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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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printemps.
    — Je me suis, souffla-t-elle, rompu la jambe sur le pavé mouillé d’Orléans : mon cheval y a glissé, il est tombé sous moi et m’a presque écrasée.
    — Vous boitez méchamment, lâcha Simon, perfide.
    — À nos âges, les os ne se ressoudent plus si bien... Pour un peu, je serai morte avant d’être remise.
    « Puisses-tu dire vrai ! »
    Elle avait assorti sa remarque d’un sourire à la fois si digne et si triste que Simon, malgré toute sa rancoeur, ne put s’empêcher de soupirer. D’ailleurs, plus il la voyait, plus il sentait fondre sa haine au feu d’une certaine nostalgie qu’ils devaient partager... Sa conscience se rebella : il était venu accomplir un acte de justice.
    — Si nous devons, dit-il, mourir d’ici peu, vous et moi, vous pouvez bien me révéler ce que vous savez de la mort des héritiers du roi François I er  : le dauphin et le duc d’Orléans...
    Elle feignit de n’avoir rien entendu et, maniant dextrement de belles boîtes de marqueterie, s’absorba dans les papiers qu’elle y remuait de ses doigts décharnés. Le regard mauve se fit inquisiteur.
    — Mais qu’en ai-je fait, grands dieux, qu’en ai-je fait ? Ah, la voici !
    Elle extirpa d’un paquet de lettres une petite missive au papier bleuté, couverte d’une belle écriture couchée que Simon eût reconnue à quinze pas...
    « L’écriture de Gautier ! »
    Du coup, l’affaire du courrier détourné resurgit à la conscience du petit frère indigne. C’était un grief de plus à l’encontre de la duchesse : ne l’avait-elle pas payé, lui Simon, puis menacé, afin qu’il conserve par-devers lui des lettres adressées à Gautier par Françoise – l’amour de sa vie ? Comment avait-il pu entrer dans une telle manigance ? Quarante années plus tard, cela lui semblait impossible à comprendre.
    — Comment osez-vous..., commença-t-il.
    — Voici une lettre, le coupa-t-elle sans s’émouvoir, que votre frère avait envoyée, jadis, à ma demoiselle d’honneur. Une nièce du roi par la main gauche.
    — Françoise de Longwy.
    — C’est cela. À cette époque, sur injonction de la régente Louise, j’ouvrais le courrier de cette jeune fille.
    Simon était bien placé pour le savoir ; comment pouvait-elle l’avoir oublié ? Diane poursuivit.
    — Or j’ai trouvé cette lettre-là si forte, si pure, qu’elle m’a émue. Même, je dois dire que j’en fus, peut-être, un peu envieuse...
    « La garce ! »
    — Je vais bientôt brûler tous ces papiers ; il ne faut pas laisser trop de choses derrière soi... Seulement, pour ce qui est de cette lettre, je serais chagrinée de la jeter aux flammes. Autant vous la remettre.
    Et d’une main qui ne tremblait aucunement, elle tendit à Simon le morceau de papier bleuté. Il hésita un instant, le prit, commença de le déplier pour le refermer tout de suite, et le glissa dans sa manche. Il y heurta la petite dague, toujours prête à tuer...
    — Voyez-vous, dit Diane avec une expression de douleur que Simon ne lui avait jamais connue, Dieu m’a beaucoup donné en ce monde... J’ai eu le savoir, le pouvoir et bien sûr la richesse. J’ai croisé de grands personnages, connu des moments admirables et d’autres, terribles ; j’ai pesé sur le destin de mes pairs, j’ai laissé mon empreinte sur le règne d’un grand monarque... Mais il est une chose que je n’ai pas pu connaître...
    Son froid regard, enfin réchauffé de larmes, chercha celui de l’ancien écuyer, qui se dérobait. Simon ne voulait pas être le confident servile de cette femme. Il se leva donc et, sans la saluer, quitta la chambre d’un pas résolu.
    — Où allez-vous ? s’étonna-t-elle. Attendez...
    Elle se mit à crier.
    — Je vous parlais, monsieur ! Je vous parlais ! J’allais vous confier mon secret !
    Sa voix se brisa. Simon l’abandonna aux regrets de sa triste vie, au milieu des spectres d’un passé tout révolu.
    Il ne l’avait pas tuée. On ne tue pas une morte.
    C’est chez les bénédictines d’Almenesches, en Normandie, jadis réformées par la regrettée Marguerite d’Alençon, que Simon finit par retrouver Françoise de Longwy, veuve de l’amiral Chabot de Brion. Elle ne tenait plus à la vie que par un fil, et la jeune moniale qui, pleine de dévouement, s’occupait d’elle nuit et jour accueillit le visiteur par des mots étranges.
    — Puissiez-vous, monsieur, apporter à cette malheureuse ce
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