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Madame Catherine

Madame Catherine

Titel: Madame Catherine
Autoren: Franck Ferrand
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racla la gorge : revenant à sa mission première, il entreprit de lire les actes de cession, « au profit du sieur de Coisay », de l’ancienne propriété de son frère...
    Pour Simon, tout cela venait trop tard.
    Il fit mine, poliment, d’écouter ce que disait l’homme tout gris, mais en lui-même, il ne songeait déjà plus qu’à venger son frère, sa nièce, et tous les autres. Ainsi prit-il, à brûle-pourpoint, la résolution qui paraissait s’imposer. Puisque, une fois de plus, la grande sénéchale apparaissait, après coup, comme l’organisatrice du malheur, c’est elle qui allait payer.
    L’ancien écuyer, sitôt le notaire parti, ressortit une dague de chasse, bien fine et bien solide, que lui avait offerte autrefois le duc d’Alençon. Il l’affûta, l’éprouva... Puis il entreprit de découvrir où se terrait, pour l’automne, l’indestructible Diane.
    Simon, pour trouver sa victime, dut se rendre jusqu’à Limours, cette ancienne résidence de la duchesse d’Étampes où son frère – il l’ignorait – avait passé, jadis, des heures bien douces. Diane de Poitiers le reçut sans se faire prier, assise dans un lit somptueux, de brocard d’argent – un peu blafarde, un peu éteinte mais belle encore et bien préservée. Son regard mauve, surtout, n’avait rien perdu de son fameux éclat.
    Elle parut se souvenir assez bien de lui, au point de le taquiner dès qu’il fut introduit dans la chambre.
    — M’apporteriez-vous ma rentrée en grâce ?
    Vingt ans plus tôt, en effet, c’est par lui qu’elle avait appris que François I er la chassait de la Cour... Elle avait, depuis lors, parcouru tant de chemin !
    — Je suis venu vous poser trois questions, dit-il sans perdre une minute en politesses.
    — Nous n’avons plus, ni vous ni moi, l’âge de jouer aux questions et aux réponses. D’ailleurs le passé ne m’intéresse plus ; mon salut seul m’occupe désormais.
    « Elle ment, pensa Simon. Elle ne vit que de souvenirs. »
    Le décor de la pièce semblait le prouver : portraits des feus rois, cadeaux de souverains étrangers, animaux de compagnie empaillés, gravures de fêtes oubliées – et même une robe d’apparat montée sur un mannequin, comme en une parade funèbre.
    — Comment va votre frère ? osa-t-elle demander.
    Maladresse ou provocation, cette entrée en matière affermit Simon dans sa résolution : de sa main droite, il effleura la forme dure de la dague, glissée dans sa manche opposée. Il allait lui ficher cela dans le coeur.
    — Mon frère est mort sur le bûcher, arrêté sur vos instances, à l’issue d’un plan de votre invention.
    — Nous y voilà, soupira-t-elle. Encore un qui m’en veut à mort !
    Elle ricana doucement.
    — Mon pauvre ami, apprenez donc que je n’ai jamais fait arrêter personne. Si votre frère était un hérétique, ceux qui chassent les hérétiques l’auront condamné, voilà tout ; je le regrette, mais qu’y pouvons-nous ?
    « Ment-elle ou se ment-elle à elle-même ? »
    — Vous l’aviez joué aux dés avec le maréchal de Saint-André !
    — Je n’ai jamais rien joué aux dés, et surtout pas avec Saint-André ; il n’était pas de taille ! Enfin, monsieur... Qui a bien pu vous mettre de telles sottises dans la tête ?
    Simon laissa la dague glisser un peu de sa manche. Trois pas, un coup, c’était fait.
    — Madame... Est-il vrai que vous ayez gagé le jeune Caboche ?
    — Caboche... Cet insensé qui a voulu tuer le roi ?
    Elle disait « le roi » pour évoquer le défunt Henri II, comme si depuis, ni François II ni Charles IX n’avaient existé.
    — Vincent Caboche a été mon neveu par alliance...
    — Je ne vous félicite pas, se permit-elle.
    « L’ignoble harpie... »
    Simon tremblait de rage. Tout se heurtait dans son esprit : la mort du dauphin François, le duel d’honneur avec Jarnac, cette entrevue de Lyon où elle avait essayé de l’utiliser contre son propre frère {74}  !
    — J’ai pu, dans le passé, dit-il, me prêter à vos stratagèmes. Aujourd’hui, je sais qui vous...
    — Vous me faites penser que j’ai quelque chose à vous remettre, le coupa-t-elle. À condition de mettre la main dessus.
    Elle fit l’effort de se lever, s’appuyant sur une corne d’ivoire. Simon vit alors qu’elle boitait. Trop coquette – ou trop fière – pour passer là-dessus, elle s’excusa de cette infirmité sur un accident survenu au
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