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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
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railleur.
    Kathryn Swinbrooke, médecin et apothicaire, le regarda sévèrement.
    — La blessure est infectée, dit-elle d’un ton acerbe. Celui qui l’a nettoyée était un charlatan ignare.
    — Eh bien, c’était moi, Maîtresse Swinbrooke !
    Kathryn esquissa l’ombre d’un sourire.
    — Tournez-vous, ordonna-t-elle.
    Puis elle lança à sa servante, une femme rondelette au visage épanoui :
    — Passe-moi le couteau, Thomasina.
    Celle-ci tenait la lame d’un long couteau sur la flamme d’une bougie. Sans qu’elle en sût la raison, Kathryn l’avait toujours exigé, comme avant elle son père, le pauvre docteur Swinbrooke qui reposait désormais sous les dalles glacées de l’église Sainte-Mildred, à Cantorbéry.
    Thomasina se laissa aller à rêvasser. Si seulement, avec sa maîtresse, elles étaient de retour dans leur maison d’Ottemelle Lane, où elle pouvait houspiller Agnes, la fille de cuisine, et écouter babiller le jeune Wuf ! Thomasina se mordit les lèvres. Mais non ! À cause de ce maudit Colum Murtagh, elle-même, sa maîtresse et cet aventurier d’Irlandais se trouvaient à Londres, prêts à remonter le fleuve pour une audience avec le roi en personne. Murtagh n’avait pas fini de se préparer, et Kathryn examinait le poignet de ce capitaine de la garde, un homme aux traits durs qui était venu les escorter pour leur voyage sur la Tamise jusqu’à la Tour.
    — Tu dors, Thomasina ?
    La femme sursauta, levant les yeux, et, avec un sourire en guise d’excuse, tendit à sa maîtresse le couteau bien affûté à manche d’ivoire.
    — Vous ne devriez pas le soigner quand vous portez votre plus belle robe en taffetas, Maîtresse, grommela-t-elle.
    Elle examina d’un oeil désapprobateur l’étoffe couleur fauve comme pour y chercher quelque tache ou salissure.
    — Ce n’est qu’une coupure, Thomasina. Je vais la nettoyer, puis nous partirons.
    Kathryn sourit au soldat.
    — Je vais peut-être vous faire mal.
    Le soldat aux cheveux tondus hocha la tête. Son visage dur et mal rasé était crispé. La gentillesse de cette dame qui sentait si bon l’embarrassait un peu. Pendant qu’elle entreprenait d’ouvrir doucement la blessure, il l’observait. Elle n’avait pas des formes opulentes, non, quelques fils gris apparaissaient dans ses cheveux noirs de jais, et son visage était un  peu austère. L’homme n’en admirait pas moins dans son for intérieur le teint velouté, les sourcils finement arqués et le petit nez droit qui maintenant humait le pus qui commençait à sourdre de la plaie enflammée.
    Kathryn leva les yeux.
    — Comment vous êtes-vous fait cela ?
    À mieux y réfléchir, pensait maintenant le soldat, cette femme était belle. Elle avait des lèvres pleines et des yeux d’un gris paisible comme la mer, avec un regard franc et honnête.
    — Je vous ai posé une question, insista-t-elle.
    L’homme détourna les yeux et marmonna :
    — Je me suis coupé avec un morceau de cotte de mailles rouillé.
    — Si cela vous arrive encore, lui dit Kathryn, nettoyez la plaie comme je vais le faire.
    Elle avait parlé d’un ton sévère, mais l’éclair amusé dans ses yeux n’avait pas échappé au soldat.
    Avant qu’il pût protester, Kathryn rapprocha les lèvres de la plaie, les pressant pour en exprimer le sang et le pus. Elle inonda ensuite la blessure avec le contenu d’un pichet d’eau chaude, et le soldat grimaça. Après quoi, avec des gestes très doux, elle enduisit la chair meurtrie d’un onguent. Puis elle prit dans un petit panier que tenait la redoutable Thomasina un rouleau de bandage semblable à de la gaze dont elle entoura étroitement le poignet de l’homme.
    — Voilà, dit-elle en piquant dans le pansement une petite épingle. Ainsi il tiendra en place.
    Le soldat recula en traînant des pieds, et Kathryn sourit : un peu de douceur vous changeait un homme. À son entrée dans l’auberge, le capitaine avait un air impitoyable avec son heaume conique sous son bras, sa veste en cuir bouilli, ses grosses bottes et ses bas de laine, et son ceinturon en bandoulière, duquel pendait son épée dégainée, outre les deux dagues qu’il arborait, accrochées par une courroie à sa taille. Il avait annoncé :
    — Je viens escorter jusque devant le roi à la Tour Maître Murtagh, maréchal de la maison du roi et commissaire spécial du roi à Cantorbéry, ainsi que Maîtresse Swinbrooke, médecin de la même cité.
    Colum,
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