La
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