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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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symbolisme des
     lignes symétriques. Les deux rectangles verts du haut représentaient la richesse
     des forêts du Saguenay. Ceux du bas, d’un beau jaune soleil, la couleur de la
     moisson, représentaient l’agriculture. Une croix, emblème de la foi, séparait
     tout le drapeau. Elle était argentée afin de rappeler l’industrie, le commerce.
     Elle était bordée d’une fine ligne rouge. C’était le cœur, le sang de tous les
     habitants.
    Avec fierté et une certaine tendresse, l’abbé Tremblay replia le drapeau.
    — J’ai hâte de le montrer aux journalistes du National Geographic ,
     dit-il. Je leur ai donné rendez-vous à votre église, vous ne m’en voulez
     pas ?
    — Mais non. Quel honneur que ce reportage sur nos villes et
     villages !
    — Oui, tout l’été, ils vont se promener un peu partout, prendre en photo les
     endroits intéressants. Ils veulent faire un grand reportage. Avec notre drapeau
     et cet article, le Saguenay deviendra vraiment un royaume.
    « Quelle fibre patriotique, teintée de chauvinisme ! », se dit le curé Duchaine
     en souriant.
    — Ils m’ont demandé s’ils pouvaient aller frapper à la porte de quelques
     citoyens ce matin. Je leur ai affirmé que les habitants d’ici leur offriraient
     un accueil plus que chaleureux !
    Le curé Duchaine acquiesça.
    — Maintenant, montrez-moi le texte que vous avez préparé sur votre village,
     demanda l’historien.
    — Saint-Ambroise devrait faire honneur à votre royaume ! répondit le curé
     Duchaine en sortant un feuillet d’un tiroir.
    Puis, il envoya Pierre à l’église exécuter la tâche demandée. Sans un mot,
     Pierre se résigna à obéir. Il avait tant espéré que le drapeau fasse tout
     oublier au curé !

    Les deux journalistes s’enfuirent en courant. Ils avaient laissé leur
     automobile plus loin sur la route, voulant photographier les champs et les
     alentours de la ferme. Julianna referma la porte et se retourna vers ses
     enfants. Le fusil à la main, échevelée, elle devait avoir l’air d’une vraie
     folle. Jean-Baptiste la regardait, la bouche ouverte, Laura serrait son petit
     frère Léo contre elle. Le fusil n’était pas chargé. Elle remit l’arme à sa
     place. Tout à coup, elle partit à rire. Sans savoir pourquoi, elle pensa à sa
     mère adoptive. Du fond de son couvent, celle-ci aurait été scandalisée par
     l’attitude de sa fille et aurait demandé à tous les saints d’intercéder en sa
     faveur.Julianna se laissa tomber par terre, près de ses enfants.
     Jean-Baptiste vint la rejoindre. Léo était bouillant de fièvre. Elle perdit
     toute joie et l’angoisse la reprit. Les serrant dans ses bras, elle se dit que
     de toute manière, sa mère les avait abandonnés et qu’elle ne priait plus pour
     eux, car vraiment, rien ne s’arrangeait, non rien.

    Sœur Imelda frappa plusieurs fois à la porte de la cellule de madame Rousseau.
     Depuis trois jours, la pensionnaire s’y était enfermée, et cela devenait
     inquiétant. Mais cette Léonie avait toujours eu un drôle de comportement.
     Recluse au couvent, la pauvre femme ne s’alimentait presque plus. N’obtenant
     aucune réponse, la jeune religieuse se décida à entrer dans la minuscule pièce.
     Sur l’étroit lit de métal, la femme reposait, les yeux grands ouverts. La
     carmélite se signa. Voilà qui expliquait le silence. Elle s’approcha du corps et
     tendit la main afin de fermer les paupières de la défunte. Avec un vif mouvement
     de recul, elle s’aperçut que la morte respirait encore. Apeurée, la religieuse
     courut chercher sa supérieure. Celle-ci s’empressa de quitter son bureau et de
     venir juger de la situation elle-même. La religieuse en chef intima à la
     carmélite de se calmer et de prendre sur elle. Leur pensionnaire était bien
     vivante mais dans un état cataleptique. Elle frappa dans ses mains et tenta
     d’obtenir une réaction de la pauvre femme, mais en vain. Le regard de Léonie
     resta vide, les yeux ne clignèrent même pas. Ne sachant plus trop quoi faire, la
     supérieure remarqua enfin la lettre déposée sur le pupitre de bois. Les termes
     de la missive stipulaient que madame Rousseau refusait qui que ce soit à son
     chevet et qu’aucun membre de sa famille ne devait assister à sa mise en terre
     lorsque son décès surviendrait. Cela n’avait aucun sens. Ahurie, la religieuse
     se dit que cette malheureuse veuve avait réellement perdu
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