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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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l’esprit. Elle en
     avait vu, des femmes de toutes les conditions, venir se réfugier
     dans son couvent, mais une troublée comme Léonie Rousseau, jamais.
     Qu’allait-elle faire avec ce cas ? Toute cette histoire dépassait l’entendement.
     Cette femme avait toujours été étrange. Jamais un sourire ; dans ses yeux, un
     reflet de profonde souffrance. Léonie se rendit compte de la venue des
     religieuses. Elle entendait leurs murmures. Dans sa tête, Léonie priait :
     « Donnez-moi la force de ce sacrifice, ne me laissez pas succomber à la
     tentation, délivrez-moi du mal qui me ronge. »
    Ces dernières heures, elle avait revu sa vie. Elle était une belle jeune femme,
     elle fuyait la maison paternelle. Elle aspirait à une vie tellement différente
     de celle de sa mère. Elle s’était trouvé du travail au magnifique hôtel de
     Roberval. Elle n’était peut-être que femme de chambre, mais elle avait son
     indépendance. Elle avait choisi Roberval, car la ville était située sur le bord
     du lac Saint-Jean et en face de la Pointe-Taillon, où sa sœur adorée vivait.
     Anna était plus âgée qu’elle et était mère d’une famille nombreuse. Ah ! sa
     chère nièce Marie-Ange et son neveu Ti-Georges. Mais le mari de sa sœur était un
     homme porté sur la boisson et un jour, il avait abusé d’elle. Il l’avait traitée
     comme une moins que rien, car il avait entendu dire qu’elle avait une aventure
     avec un client de l’hôtel et qu’elle vivait dans le péché avec cet homme dans
     une maison de Roberval. C’était la vérité. John Morgan lui avait fait tourner la
     tête. Sa seule défense était qu’elle avait cru à ses belles promesses de
     mariage. Mais c’était avant qu’elle ne découvre l’existence d’une épouse. Dès
     qu’elle avait su, elle avait rompu. En même temps, sa sœur mourait en accouchant
     de Julianna. Son beau-frère, en colère, les avait chassées, elle et la
     nouveau-née que sa sœur lui avait fait promettre d’élever. C’était là qu’elle
     avait commis une faute si grande. Elle avait écrit à son ancien amant et lui
     avait fait croire qu’il était le père de cette petite fille dont elle avait la
     charge. En échange de son silence, elle lui demandait de l’argent. John lui
     offrit beaucoup plus. Elle s’étaitretrouvée propriétaire d’une
     maison à Montréal. Elle y avait élevé Julianna, la gâtant le plus possible. Bien
     des années plus tard, elle était revenue à la Pointe-Taillon faire la paix avec
     le père de Julianna. Elle était tombée éperdument amoureuse du voisin de
     celui-ci, Ernest Rousseau, qui avait un fils adoptif qui épousa Julianna en même
     temps qu’elle-même acceptait l’alliance avec Ernest. Une drôle de double noce.
     Mais ce mariage, elle n’aurait jamais dû l’accepter. Elle avait promis au
     Seigneur d’expier sa faute en se privant d’amour pour le reste de sa vie. Encore
     une fois, elle avait été faible. Dieu l’avait punie en venant chercher Ernest
     dès leur retour de voyage de noces. Mais ce n’était pas assez. Les années qui
     suivirent avaient aussi été une suite de châtiments. La perte de leurs biens, la
     mort de Marguerite, la première femme de son neveu Georges, et tant d’autres
     signes qu’elle s’était refusé de voir. Jusqu’à ce qu’elle se résigne et qu’elle
     vienne se cloîtrer. À force de prières et de contemplation, elle croyait que
     Dieu lui accorderait enfin son pardon, mais cela n’avait pas été le cas. Après
     qu’elle avait reçu l’annonce du feu et de toutes ces vies enlevées, ces âmes
     innocentes, elle avait erré une fois de plus dans les ténèbres de
     l’incompréhension. Mais qu’est-ce que le Seigneur attendait d’elle ? Chavirée,
     elle le suppliait de lui montrer la voie à suivre. Cela lui avait pris des mois
     à comprendre le dessein de son Dieu. Il lui fallait le sacrifice suprême.
     Égoïstement, elle s’était mise à l’abri, dans ce couvent des Carmélites. Elle
     avait tout laissé derrière elle. Au monastère, elle avait prié jour et nuit que
     le Très Haut lui pardonne ses fautes. Mais cela n’était pas suffisant. Elle
     n’avait pas compris que le Seigneur lui demandait beaucoup plus. Une nuit,
     l’illumination lui était venue. Elle avait su quoi faire. Un voile de paix
     l’avait alors entourée. Elle avait rédigé ses volontés, s’était déshabillée et
     étendue
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