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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
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l’obscurité menaçante, les deux armées s’affrontèrent en une mêlée furieuse d’épées, de lances, de haches virevoltant en tous sens. Les hurlements d’horreur, les gémissements, les cris des mourants, les jurons, les suppliques montaient, assourdissants, tandis que les hommes se battaient dans le brouillard opaque, enfonçant jusqu’aux chevilles dans la terre détrempée de sang. Warwick essuya la sueur à son front, fouillait l’obscurité à la recherche de la bannière de son frère. À côté d’elle, le grand étendard bleu et or des York déployait un soleil en majesté. Des cris et hurlements s’élevèrent sur sa gauche, et Warwick pivota pour observer, horrifié, l’étendard blanc portant le sanglier rouge rampant surgir au-dessus de la crête, et les hommes d’Exeter reculer dans sa direction. Richard de Gloucester, frère d’Édouard d’York, essayait de les prendre à revers. Warwick lança des ordres brefs : que le gros de la troupe de réserve se porte au secours d’Exeter. Le sanglier rouge rampant disparut. Avec un soupir de soulagement, Warwick saisit l’OEil de Dieu et pria son saint patron, l’archange Michel, de lui venir en aide. Un hurlement s’éleva de la mêlée devant lui, et il distingua d’autres bannières yorkistes autour de son frère. Le roi Edouard lui-même conduisait sa troupe, se frayant un passage pour affronter Montagu. Warwick avança avec son petit détachement. En quelques minutes, il se fondait dans cette muraille de fer, tranchant, tailladant tout ce qui apparaissait devant la fente de son heaume dont la visière était rabattue. Les York reculaient. Warwick se retira, trempé de sueur. Son armure d’argent ciselé d’or, un présent du roi Louis XI en personne, s’était rougie sous les éclaboussures de sang et les esquilles d’os. Entouré de ses pages et de ses écuyers, Warwick enleva son heaume et se redressa, cherchant son souffle. Il se tourna vers l’écuyer à son côté et le saisit par l’épaule.
    — Brandon, s’écria-t-il, Brandon, la victoire est à nous !
    Soudain, à sa droite, Warwick perçut du mouvement dans le brouillard, et des cris retentirent : les archers partaient en débandade, visant des cavaliers qui surgissaient devant eux. On entendait crier : « Trahison ! Trahison ! »
    — Au nom du Ciel, rugit Warwick, les hommes de Montagu attaquent Oxford !
    Warwick traversa en courant le champ de bataille mais le mal était fait. Oxford, après avoir éloigné une troupe ennemie, était revenu sans crier gare. Les hommes de Montagu, prenant ses soldats pour des yorkistes, les avaient arrosés d’une volée de flèches. Les hommes d’Oxford, pensant à une félonie, criaient « Trahison ! » et fuyaient en désordre. Le cri était repris maintenant par les soldats de Montagu. La panique s’emparait des troupes, qui commençaient à se disperser, chacun cherchant à s’enfuir. Des messagers accoururent, hors d’haleine, l’oeil brûlant : Montagu était à terre et John Neville mort ! Warwick poussa un gémissement, mais il n’avait pas le temps de prêter davantage l’oreille. Les fugitifs, d’abord isolés, devenaient légion. Les hommes, sans cesser de courir, jetaient leurs armes, arrachaient leur cuirasse.
    — Aidez-moi ! cria le comte.
    Sous sa bannière, entouré de quelques écuyers, il pointait son épée sur le front de bataille, pressant les derniers de sa maison à aller de l’avant. En vain. Les lignes de front, qui se disloquaient, cédèrent et ce fut le désordre. Même les chevaliers de la maison du comte hurlaient qu’on avait perdu. Warwick, la main sur l’OEil de Dieu, balaya du regard le champ de bataille, ouvrit la bouche pour crier mais aucun son n’en sortit. Une flèche siffla près de son visage : des soldats à pied aux couleurs des York venaient de surgir. Brandon, Moresby et les autres s’élancèrent. Warwick les imita, le souffle court, suffoquant. Son armure l’alourdissait, la perspective de la défaite et de la mort grouillait autour de lui comme des serpents.
    — Tout est perdu ! murmura-t-il.
    Les chevaux apparurent. Ô Dieu merci ! Brandon lui amenait sa monture, mais Warwick trébucha en glissant dans la boue. Il se releva et avança d’un pas lourd. Derrière lui, les yorkistes à pied bondissaient et hurlaient comme des chiens. Le comte rejoignit son cheval, le saisit par la bride, mais il n’avait plus la force de se mettre en
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