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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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tribune ; eux devaient, pour s’exprimer, se lever et venir à une barre – comme des témoins dans un procès !
    Catherine glissa volontairement sur leurs protestations, et lança les fameux débats dont elle attendait de si grands bénéfices.
    Elle rayonnait, à la fois bien assise sur un trône que personne ne lui contestait plus, et dévouée à cette cause de modération qui lui paraissait se confondre avec la monarchie elle-même. Tandis que le nouveau chancelier, Michel de L’Hospital, rendait hommage, à titre préliminaire, aux légendaires qualités de « prudence et clairvoyance » de la souveraine, celle-ci croyait toucher enfin du doigt une forme d’accomplissement. Enfin, et malgré tous les obstacles, toutes les entraves suscitées par une époque ardue, elle était devenue pleinement cette souveraine qui, depuis si longtemps, couvait en elle ; elle était devenue « Madame Catherine ».
    Les débats s’ouvrirent par une dispute à propos de l’eucharistie. Le cardinal de Lorraine, bien décidé à faire sa cour, prit grand soin de se montrer modéré dans son exposé. Lui qui, naguère à Amboise, applaudissait aux pires supplices contre les Huguenots, voilà qu’il marchait à présent sur des oeufs ; à propos de la présence réelle du corps du Christ dans l’hostie, il se contenta d’affirmer, conciliant et vague, la « communion réelle avec le Christ » lors de la réception du sacrement.
    Catherine, lorsqu’il se rassit, le gratifia d’un sourire qui faisait bien voir à tous qu’elle avait apprécié ce bel effort de pondération.
    Las ! Quand vint le tour de Théodore de Bèze, le colloque prit un autre tour. Le représentant de Genève avait reçu, juste la veille, un courrier de Calvin lui-même, l’incitant à la plus grande rigueur théologique, afin de pousser l’adversaire à la faute. C’est ce qu’il fit, attaquant sans détour le dogme de la présence réelle.
    — Le corps du Christ, conclut-il haut et fort après d’autres provocations, est aussi éloigné du pain et du vin que le ciel est éloigné de la terre !
    Le cardinal de Lorraine, jusque-là presque affable, avait pâli ; il affichait un air effaré devant une intransigeance aussi outrée. Dans son dos, le cardinal de Tournon, représentant du pape, ne se contenta pas de mimiques ; se levant de manière solennelle, il hurla dans le réfectoire le mot terrible : «  Blasphemavit  ! » – « Il a blasphémé ! », repris par les uns, hué par les autres, dans un déchaînement d’insultes.
    Le scandale suprême était né, de la bouche d’un pasteur et de celle d’un cardinal...
    Ainsi sombra l’essai louable de conciliation de Madame Catherine : son colloque de Poissy, réuni à des fins pacifiques, devait s’inscrire dans les annales comme le sombre préambule d’une effroyable guerre civile.
    Ballottée par les accidents de la route, malmenée par des vents poussiéreux qui la firent tousser sans arrêt, mais aussi – bien plus encore – dégoûtée de l’acharnement des hommes à toujours refuser la paix, la reine repartit fort accablée ce soir-là. La présence à ces côtés, de ses enfants – dont le petit Édouard, duc d’Anjou {72} , si vif et si joli – fut une maigre consolation pour celle qui, quelques heures plus tôt, croyait avoir enfin conquis la gloire.

 
    Château de Saint-Germain-en-Laye.
    Pour les Guises, le colloque de Poissy et, plus généralement, l’indulgence de la reine envers les Huguenots, donna le signal du départ. Le Balafré, ses frères cardinaux, le duc d’Aumale, mais aussi les grands seigneurs de leur mouvance – on les appelait à la Cour « ceux de Guise » – bouclèrent leurs malles et chargèrent un train de chariots, sans que Catherine ne songe sérieusement à les retenir.
    Ils quittaient la place après un combat acharné de plus de quinze ans – quinze ans d’abus, de vols et d’exactions, mais aussi de grands services rendus à l’État, et pas seulement dans les armes. Déjà leur nièce, la reine Marie Stuart, avait été gentiment reconduite en Écosse, quelques semaines plus tôt... Aussi régnait-il partout, dans leurs quartiers, chez leurs gens, la lourde atmosphère des fins de règne.
    — Ce que je crains, avait lancé Charles lors d’un ultime souper de cour, c’est que cette Florentine ne donne tout le pouvoir à Coligny, L’Hospital et leur clique, et n’en vienne, avec le temps, à convertir la
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