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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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repens point et ne deviens point chrétien.
    — Vous êtes un brave, mon père.
    — Sottises.
    — J’ai tenté de la toucher, mais j’avais
peur des chiens. Ils ont tué plus de trente hommes aujourd’hui et vous avez
simplement marché parmi eux.
    — Ce ne sont que chiens, dit-il avec
désinvolture. Si Dieu et saint Cuthbert ne peuvent m’en protéger, de quoi
seraient-ils capables ?
    Je m’arrêtai et posai mes mains sur ses
épaules.
    — Vous avez été fort brave, mon père, insistai-je.
Et je salue votre courage.
    Beocca fut considérablement charmé par le
compliment, mais il essaya de se montrer modeste.
    — Je n’ai fait que prier, et Dieu a fait
le reste. (Je le lâchai et nous reprîmes notre marche.) Je ne pensais pas que
les chiens me feraient du mal, car je les ai toujours aimés. J’en avais un
étant enfant.
    — Vous devriez en avoir un maintenant. Cela
vous ferait de la compagnie.
    — Je ne pouvais travailler étant enfant, continua-t-il
comme si je n’avais rien dit. Certes, je pouvais ramasser des pierres et
chasser les oiseaux des semailles, mais je ne pouvais travailler comme les
autres. Le chien était mon ami, mais il mourut. D’autres enfants le tuèrent. (Il
cligna des paupières.) Thyra est une jolie femme, ne trouves-tu point ? dit-il
pensivement.
    — Elle l’est.
    — Ces cicatrices sur ses membres… Je
pensais que c’était l’œuvre de Sven ou de Kjartan, mais c’est elle qui se les
est faites.
    — Vraiment ?
    — Elle m’a dit qu’elle s’entaillait avec
des couteaux. Mais pour quoi faire ?
    — Pour s’enlaidir ? avançai-je.
    — Mais elle n’est point laide, dit-il, perplexe.
Elle est belle.
    — Oui, elle l’est.
    J’eus de nouveau de la peine pour Beocca. Il
vieillissait, il avait toujours été infirme et laid, il avait toujours voulu se
marier et aucune femme n’était jamais venue à lui. Il aurait dû se faire moine
et n’avoir point le droit de se marier. Mais il était prêtre et il en avait l’esprit,
car il me regarda sévèrement.
    — Alfred m’a envoyé prêcher la paix et je
t’ai vu assassiner un saint homme, puis accomplir ceci, grommela-t-il en
grimaçant devant les cadavres.
    — Alfred nous a envoyés afin que Guthred
soit en sûreté, lui rappelai-je.
    — Et nous devons nous assurer que saint
Cuthbert est en lieu sûr, insista-t-il.
    — Nous le ferons.
    — Nous ne pouvons demeurer ici, Uhtred. Nous
devons rentrer à Cetreht. Nous devons vaincre Ivarr !
    — Nous le ferons, mon père.
    — Il possède la plus grande armée de
Northumbrie !
    — Mais il mourra seul, mon père. (Je ne
sus pourquoi je disais cela. Les paroles m’étaient venues et je crus qu’un dieu
avait parlé par ma bouche.) Il mourra seul, répétai-je. Je le promets.
    Mais nous avions d’autres tâches à accomplir
auparavant. Il fallait déterrer le trésor de Kjartan dans le château où
logeaient ses chiens. Nous mîmes au travail les esclaves qui creusèrent le sol
jonché de crottes et trouvèrent dessous des barils d’argent et d’or, crucifix, bracelets,
sacs d’ambre, jais et grenats, et même des rouleaux d’une précieuse soie
importée qui avait à demi pourri dans la terre humide. Les guerriers vaincus de
Kjartan dressèrent un bûcher pour leurs morts, mais Ragnar exigea que Kjartan
et ce qui restait de Sven n’aient pas droit à ces funérailles. Ils furent
dépouillés de leurs armures, et leurs corps furent jetés en pâture aux porcs
qui avaient été épargnés de l’abattage et vivaient au nord-ouest du village.
    La forteresse fut confiée à Rollo. Guthred, dans
l’enthousiasme de la victoire, avait annoncé que le fort deviendrait une
forteresse royale de Northumbrie. Je le pris à part et lui conseillai de la
donner à Ragnar.
    — Ragnar sera ton ami et tu peux lui
confier Dunholm. Il la tiendra.
    Je pouvais moi aussi me fier à Ragnar pour
lancer des expéditions sur les terres de Bebbanburg et maintenir mon traître d’oncle
dans la peur.
    Guthred donna donc Dunholm à Ragnar, qui la
confia à Rollo avec trente hommes pour garnir les remparts, tandis que nous
partions vers le Sud. Plus de cinquante des hommes vaincus de Kjartan lui
jurèrent fidélité, mais seulement après qu’il eut vérifié qu’aucun d’entre eux
n’avait participé à l’expédition durant laquelle ses parents avaient été tués. Quiconque
y avait aidé Kjartan fut exécuté. Les autres partirent avec nous,
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