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Les Seigneurs du Nord

Les Seigneurs du Nord

Titel: Les Seigneurs du Nord
Autoren: Bernard Cornwell
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d’Hild.) Il mourra, répétai-je en
touchant la croix, et Guthred régnera, et il fera ce que tu lui diras.
    — Tu veux que je lui dise d’attaquer Ælfric ?
    — Non, dis-je après réflexion.
    — Vraiment ?
    — Bebbanburg est trop puissante et il n’y
a nulle autre porte comme en avait Dunholm. Par ailleurs, je veux tuer Ælfric
de mes propres mains.
    — Alfred te laissera-t-il faire ?
    — Il me laissera. (En vérité, je doutais
qu’il m’accorde un tel plaisir, mais j’étais certain d’être voué à retourner à
Bebbanburg et j’avais foi en ma destinée.) Tout est calme, là-bas.
    — Tout est calme. Ils ont cessé de prier
et dorment. Tu devrais en faire autant.
    Je remontai la rue, mais avant de rejoindre
Gisela j’ouvris sans bruit la porte de l’église. Là, je vis prêtres et moines
assoupis à la faible lueur des cierges qui brûlaient sur l’autel. L’un d’eux
ronflait, je refermai la porte aussi silencieusement que je l’avais ouverte.
    Je fus éveillé à l’aube par Sihtric qui
tambourinait à la porte.
    — Ils sont là, seigneur ! criait-il.
Ils sont là !
    — Qui donc ?
    — Les hommes d’Ivarr, seigneur.
    — Où ?
    — Des cavaliers, seigneur, de l’autre
côté de la rivière.
    Il n’y avait qu’une centaine d’hommes. Ils ne
tentèrent point de traverser et je me doutai qu’ils avaient seulement été
envoyés sur la rive nord de la Swale pour couper toute tentative de fuite. L’armée
d’Ivarr apparaîtrait au sud, mais ce n’était pas cela qui agitait tout le monde
par cette matinée brumeuse. Des hommes criaient dans le village.
    — Que se passe-t-il ? demandai-je à
Sihtric.
    — Les chrétiens sont furieux.
    Je me rendis à l’église et découvris que le
reliquaire d’or de la barbe de saint Augustin, précieux présent d’Alfred à
Guthred, avait été volé. Il était sur l’autel avec les autres reliques, mais
durant la nuit il avait disparu, et le père Hrothweard gémissait devant un trou
percé dans le mur de torchis derrière l’autel. Guthred écoutait l’abbé Eadred
déclarer que ce vol était un signe du mécontentement de Dieu.
    — De quoi est-il mécontent ? demanda
Guthred.
    — Des païens, bien sûr, cracha Eadred.
    Le père Hrothweard dodelinait de la tête en se
tordant les mains, beuglant à son dieu de déverser sa vengeance sur les
mécréants qui avaient profané l’église et volé le saint trésor.
    — Révèle les coupables, seigneur ! hurlait-il.
(Puis il me vit et décida que la révélation était venue, car il tendit le bras
vers moi.) C’était lui !
    — Était-ce toi ? demanda Guthred.
    — Non, seigneur.
    — C’était lui ! hurla Hrothweard.
    — Tu dois faire fouiller tous les païens,
dit Eadred à Guthred, car si la relique est introuvable, notre défaite sera
certaine. Ivarr nous écrasera en punition de ce péché, et ce sera le châtiment
que nous envoie Dieu.
    Cela me parut une étrange punition de
permettre à un Dane païen de vaincre un roi chrétien à cause d’une relique, mais
la prophétie semblait assez proche de se réaliser car en milieu de matinée, alors
qu’on fouillait encore vainement l’église dans l’espoir de retrouver le
reliquaire, l’un des hommes de Ragnar vint annoncer que l’armée d’Ivarr
approchait. Ses guerriers formaient déjà un mur de boucliers alors qu’ils n’étaient
qu’à un quart de lieue des hommes de Ragnar.
    Le moment était donc venu pour nous de nous
mettre en route. Guthred et moi portions déjà nos cottes, nos chevaux étaient
sellés, et il suffisait de galoper vers le sud pour rejoindre le mur de Ragnar,
mais Guthred restait troublé par la disparition de la relique.
    — Demanderas-tu à Ragnar s’il l’a prise ?
me supplia-t-il alors que nous quittions l’église. Ou si c’est l’un de ses
hommes ?
    — Ragnar ne l’a point prise. Si tu veux
trouver le coupable, fouille ceux-là, dis-je, méprisant, en désignant Aidan.
    Ses cavaliers et lui étaient pressés de partir
au nord maintenant qu’Ivarr approchait, mais ils n’osaient se mettre en route
tant que les Danes gardaient le gué sur la Swale. Guthred leur avait demandé de
se joindre à nous, mais ils avaient refusé et attendaient maintenant l’occasion
de fuir.
    — Aucun chrétien ne volerait une relique !
hurla Hrothweard. C’est un crime de païen !
    Guthred était terrifié. Il croyait encore en
la magie chrétienne et voyait le
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