Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
yeux. Catherine faisait mine de ne rien remarquer. Seule la duchesse de Guise, née Ferrare {70} , osait manifester tout haut sa nette réprobation.
    — Tout ce sang m’effraie, soupirait-elle. Vous verrez qu’il finira par retomber sur nous !
    La suite, pendant vingt ans, lui donnerait mille fois raison...
    — Celui-ci, c’est Castelnau, un des chefs ! précisa soudain le cardinal de Lorraine.
    Il donnait ce genre d’indications de l’air entendu de ceux qui, au spectacle, ont reconnu le danseur, ou la chanteuse. Le bourreau, impressionné peut-être, dut s’y reprendre à plusieurs fois.
    Vint le tour d’un certain Villemangis, qui s’agenouilla devant le billot comme les autres. Mais, au lieu de tendre le cou aussitôt, le condamné prit le temps de bien tremper ses mains dans le sang répandu devant lui ; les levant alors, toutes maculées, bien haut, il lança une imprécation vers le ciel.
    — Voici le sang de tes enfants, Seigneur. Tu les vengeras !
    Le cardinal ne goûta pas la plaisanterie.
    — Allons, pesta-t-il contre le bourreau. Mais qu’attend-il donc, l’animal ?
    Pendant toutes ces longues séances, le prince de Condé demeura impassible, assistant en silence à l’exécution de tous ceux qui, officieusement au moins, s’étaient battus en son nom.

 
    Chapitre IX
    La souveraine
(Automne 1561)
    Le principe « synecdotique » dont je parlais à propos du chapitre VI, a été porté loin dans le traitement allusif que je réserve au colloque de Poissy. Sans m’appesantir sur d’infinis débats théologiques, mon intention était seulement, en effet, de mettre en évidence les limites et les contradictions du naturel conciliateur de Catherine de Médicis.

 
    Saint-Pierre, près de Compiègne.
    La plus modeste maison du hameau, placée trop près d’un grand tilleul, recevait durant l’automne une pluie de feuilles mortes qui s’accumulaient sur ses chaumes et jusqu’au rebord des lucarnes. Françoise de Coisay pouvait rester des heures à les regarder voleter au vent, les yeux dans le vague, aux lèvres un pauvre sourire.
    — Françoise, allons ! la houspillait parfois son oncle, qu’une telle indolence excédait.
    La malheureuse sursautait, grimaçait confusément à l’adresse de l’importun ; puis elle s’en retournait au cours imprécis de ses songes... Depuis longtemps, rien ne l’attachait plus vraiment aux réalités. Les semaines lui étaient devenues une succession de jours atones, à peine teintés à l’occasion d’événements domestiques dont la fidèle Nanon, comme au bon vieux temps, s’acharnait à ponctuer les saisons : il y avait le temps des lessives, le temps du filage, le temps de la teinture...
    Un matin, Françoise était installée sous l’appentis, à carder une laine improbable, quand un cavalier armé surgit presque sous son nez ; elle ne s’en effraya nullement.
    — Ma commère, lança-t-il avec condescendance, je suis à la recherche de la demeure des Coisay.
    — Vous y êtes, répondit-elle d’un ton neutre.
    — Mais où est-ce, exactement ?
    — Elle vient de vous répondre, intervint sèchement l’oncle qui, depuis l’intérieur, avait suivi la scène. Simon de Coisay, pour vous servir. Et voici ma nièce, Françoise.
    Le cavalier parut un peu décontenancé.
    — J’accompagne, dit-il, une dame de qualité qui souhaitait vous parler. Elle attend là-haut, devant l’église. Puis-je vous l’amener ?
    — Et qui donc est cette dame ?
    — C’est la duchesse d’Étampes, répondit le cavalier en s’éloignant déjà.
    Si l’homme avait attendu sa réponse, il est probable que Simon lui aurait dit qu’il ne recevait plus, ne voulait voir personne – surtout pas les témoins de son ancienne aisance. Mais pris ainsi au dépourvu, le gentilhomme n’eut d’autre choix que de faire bonne figure.
    Anne de Pisseleu, emmitouflée dans une vaste cape de renard blanc, ne voyageait pas en litière ; à plus de cinquante ans, elle continuait de monter une haquenée, blanche elle aussi, avec la souplesse d’une jeune fille.
    — Qu’il est doux de vous voir, dit-elle aimablement à Simon, alors qu’il l’aidait à en descendre.
    — Madame, vous auriez dû prévenir. Nous n’avons plus, ici, de quoi recevoir, et...
    — C’est votre nièce que je viens revoir. Et pour ce qui est de votre situation, je la connais et vous en plains de tout coeur. De grâce, ne vous mettez en peine de rien.
    Simon aurait
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher