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L'oeil de Dieu

L'oeil de Dieu

Titel: L'oeil de Dieu
Autoren: C.L. Grace
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votre ville. Après tout, comme l’a dit Maître Murtagh, ils sont nombreux, ceux qui ont soutenu les Lancastre et qui dorment maintenant entre des draps de soie.
    Colum donna un discret coup de coude à Kathryn. Le roi, qui la fixait, frappa soudain dans ses mains, et, se rejetant en arrière, se mit à rire en cherchant le regard de son frère Richard.
    — J’ai gagné mon pari ! s’exclama-t-il.
    Il sourit à Kathryn et expliqua :
    — Lorsque nous vous avons vue au fond de l’église, j’ai parié avec mon frère que nulle femme, même sage, ne savait complètement tenir sa langue.
    — Je suis toujours prête à dire la vérité, répliqua sèchement Kathryn, furieuse d’avoir été l’objet d’un pari.
    Le sourire d’Édouard s’accentua, et la reine elle-même parut se détendre. Richard se mordit les lèvres, un doigt pointé sur Colum. Seul Clarence regardait l’Irlandais avec aigreur. Enfin Édouard frappa de nouveau dans ses mains.
    — Suffit ! Dites-moi, Maître Murtagh, comment allez-vous ?
    — Bien, Sire.
    Le roi ôta la couronne de sa tête et, se tournant sur son siège, croisa ses longues jambes en même temps qu’il jouait avec le diamant à son doigt.
    — Dans ce cas, revenons à l’affaire qui me préoccupe. Vous souvenez-vous de la bataille de Barnet, Maître Murtagh ?
    — Oui, Sire. Ce fut un combat sanglant.
    Le roi agita la main.
    — Je ne parle pas de cela. Vous rappelez-vous quand je vous ai demandé d’aller proposer à Warwick de se rendre avant que la bataille ne commence ? Vous m’avez dit que le comte portait un pendentif avec un saphir magnifique serti d’or.
    — Oui, Sire, j’ai vu le bijou comme je vous vois.
    — Et après la bataille, lorsque vous êtes retourné voir si Warwick avait eu la vie sauve ?
    — Le pendentif avait disparu.
    — En êtes-vous sûr ? susurra Clarence, tel un chat, une main sur le dossier du siège du roi.
    L’accusation déguisée n’avait pas échappé à Colum, qui retroussa les lèvres avec mépris.
    — Ôte ta main de mon trône, mon frère, dit Edouard d’une voix sourde. Si le cadavre de Warwick avait porté le pendentif, Colum l’aurait.
    Clarence recula sous la rebuffade. Kathryn se demandait pourquoi ce pendentif avait tant de valeur. Manifestement, Clarence s’y intéressait. La reine s’était penchée en avant, les mains serrées sur ses genoux, et écoutait avec attention. Quant à Gloucester, debout, les jambes écartées, une épaule légèrement plus haute que l’autre, il était tendu, les yeux réduits à deux fentes.
    — Je veux ce pendentif, reprit Édouard, et c’est vous, Maître Murtagh, qui devrez le trouver. Vous me le devez, à moi et à mon père.
    Il fixait Colum comme pour lui rappeler tacitement comment son père, Richard d’York, alors qu’il était lord lieutenant d’Irlande, l’avait autrefois capturé avec d’autres rebelles. Il avait fait preuve de mansuétude envers Colum à cause de son jeune âge, et l’avait pris au sein de sa maison pour lui apprendre le métier d’écuyer, et développer son talent pour dresser les chevaux.
    — Que l’âme de votre père repose en paix, dit Colum.
    — Oui, qu’il repose dans la paix de Dieu, répliqua Édouard en regardant vers le bas de la nef comme pour y appeler le fantôme de son père. Vous savez comment il est mort, Colum, pris au piège des sauvages friches enneigées de Wakefield. Les Lancastre le saisirent avec mon frère aîné Edmond, qui devrait occuper ce trône à ma place, aujourd’hui. Après les avoir décapités, ils affublèrent leurs têtes de couronnes en papier, et les exposèrent piquées à des pieux au-dessus de Micklegate Bar, à York, notre ville, pour que le peuple s’en moque et que les corbeaux s’en repaissent !
    Édouard porta un poing crispé à sa bouche et se mordit les phalanges, puis il cligna des yeux comme pour conjurer les fantômes.
    — Oui, ils sont morts, murmura-t-il, et ceux qui les ont tués ont rejoint les ténèbres, aussi violemment qu’ils avaient occis mon père. Vous en souvenez-vous, Colum ?
    — Comment l’aurais-je oublié, Sire ? Moi aussi, j’ai été capturé à la bataille de Wakefield et n’ai conservé la vie que parce que j’étais un homme du peuple.
    — Je sais, je sais.
    Édouard se redressa sur son siège et reprit :
    — Mon père acheta autrefois en Irlande un pendentif en or avec en son centre un saphir d’un éclat tel qu’il
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