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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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donnait un air sauvage qui
lui allait bien. Ses cheveux noirs étaient ramenés sous un bonnet de laine, et
avec son long visage elle avait l’air d’une étrangère. J’aurais pu la regarder
jusqu’à mon dernier souffle.
    — Combien de temps dois-tu être l’homme d’Alfred ?
    — Jusqu’à ce qu’il me libère de ma parole
ou que l’un ou l’autre de nous meure.
    — Mais tu le dis fort malade. Combien de
temps pourra-t-il vivre encore ?
    — Probablement fort peu.
    — Tu deviendras roi, alors ?
    — Je ne sais.
    J’aurais aimé. Le fils d’Alfred, Edward, était
un enfant pleurnichard, trop jeune pour régner ; et son neveu, Æthelwold, dont
Alfred avait usurpé le trône, était un imbécile et un ivrogne. C’était lui l’héritier
légitime du trône, et je me surpris à espérer qu’Alfred vive longtemps. Cela m’étonna.
J’avais dit à Gisela la vérité, que je n’aimais point Alfred, mais je
reconnaissais en lui le véritable chef de l’île de Bretagne. Nul autre n’avait
sa vision et sa détermination, et la mort de Kjartan était moins notre œuvre
que celle d’Alfred. Il nous avait envoyés dans le Nord, sachant que nous
ferions ce qu’il voulait alors qu’il ne nous l’avait point clairement demandé. Je
me rendis compte que ma vie comme homme lige d’Alfred ne serait peut-être pas
aussi morne que je le craignais. Mais s’il mourait bientôt, ce serait la fin du
Wessex. Les thanes se battraient pour la couronne et les Danes, flairant les
faiblesses, viendraient comme des corbeaux picorer les restes d’un cadavre.
    — Si tu es l’homme lige d’Alfred, demanda
Gisela, montrant qu’elle avait eu la même réflexion que moi, pourquoi t’a-t-il
laissé venir ici ?
    — Parce qu’il veut que ton frère règne
sur la Northumbrie.
    — Parce qu’il est une sorte de chrétien ?
    — C’est important pour Alfred.
    — Ou parce que Guthred est un faible ?
    — Il l’est ?
    — Tu le sais, dit-elle, méprisante. C’est
un homme bon, et le peuple l’aime, mais il ne sait point oublier ses scrupules.
Il aurait dû tuer Ivarr lorsqu’ils se rencontrèrent, et bannir Hrothweard
depuis longtemps, mais il n’a point osé. Il craint trop saint Cuthbert.
    — Et pourquoi Alfred voudrait-il d’un roi
faible sur le trône de Northumbrie ? demandai-je innocemment.
    — Afin qu’elle soit faible quand les
Saxons tenteront de reprendre leur terre.
    — Est-ce ce que disent tes runes ?
    — Elles disent que nous aurons deux fils
et une fille. Que l’un des fils te brisera le cœur, que l’autre sera ta fierté
et que ta fille sera mère de rois.
    Je me mis à rire devant cette prophétie, non
par mépris mais à cause de l’aplomb de sa voix.
    — Et cela signifie-t-il, demandai-je, que
tu viendras au Wessex même si je combats les Danes ?
    — Cela signifie que je ne te quitterai
point. Tel est mon serment.
    Ragnar avait dépêché des éclaireurs. À mesure
que la journée passait, certains revinrent, leurs chevaux épuisés. Ivarr, avaient-ils
ouï dire, avait pris Eoferwic. Il n’avait guère eu de peine. La garnison
réduite de Guthred avait cédé la ville plutôt que d’être massacrée dans les
rues. Ivarr avait pillé ce qu’il avait pu, placé une nouvelle garnison sur les
remparts, et il marchait déjà vers le Nord. Il n’avait pas encore appris la
chute de Dunholm et espérait d’évidence capturer Guthred qui, pensait-il, s’attardait
à Cetreht ou errait comme une âme en peine dans les plaines du Cumbraland. Certains
disaient qu’Ivarr menait deux mille lances, chiffre que Ragnar et moi refusâmes
de croire. Il était en revanche certain qu’il nous dépassait largement en
nombre, et probable qu’il remontait dans le Nord par la même voie romaine que
nous descendions vers le Sud.
    — Pouvons-nous combattre ? me
demanda Guthred.
    — Nous le pouvons, mais nous ne pourrons
vaincre son armée, dit Ragnar.
    — Pourquoi marchons-nous vers le Sud, alors ?
    — Pour sauver Cuthbert et tuer Ivarr.
    — Mais si nous ne pouvons le vaincre ?
demanda Guthred, perplexe.
    — Nous combattrons, dis-je le
désorientant plus encore. Et si nous ne pouvons le vaincre, nous nous
replierons sur Dunholm. C’est pour qu’elle serve de refuge que nous l’avons
prise.
    — Nous laissons les dieux décider de ce
qui adviendra, expliqua Ragnar.
    Nous voyant aussi confiants, Guthred n’insista
point.
    Nous parvînmes à Cetreht le soir
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