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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine
Autoren: Jean-François Parot
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roi soucieux de tirer son ministre d’un mauvais pas qu’il soupçonne. Et cela d’autant plus que la reine, encouragée par ses entours, met chaque jour plus d’ardeur à demander, sinon exiger, le départ du ministre de la Marine. Il a, par ailleurs, marqué sa satisfaction de savoir apaisée l’émotion du peuple à la suite des effondrements du cimetière des Innocents. Je ne lui ai pas celé la part que vous y avez prise. Il a sauté d’un pied sur l’autre, l’air réjoui. Ah ! Ah ! De cela et de votre rapport à Necker…
    Ces propos valaient sans doute davantage que l’eau bénite de cour que d’autres eussent dispensée, pensa Nicolas.
    – Faites au mieux, comme toujours.
    Il repartit à pied, soucieux de renouer avec les réflexions agitées lors de sa promenade à l’église Saint-Jacques. Ses pas inconsciemment le menèrent à l’aventure dans la ville, mais dans la direction de la rue Montmartre. À un moment, bousculé par un de ces gamins qui hantent les voies parisiennes, il s’aperçut qu’il se trouvait rue Plâtrière, à quelques maisons de celle où logeait M. Patay, l’ami et l’exécuteur testamentaire de feu M. de Chamberlin. Une idée lui vint et il décida d’aller deviser avec le vieil homme dont la finesse l’avait frappé lors de leur première rencontre. Au premier, il cogna à l’huis et bientôt des pas traînants se firent entendre. M. Patay l’accueillit.
    – Ma foi, c’est M. Le Floch ! Entrez donc. Vous surprenez un vieillard qui soupe fort tôt. Ma gouvernante ayant la fâcheuse habitude de cuisiner mon repas pour quatre alors que je ne mange à peine que pour un, je vous convie à le partager. Je ne souhaite pas laisser refroidir un repas commencé. C’est mon lot quotidien de manger solitaire, ce que je ne goûte point. Et cela complaira à la commère et justifiera ses efforts !
    Nicolas ne pouvait qu’acquiescer et suivit le vieil homme dans la grande pièce où une petite table était dressée près d’une des deux croisées. L’hôte appela la gouvernante, vieille femme sèche toute de noir vêtue et portant une coiffe à l’ancienne. Rouge de confusion, elle esquissa une révérence avant d’ajouter un couvert et de remplir le verre en cristal de vin rouge rubis.
    – La chair est pauvre mais abondante et le breuvage point mauvais, me venant d’un clos que je possède en Bourgogne. Je n’ai que du bouilli à vous
proposer, trop cuit pour vous je le crains. Mais j’épargne mes pauvres dents ou ce qu’il en reste.
    La viande fut une bonne surprise. Du jarret de veau, à ce que reconnut Nicolas, qui fondait sur la langue avec son délicieux bouillon et des légumes à l’avenant.
    – Je vous écoute, dit Patay, l’œil ironique. Y aurait-il quelque chose que vous ayez oublié de me demander ?
    – C’est moins simple que cela. Il m’est revenu… Enfin, je ne m’explique pas une réticence que j’avais notée alors que nous évoquions la famille de votre défunt ami.
    – À quel sujet ?
    L’œil devint soudain sérieux et perspicace. Nicolas sortit son carnet noir et le feuilleta.
    – Voilà. Pardonnez-moi, les enquêtes imposent de tout relever. C’est du carton découpé avec lequel on reconstitue le tout.
    – Un jeu d’enfant, en quelque sorte.
    – Certes ! Mais malheureusement souvent périlleux. Ainsi vous avez dit à un moment, parlant de Charles, le petit-neveu préféré : Reste… Non, rien. Une impression. Que signifiait cette réticence ?
    Le cardinal interrompit la conversation en sautant sur les genoux de Nicolas pour y frotter amoureusement ses bajoues.
    – Pfut ! coquin, cria Patay en agitant sa serviette.
    Il réfléchit un moment.
    – La confiance de cette bête m’incite à vous répondre avec la sincérité la plus grande. Les chats sont les meilleurs juges de la qualité d’un homme. Ce que je voulais dire, que vous connaissant peu je n’avais pas exprimé clairement, c’est qu’ayant rencontré à plusieurs reprises cet enfant, certains de ses
regards m’avaient glacé. Ni plus, ni moins. J’ajouterai une chose secrète dont je ne me suis jamais ouvert à mon vieil ami de peur de le peiner. J’avais jadis déduit d’une conversation surprise que M. Bougard de Ravillois pouvait n’être pas le vrai père de Charles. Cela, vous en conviendrez, expliquerait bien des choses et l’animosité dont cet enfant est victime. Mais qui le sait ?
    – Et cette
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