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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine
Autoren: Jean-François Parot
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motifs et les vérités.
    – Que vos cerises sont belles !
    À nouveau le visage s’éclaira.
    – Elles viennent de l’arbre du jardin. Je les ai cueillies moi-même.
    – Vous-même ! N’avez-vous pas le vertige sur une échelle ?
    Nicolas était surpris. Dieu savait s’il avait recherché une échelle à l’hôtel de Ravillois sans la trouver.
    – Point, point ! s’exclama Charles. Moi, je sais grimper aux arbres.
    – Mes compliments.
    Ainsi Charles, pourtant fragile et empêché par une hanche déviée, pouvait-il se livrer à de telles escalades. Cela donnait à penser. Il décida d’aborder la question de la manière la plus directe.
    – Je comprends mieux maintenant la farce que vous avez faite à M. de Chamberlin en bloquant le cordon de sa sonnette d’alcôve. C’était plaisant !
    – Oui ! Oui ! dit Charles, battant des mains.
    – Ce ne fut pas trop difficile ?
    Il revoyait les colonnes torses du grand lit de M. de Chamberlin.
    – Plus facile que le cerisier. Ah oui ! Il y avait de quoi s’accrocher.
    – Et c’est vous qui en avez eu l’idée ?
    Il rougit pour la première fois et s’emplit la bouche de cerises dont il crachait les noyaux autour de lui.
    – C’est que le lit était vieux. Ma mère et Richard voulaient qu’il en change.
    – Richard ?
    – M. Melot, le commis de M. de Ravillois.
    – Vous aimez M. Melot ?
    Nicolas s’en voulait de cette inquisition. Charles soupira et se mit à pleurer en silence.
    – Il est gentil avec moi. Ce n’est pas comme M. de Ravillois et Armand.
    Que savait-il ? Les propos de M. Patay lui revenaient. Dans cette famille tout n’était qu’apparences et seules les haines cimentaient la famille Bougard de Ravillois. Certes, le change était donné et les usages respectés. Ne pouvait-on désormais imaginer que tous les membres de cette famille connaissaient
la vérité, sauf M. de Chamberlin et peut-être Charles ? Encore que… M. de Ravillois, sa mère et son fils aîné haïssaient et dépréciaient l’enfant qu’ils tenaient pour un bâtard. Mme de Ravillois, quant à elle, vouait à M. de Chamberlin une détestation pour avoir laissé son père rouler à la faillite et s’engager dans une entreprise où sa femme et lui avaient perdu la vie. Se pouvait-il… ?
    – Et ce papier que votre grand-oncle vous avait remis ?
    Charles, buté, demeurait silencieux.
    – Je dois le retrouver. À tout prix, et même si vous refusez de m’aider. Où l’avez-vous caché ?
    Il crut un moment qu’il allait céder et parler. Non, il se leva, jeta un regard sans expression sur Nicolas et, claudiquant, sortit de la pièce. Nicolas pressentit qu’il n’avait que peu de temps pour trouver ce qu’il cherchait. Il regarda autour de lui. Il considéra les jeux, les livres, les pantins. Les livres ? C’était par trop évident. Il tenta de calmer son excitation, essayant de se mettre à la place de l’enfant. Une bonne cachette imposait d’être si visible, si évidente, qu’on ne pensait à s’y intéresser. Il regarda avec attention une pile de jeux, échiquier, trictrac et parcours de l’Oie, ainsi qu’un carton découpé de l’Europe. Une phrase de M. Patay lui trottait dans la tête. Quelle était-elle ? Elle resurgit soudain. Lui-même avait dit qu’une enquête était du carton découpé et le vieux monsieur avait répondu un jeu d’enfant en quelque sorte.
    Oui, une enquête, c’était des parties éparses avec lesquelles on reconstituait un tout. Il considéra la boîte de cartons découpés. Sa couverture figurait le modèle de la carte de l’Europe. Rien pourtant dans sa mémoire n’évoquait des morceaux épars lors de
sa visite dans la chambre de Charles après la fouille mystérieuse qu’elle avait subie ; il revoyait bien encore la carte sur le sol, mais pas le couvercle de la boîte. Il ouvrit celle-ci avec précaution. La carte apparut non pas en fragments séparés, mais reconstituée et si bien qu’elle semblait unie, vernie. Il secoua la boîte sans qu’aucun morceau ne se détache. À la fin il s’aperçut que les parties étaient collées ou plutôt reposaient sur une feuille de papier. Il retourna l’ensemble, son cœur battit, il reconnut aussitôt la petite signature de Sartine. Avec fièvre, il s’empressa de lire le document. Il s’agissait bien de l’accord entre les traitants, garanti et paraphé de la main du ministre de la Marine. Qui serait allé
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