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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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concernant, la reine était sincère. Mais alors qu’elle allait baiser l’anneau du cardinal de Lorraine, elle aperçut ce maudit Nemours qui, l’air dégagé, parlait encore à l’oreille de son fils. L’envie la gagna de faire immédiatement arrêter et torturer ce spadassin sans étoffe. Mais elle parvint à conserver sur elle-même un certain empire.
    — Que vous a-t-il encore dit ? questionna-t-elle son fils un instant après.
    — Il m’a dit : souvenez-vous de ce que je vous ai dit.
    Catherine releva la tête. Désormais, quoi qu’il puisse arriver, elle lutterait de toutes ses forces contre la famille de Lorraine.
    Parmi les spectateurs de la scène, il en est un qui aurait dû se réjouir : c’était le connétable de Montmorency qui, quoique perclus de rhumatismes, n’aurait pour rien au monde manqué un tel départ. Trois ou quatre ans plus tôt, voir les Guises se sauver de la sorte eût, assurément, comblé tous ses voeux.
    Mais les choses avaient beaucoup changé, depuis quelques mois ; et pour un peu, le vieux sanglier eût envié ses ennemis favoris. Eux quittaient la Cour sans tache, sans aucune compromission avec « l’hérésie » ; lui, était condamné à voir ses propres neveux, – des hommes qu’il avait faits, poussés, installés –, prendre la tête de la Réforme en France, et conduire une politique inconcevable du temps des grands rois François et Henri.
    — Maréchal, finit par lui lancer la reine, vous me paraissez bien songeur...
    — C’est, madame, que je ne comprends plus ce monde. Je dois être trop vieux.
    Elle ne sut que répondre, et laissa le connétable à ses regrets ; on l’eût dit chargé de tous les péchés de la Terre.

 
    Épilogue
    Le messager
(Octobre 1565)
    Personne ne sait quand, exactement, est morte Françoise de Longwy, même si l’on avance parfois la date de 1565. Diane de Poitiers, elle, a rendu l’âme le 26 avril 1566, en sa demeure d’Anet.
    Plus encore que de coutume, je n’aurai cessé d’admirer, tout au long de mes recherches préparatoires, l’extrême richesse d’une époque capable de tous les retournements, et des plus grands raffinements comme des atrocités les moins racontables. Ainsi se vérifie la justesse de cet avis d’un Philippe Erlanger sur le « bon vieux temps » de Diane de Poitiers : « À observer de haut cette époque, écrivait-il, on demeure saisi par la coexistence des fastes et des supplices, des horreurs et de la beauté. Constamment, les cris des victimes semblent répondre aux rires des gens de cour, le flamboiement des fêtes se mêler à celui des bûchers. »

 
    Par un matin lumineux d’automne, alors qu’il balayait des feuilles amoncelées sur son seuil, Simon de Coisay reçut la visite d’un petit homme tout gris, tout terne qui, de manière inespérée, prétendait n’être là que pour lui restituer ses biens – à commencer par le manoir.
    — Vous arrivez, lui dit Simon, comme le lutin des contes...
    Ce notaire agissait, disait-il, en exécution des volontés testamentaires de mademoiselle Catherine d’Albon, fille unique du défunt maréchal de Saint-André, elle-même emportée par un poison au monastère de Longchamp. Elle connaissait l’histoire de la confiscation de Coisay, et s’était lamentée, devant témoins, sur le sort d’une famille injustement spoliée.
    Simon fit entrer le notaire, et tout en l’écoutant, tira pour eux deux un carafon de vin d’épines.
    — Savez-vous, monsieur, comment s’est décidé le sort du baron, votre frère – Dieu ait son âme ?
    — Je ne suis pas certain de souhaiter le savoir...
    Le notaire passa outre.
    — Figurez-vous que le feu Saint-André l’a joué aux dés avec la duchesse de Valentinois !
    — Joué aux dés ?
    Simon se signa ; il s’estimait heureux que sa nièce ne fût plus là pour entendre pareille vilenie.
    — Mais que vient faire ici la grande sénéchale ? demanda Simon.
    Car il continuait de l’appeler ainsi.
    — C’est elle qui a tout machiné, expliqua le tabellion. Elle avait enrôlé un espion du nom de Caboche, qui l’a mise au courant des liens de votre frère avec les Genevois. Comme elle avait besoin d’argent, et le maréchal autant qu’elle, tous deux confièrent aux dés le soin de les départager. C’est le feu Saint-André qui l’a emporté : il a donc eu votre domaine !
    Les mâchoires de Simon se crispèrent sous sa barbe maintenant blanche. Le notaire se
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