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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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enveloppa
     les deux pauvres réfugiés. Des bruits de chaînes se firent entendre dans
     l’escalier vermoulu. L’ombre d’un gigantesque chien noir se matérialisa devant
     la porte d’entrée, bloquant ainsi toute retraite aux visiteurs. La petite
     s’écria : “C’est le Diable ! C’est le Diable ! Il s’en vient nous
     chercher !”
    Maintenant, le petit garçon regrettait ses paroles d’avant et
     s’en mordait les doigts. Le chien avait pris complètement forme. Il montrait les
     crocs les plus longs et les plus aiguisés du monde ! Était-ce un chien ou un
     loup ? Une chose était certaine, cette bête immonde n’avait rien de naturel. La
     pupille de ses yeux était faite de flammes. De son regard incandescent, il
     fixait d’un air méchant ses proies. Repentant, le frère se mit à genoux et
     brandit devant le démoniaque animal la croix qu’il portait au cou. Sa sœur
     s’agenouilla à son tour et accorda ses prières à celles de son frère. Plus ils
     récitaient le Notre Père , plus le chien grognait fort. La bête hurlait,
     hurlait. Le nuage de débris s’intensifia. Des morceaux de vitre lacérèrent le
     visage et les bras des prieurs. Malgré leurs blessures, ils continuèrent de
     réciter leur prière. La bête hurla de plus belle et des bouts de bois se
     détachèrent du mur de lattes et se mirent à frapper les enfants. Ils ne se
     turent pas. Le plus effroyable des combats entre le bien et le mal se déroulait
     et la bête semblait assurée de sa victoire. Les enfants étaient presque vaincus
     quand un rayon de lumière bleue teinta la pièce. Le silence se fit. Le chien se
     mit à gémir. La lumière s’intensifia. Avec un rictus de dépit, le Diable
     s’enfuit. Puis, une douce voix de femme se fit entendre :
    — Mes enfants, je suis l’étoile du matin. Toute la nuit, vous avez erré dans la
     froide forêt. Vous avez eu peur, vous étiez perdus. Mille dangers vous ont
     guettés. Vous avez douté. Quelles terribles épreuves vous avez dû affronter !
     Vous saignez, vous êtes blessés. Mais le pire est derrière vous. Relevez-vous et
     suivez-moi, je vous guiderai. Reprenez confiance, espérez ! Je suis l’étoile du
     matin. J’annonce la venue du jour. L’heure la plus sombre précède
     l’aurore. »

P REMIÈRE PARTIE
    Les saisons déterminent le rythme
    de la vie des hommes…

    Printemps 1938

    C’
était l’enfer ! Yvette n’en pouvait plus. Voilà cinq
     mois, jour pour jour, que l’incendie avait eu lieu et l’ambiance à la maison
     était devenue invivable. Elle avait eu dix ans au printemps dernier, mais Yvette
     aurait pu en avoir cent. Elle avait enterré son enfance avec les huit membres de
     sa famille, brûlés vifs. Réveillée par l’agitation inhabituelle de cette nuit
     fatidique, Yvette était difficilement parvenue à comprendre l’ampleur du drame.
     Personne ne lui avait vraiment expliqué les événements. Elle s’était forgé ses
     propres déductions, glanant ici et là des informations. Évidemment, elle
     comprenait que quelque chose d’épouvantable s’était produit, que son oncle
     n’avait plus de maison et qu’il y avait eu des morts ; ses cousins et cousines,
     sa tante Rolande… Seul le bébé Hélène était vivant. Sa tante Marie-Ange était
     partie vivre avec la petite rescapée à Montréal. Comme sa tante lui manquait !
     Yvette n’avait pas eu le droit de se rendre sur les ruines de la ferme. Son père
     et son oncle pleuraient. Il n’y avait rien de plus désemparant pour une enfant
     que d’être témoin de la faiblesse de ces hommes de la maison, ces rochers de
     Gibraltar. Rien ne devait les ébranler et pourtant, cette fois, elle ne pouvait
     se mettre à l’abri de leur ombre de géants. Le lendemain et les jours suivants,
     elle ne pouvait que surprendre les conversations des adultes. Son père parlait
     avec le curé des arrangements funéraires. Il était impossible de connaître
     véritablement l’identité des restes.On avait fait le possible
     pour trier les ossements par grandeur. Dès qu’elle le pouvait, Yvette partait se
     réfugier dans l’étable. Baveux, le petit chien de la famille, venait rapidement
     la retrouver. Elle avait tant de peine. Son chagrin était immense. Serrant dans
     ses bras l’animal, elle espérait que quelqu’un trouve les mots pour lui
     expliquer comment le feu pouvait arriver si soudainement un soir de janvier et
     piéger tout le
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