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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine
Autoren: Jean-François Parot
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n’entrait
dans ses actions. Aussi lui fut-il marqué une reconnaissance polie. Nicolas trouva cependant intrigant qu’aucune explication ne lui soit demandée quant aux événements sanglants qui avaient eu la demeure pour théâtre. Il prit sur lui d’en fournir, indiquant en toute clarté qu’un document d’État détenu par M. de Chamberlin était sans aucun doute la cause de ces affreux épisodes. M. de Ravillois soupira en secouant la tête, comme s’il entendait mettre la responsabilité de ces événements au compte de l’irascible vieillard, puis demanda à Nicolas l’objet de sa présente visite. Gazant le plus qu’il put son embarrassante requête, le commissaire demanda à parler à Charles, le benjamin de la famille. Il souhaitait lui remettre des billes d’agate recueillies durant l’enquête et s’enquérir auprès de l’enfant des conditions de leur dispersion qui pouvait avoir des conséquences sur les suites. Il enroba le tout de considérations qui eussent fait rire Bourdeau, lui qui tant et si bien le connaissait. Cependant, soit qu’il se désintéressât de son plus jeune fils ou que la chose ne lui parût pas d’importance, M. de Ravillois accorda la permission demandée. L’enfant était dans sa chambre.
    Nicolas frappa et entra sans attendre. Charles, assis sur un carreau, sursauta et fixa l’intrus de ses grands yeux noirs. Il se dressa et se dirigea vers la porte de sa démarche claudicante.
    – Ma mère se trouve…
    – Non, non, c’est vous que je souhaite entretenir.
    Il recula comme à regret pour reprendre sa place sur son carreau et se remit à piocher des cerises dans un petit panier d’osier. Nicolas s’interrogeait. Comment briser ce mur qu’il sentait installé entre lui et l’enfant ?
    – N’avez-vous rien perdu récemment ?
    Charles retira un noyau de sa bouche, qu’il disposa lentement sur une soucoupe posée près du panier. Il releva son regard.
    – Point, monsieur.
    – Vous savez le bouleversement qu’a connu votre demeure. Je vois que les dégâts sont déjà réparés et que l’ordre de votre chambre est restauré. Mais je suis persuadé que vous avez perdu quelque chose de précieux.
    Le silence se prolongeait.
    – Soit. Si vous ne voulez rien me dire, je vais remettre la chose à votre père. Peut-être de lui accepterez-vous quelque chose ?
    Nicolas sortait quand une petite voix l’appela.
    – C’est vrai, monsieur, j’ai perdu mes agates.
    – Que ne le disiez-vous ? Je sais combien un enfant peut être attaché à ses objets familiers.
    Il sortit quelque chose de sa poche.
    – Je n’ai plus le bocal, il s’était brisé. J’ai placé vos billes dans un petit sac de velours. Le voici.
    Charles hésita un instant, prit l’objet, le posa sur le sol sans le regarder, puis, n’y tenant plus, le reprit et l’ouvrit. Il y jeta un œil pour le refermer aussitôt.
    – Le compte y est ?
    – Mais oui, puisque vous me les rendez.
    – Nous les avons trouvées éparpillées sur le sol, c’est pourquoi je vous pose la question.
    Le visage de l’enfant s’éclaira dans une esquisse de sourire.
    – Comprenez, dit Nicolas poussant son avantage, que la présence parmi vos billes de pierres précieuses ne laisse de poser des questions. Ce ne sont point là jouets habituels d’un enfant.
    Le regard se durcit à nouveau.
    – Je ne suis pas un enfant. Je consens à vous dire qu’il s’agit de pierres qui appartenaient à mon grand-père et que mon grand-oncle m’avait demandé de conserver.
    – Craignait-il que quelqu’un s’en emparât ?
    Charles croqua une cerise et envoya de deux doigts serrés le noyau à travers la pièce.
    – Jadis je faisais cela aussi.
    Leurs sourires les rapprochèrent.
    – Que craignait M. de Chamberlin ?
    – Que M. de Ravillois les dilapide.
    La réponse et sa forme étaient étranges, d’un fils parlant de son père. Nicolas choisit de ne point relever la chose.
    – Vous aimiez beaucoup M. de Chamberlin.
    Charles frappa le tapis de sa main.
    – Non. Il était méchant.
    – Mais chacun rapporte qu’il vous adorait.
    – Il avait fait du mal à ma mère.
    – Soit. Autre chose, votre grand-oncle ne vous a-t-il pas confié un papier auquel il attachait une grande importance ?
    – Non, monsieur, lui fut-il répondu les yeux dans les yeux.
    Nicolas choisit de ne pas insister. Il marchait sur le fil du rasoir avec cet enfant dont il ne parvenait pas à percer les
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