Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
selle.
    — Monseigneur !
    Moresby prit anxieusement la main du comte, tout en ordonnant d’un geste à Brandon de tenir les chevaux impatients.
    — Vous devez fuir, Monseigneur !
    Warwick arracha l’OEil de Dieu de son cou et le mit de force dans la main de Brandon.
    — Prenez-le, dit-il en haletant, et allez auprès des moines de Cantorbéry. C’est mon dernier présent. Demandez-leur de prier pour mon âme.
    Moresby et Brandon allaient protester, mais Warwick les repoussa. Ils enfourchèrent leurs montures à la hâte, au moment où un groupe d’ennemis arrivait sur Warwick. Le comte se tourna pour se défendre, mais on le poussa au sol, et sa visière remonta. Un soldat à pied s’assit sur sa poitrine et plongea un couteau dans sa gorge. Le comte eut un soubresaut, puis un second : sa vie et ses espoirs s’éteignaient, soufflés comme la flamme d’une bougie.
    Brandon et les autres cavaliers s’éloignaient dans les ténèbres quand Colum Murtagh, le messager du roi, rejoignit les cupides soldats qui dépouillaient le corps de Warwick de sa splendide armure.
    — Il est mort ! rugit l’un d’eux. L’ennemi est mort ! Le grand Warwick n’est plus !
    Il regarda Colum.
    — Vous arrivez trop tard pour le butin. C’est la loi de la guerre : on l’a eu, on l’a tué, son armure est à nous !
    — Je venais le sauver, marmonna Colum en abaissant un regard plein de pitié sur le corps pâle et sans vie de Warwick, nu maintenant à l’exception d’une culotte.
    — Et ça, ça sert à quoi ? criait à tue-tête un autre soldat qui gambadait avec le somptueux heaume doré de Warwick au bout de sa lance.
    Colum secoua la tête.
    — À rien, dit-il, mais Sa Majesté le roi demande le pendentif avec son précieux saphir.
    — Quel pendentif ? s’écrièrent les soldats. Nous le jurons devant Dieu, Maître, il n’y a ni croix, ni joyau !
    Colum les obligea à vider leurs bourses et leurs besaces. Finalement convaincu de leur sincérité sinon de leur honnêteté, il regagna son cheval pour retourner auprès du roi lui annoncer que le comte de Warwick était mort, et que l’OEil de Dieu avait disparu.
    La lune baignait la croisée des chemins, et dans sa sinistre clarté les chaînes du gibet luisaient comme de l’argent. Le cadavre pendait, inerte, à la corde pourrissante : on eût dit qu’il guettait quelque bruit montant de la lande désolée que traversait la route de Cantorbéry. Dans l’ombre, la femme demeurait tapie à grand mal. Elle s’humectait anxieusement les lèvres et sondait les ténèbres. Le message était très clair. Elle devait se trouver là avant minuit, et pourtant comme elle aurait aimé s’enfuir ! Elle repoussa ses cheveux rouges. La sueur coulait le long de ses joues.
    — J’aurais pu refuser, bien sûr, murmura-t-elle.
    Elle se mordit les lèvres. « Et alors ? Si je n’étais pas venue, eux seraient venus me chercher… » Un bruit étouffé de pas qui glissaient dans l’herbe s’éleva derrière elle, une ramille craqua. La femme se retourna vivement en portant la main à la dague coincée dans sa ceinture. Il n’y avait personne : seul un renard tacheté d’argent courait à travers la clairière qu’une haie de buisson séparait de la croisée des chemins. L’animal s’arrêta soudainement, oreilles dressés, une patte levée, et la regarda. Ses yeux scintillaient d’une terne lueur rougeâtre, et la femme gémit de terreur. Était-ce un animal ou quelque malveillant fantôme de la nuit ? Ou encore un démon ayant pris l’apparence d’une bête ? Le renard jeta un autre regard sur la femme, plissa le nez et reprit sa course. Fermant les yeux, la femme laissa échapper un profond soupir, puis se tourna vers le gibet. Elle réprima un cri d’effroi étranglé en découvrant la silhouette encapuchonnée qui se tenait maintenant auprès de l’échafaud. La femme se serait bien accroupie pour se cacher mais l’ombre savait qu’elle était là. Une main gantée se leva pour lui faire signe d’approcher. La femme se figea, la bouche sèche, son coeur battant sourdement comme un tambour.
    — Viens ici, Megan, approche !
    La femme se dressa. Ah ! si ses jambes cessaient de trembler ! Son sarrau était trempé de sueur froide, et l’air froid de la nuit la glaça plus encore.
    — Tu ne veux pas venir ? reprit la voix, douce et grave. Tu n’as pas de raison d’avoir peur.
    Megan se dégagea des buissons et avança
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher