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L'honneur de Sartine

L'honneur de Sartine

Titel: L'honneur de Sartine
Autoren: Jean-François Parot
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pensa plus qu’à l’amour.
    Le lendemain matin, toujours incertain de la conduite à tenir, il trouva au Châtelet une lettre de Mme de Ravillois. Elle le remerciait et l’informait qu’après son départ des Porcherons, elle-même, Richard Melot et leur fils Charles s’étaient enfuis à Bruxelles. Le destin avait choisi pour lui. Il ne saurait jamais ce qu’il eût décidé…

Épilogue
    « Il y a des temps où la disgrâce est une manière de feu qui purifie toutes les mauvaises qualités et qui illumine toutes les bonnes. »
    Cardinal de Retz

    Lundi 16 octobre 1780
    Le Noir venait de lui révéler l’événement. Depuis des jours, la rumeur courait la cour et la ville. L’avant-veille, le roi avait congédié M. de Sartine, secrétaire d’État à la Marine. Le lieutenant général de police, accablé, lui apprit que le ministre, prévenu par M. Amelot et foudroyé par la nouvelle, avait aussitôt vaqué à ses préparatifs et qu’à peine une heure après son carrosse roulait vers Paris. Nicolas, atterré, avait marché longtemps sur les boulevards avant de se décider à aller saluer Sartine en son hôtel situé derrière celui de la police, rue Neuve-des-Augustins.
    L’été avait été occupé par la mise en route de Louis. Maître Vachon s’était surpassé pour lui tailler des uniformes que, rue Montmartre, Marion
et Catherine ne cessaient d’admirer, exigeant chaque jour que le nouveau lieutenant les revête.
    Nicolas, son fils et le chef micmac avaient quitté Paris début septembre pour Saumur où le vicomte de Tréhiguier devait prendre son service. Avant de le quitter, le père avait dispensé ses derniers conseils au jeune homme. Être exact, respectueux avec ses chefs, amical avec ses camarades et bienveillant avec la troupe devaient être ses premiers commandements. Il veillerait aussi à ne jamais jouer, en se souvenant des exemples qu’il lui avait mis sous les yeux. De plus il n’oublierait pas les conseils du docteur Semacgus dans le commerce avec le beau sexe. Il se devait persuader que ses qualités et ses talents justifieraient, et non la seule naissance, la position que d’incroyables circonstances lui avaient permis d’atteindre. Enfin l’honneur ne servait qu’une fois et, perdu, il n’y avait plus de recours. Il lui fit aussi promettre d’aller régulièrement visiter sa tante Isabelle.
    La visite du commissaire et de Naganda fut un événement pour le couvent. Les bonnes religieuses de Fontevraud couvrirent le chef indien de présents et de confiseries pour les siens, tout en lui faisant décrire son pays qu’on appelait encore dans ces murs la Nouvelle-France . Nicolas entretint sa sœur de sa conversation avec Madame Louise et de ce qui s’en était suivi. Il fut écouté en silence sans que les lèvres de la religieuse se descellent ; pourtant, son frère était persuadé qu’elle connaissait ce secret. Il pressentit un engagement de conscience qu’elle ne pouvait rompre. Ils se promenèrent longuement dans les jardins et potagers du couvent, et de ces retrouvailles Nicolas éprouva une douce émotion.
    Le vieux valet de Sartine l’accueillit avec empressement, lui confiant de ne pas se tromper sur l’apparence de son maître. Quoiqu’il semblât à son
ordinaire, il était touché au cœur. Il trouva Sartine décoiffé qui frappait du pied la bibliothèque à perruques.
    – Carogne ! Ah ! Nicolas. Voilà que la mécanique se met elle aussi contre moi ! J’apprécie de vous voir. Asseyez-vous. Venez-vous prendre le pouls du malade ?
    La voix était embarrassée. Il semblait qu’il eût la gorge serrée.
    – Je viens, monseigneur, sacrifier à l’autel de la fidélité et de la reconnaissance et, si vous le permettez, de l’amitié…
    – Je le sais, hélas ! Je le sais.
    Il se mit à marcher à son habitude à travers le bureau.
    – Je sentais le coup venir. Je vous en avais parlé en juin. Il est certain que Necker a été le premier moteur de ce renvoi. Il va s’en flagorner ! Mais… Mais jamais il n’eût réussi par son seul crédit. Je vois, je sais, je sens que la reine et ses entours l’ont puissamment aidé ! Accouplement contre-nature des Polignac et de l’homme de Genève ! Que voulez-vous, ils en attendent des avantages… Ce sont les quatre millions de billets lancés par Sainte-James à mon insu qui m’ont perdu… Et peut-être a-t-on mangé le morceau sur ce traité que vous aviez si opportunément
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