Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
diriger vers le grand donjon blanc. Des soldats assis par terre nettoyaient leurs hauberts en les frottant avec de vieux chiffons et du sable sec.
    L’escorte de Colum et des deux femmes prit son congé au pied de l’escalier du donjon. Le capitaine réitéra ses remerciements à Kathryn, et avant que Colum ait pu demander de quoi il s’agissait, un chambellan apparut, vêtu de bleu, de pourpre et d’or. Il les conduisit avec cérémonie à l’intérieur du donjon. Ils gravirent encore une volée de marches, jusqu’à la chapelle Saint-Jean. À la porte deux chevaliers bannerets, le visage dissimulé sous leurs lourds heaumes coniques pourvus d’un large nasal, montaient la garde, épée au clair. Colum ôta son ceinturon et le tendit à l’un d’eux, puis, avec Kathryn, il pénétra dans la chapelle.
    Aussitôt Kathryn retint son souffle, éblouie par la splendeur du lieu. Les piliers étaient peints de couleurs vives, le sol était de pierre polie, et aux murs immaculés pendaient des étoffes tissées d’or. Mais ce fut la petite assemblée de personnages assis en haut de la nef, devant l’autel, qui retint son attention.
    Tandis que le chambellan continuait à avancer, Colum baissa la tête et glissa à sa compagne :
    — Sa Majesté le roi, et son épouse, Dame Elisabeth. Derrière eux sont assis les frères du roi : celui aux cheveux roux est Richard de Gloucester, et l’autre, George de Clarence. Le roi est digne de confiance, mais attention aux autres !
    Kathryn examina le fond de la chapelle. Une odeur d’encens parfumait l’air et les bougies sur l’autel fumaient encore tandis qu’un moine tonsuré, en aube et étole, rangeait le saint calice et les vases sacrés, après une messe tardive. Kathryn dévisagea les personnages qui s’étaient regroupés pour discuter : le roi Édouard, majestueux dans son vêtement de satin bleu foncé, ses cheveux d’or ceints d’une couronne d’argent. Géant par la taille – il mesurait plus d’un mètre quatre-vingts –, il était aussi le plus courageux des guerriers, et, à en croire les scandales, un dangereux séducteur. Son épouse, Élisabeth Woodville, évoquait une reine des neiges avec ses magnifiques cheveux blanc argent, et elle avait un visage ravissant, n’eût été son air méprisant. Quant aux deux princes, ils étaient bons guerriers, mais, comme l’avait dit Colum, il fallait s’en méfier. Richard de Gloucester, avec ses cheveux roux, son visage blafard et pincé et ses yeux verts, évoquait pour Kathryn un chat qu’avait eu son père autrefois. Il se tourna pour chuchoter quelque chose à l’adresse de Clarence, qui leva les yeux. Ce dernier était beau. Trop beau, trouva Kathryn, presque féminin, avec ses boucles d’or et sa bouche boudeuse.
    Le chambellan attendit que le roi le voie, et, mettant un genou en terre, murmura des mots très bas, indiquant de la tête Colum et Kathryn. Édouard redressa les épaules, rajusta sa couronne et adressa un clin d’oeil malicieux à Kathryn en même temps que, d’un geste, il les invitait à approcher.
    Ils obéirent, et tous deux mirent un genou en terre. Le roi les laissa dans cette  position. Il regarda par-dessus son épaule pour s’assurer que le chambellan et le chapelain s’éclipsaient, puis il ordonna à Gloucester de vérifier que les portes étaient bien fermées. Kathryn retenait son souffle. Ah, si seulement Thomasina avait été autorisée à entrer ! Mais Colum avait bien insisté : seuls ceux nommément invités par le roi pouvaient se tenir en sa présence, or Thomasina n’avait pas été mentionnée.
    — Redressez-vous, Colum.
    Le roi avait une voix profonde et mélodieuse. Il abandonna sa cape doublée d’hermine et avança, son imposante main tendue.
    — Soyez la bienvenue, Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn fixa le beau visage bruni. Édouard avait vraiment l’air d’un roi, avec son nez légèrement busqué, sa moustache et sa barbe blondes taillées avec soin ; le regard de ses yeux bleu foncé était à la fois amical et taquin. Kathryn se souvint alors de ce que lui avait dit Colum : Edouard savait mettre à son aise le plus modeste des sujets du royaume.
    — Soyez la bienvenue, Maîtresse Swinbrooke, répéta-t-il.
    Kathryn, toute rougissante, balbutia des remerciements.
    Le roi lui prit la main.
    — Vous avez dit vrai, Colum.
    Abandonnant la main de Kathryn, il se tourna pour frapper Colum sur l’épaule.
    — Une femme belle et
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher