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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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même. Nous
avions rapidement avancé sur la voie romaine, et nous traversâmes le gué de la
Swale alors que le soleil teintait de rouge les collines. Les clercs avaient préféré
demeurer dans le maigre confort de Cetreht et personne ne les avait dérangés
pendant notre expédition à Dunholm. Ils avaient vu des cavaliers danes dans les
collines du Sud, mais aucun ne s’était approché du fort.
    Le père Hrothweard et l’abbé Eadred ne
parurent pas impressionnés que nous ayons pris Dunholm. Tout ce qui les
intéressait, c’était la dépouille du saint et les autres précieuses reliques, qu’ils
déterrèrent le soir même dans le cimetière et portèrent en procession
solennelle dans l’église. C’est là que je retrouvai Aidan, l’intendant de
Bebbanburg, et sa vingtaine d’hommes.
    — Tu peux rentrer sans risque chez toi, lui
dis-je. Car Kjartan est mort.
    Je pense qu’il ne me crut pas aussitôt. Puis
il comprit ce que nous avions accompli, et il dut craindre que les hommes qui
avaient pris Dunholm ne marchent ensuite sur Bebbanburg. C’est ce que j’avais
voulu faire, mais j’avais juré de revenir à Alfred avant la Noël et cela ne me
laissait pas le temps d’affronter mon oncle.
    — Nous partirons au matin, répondit-il.
    — Tu partiras, et quand tu atteindras
Bebbanburg, tu diras à mon oncle qu’il n’est jamais loin dans mes pensées. Tu
lui diras que j’ai pris sa promise et qu’un jour je l’éventrerai. Et s’il meurt
avant que je n’aie pu tenir cette promesse, dis-lui que je jure d’éventrer ses
fils à sa place, et les fils de ses fils s’ils en ont. Dis-lui tout cela, et
aussi que l’on croyait Dunholm aussi imprenable que Bebbanburg, mais qu’elle
est tombée sous mon épée.
    — Ivarr te tuera, me défia-t-il.
    — Tu ferais bien de prier pour cela.
    Tous les chrétiens prièrent cette nuit-là. Ils
se rassemblèrent dans l’église et je crus qu’il demandaient à leur dieu de nous
donner la victoire sur les armées d’Ivarr ; en réalité, ils le
remerciaient d’avoir protégé les précieuses reliques. Ils déposèrent la
dépouille de saint Cuthbert devant l’autel où trônait la tête de saint Oswald, l’évangile
et le reliquaire des poils de la barbe de saint Augustin ; puis ils
chantèrent, prièrent et chantèrent, et je crus que cela ne finirait jamais
quand, au cœur de la nuit, ils se turent.
    Je longeai le mur du fort en contemplant la
voie romaine qui s’étendait au sud par les champs baignés du clair de lune. C’était
par là que surviendrait Ivarr et, craignant qu’il n’envoie une bande de cavaliers
d’élite durant la nuit, j’avais posté une centaine d’hommes dans les rues du
village. Mais personne n’attaqua et dans la nuit une brume s’éleva, voilant les
champs, quand Ragnar vint me relever.
    — Nous aurons gelé au matin, me dit-il.
    Il tapa du pied pour se réchauffer.
    — Ma sœur désire aller au Wessex afin d’être
baptisée.
    — Cela te surprend-il ?
    — Non, dit-il en contemplant la voie
romaine. C’est pour le mieux. Et elle aime bien ton Beocca. Qu’adviendra-t-il d’elle ?
    — Sans doute se fera-t-elle nonne, dis-je,
ne voyant pas quel autre destin pouvait l’attendre dans le Wessex d’Alfred.
    — Je l’ai abandonnée, dit-il. (Je ne
répondis rien, car c’était la vérité.) Dois-tu retourner au Wessex ?
    — Oui, je l’ai juré.
    — Les serments peuvent être rompus, dit-il
à mi-voix.
    C’était vrai, mais dans un monde où d’autres
dieux règnent et où le destin n’est connu que de trois fileuses, les serments
sont notre unique certitude. Si je rompais le mien, je ne pouvais attendre de
mes hommes qu’ils respectent leur parole. Cela, je l’avais appris.
    — Je ne reprendrai pas la parole donnée à
Alfred, mais je te ferai à toi un serment. Jamais je ne te combattrai, ce qui m’appartient
t’appartient ; et si tu as besoin d’aide, je ferai tout mon possible pour
te l’apporter.
    Il ne répondit rien et donna un coup de pied
dans l’herbe en contemplant le brouillard.
    — Je fais le même serment, dit-il, aussi
gêné que moi. Combien d’hommes amènera Ivarr ?
    — Huit cents ?
    — Et nous sommes moins de trois cents.
    — Il n’y aura point de combat, dis-je.
    — Non ?
    — Ivarr mourra et c’en sera fini. (Je
touchai la poignée de Souffle-de-Serpent pour qu’elle me porte chance et je
sentis sous mes doigts le petit crucifix
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