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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir
Autoren: Anne Tremblay
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déranger, ma chère madame, but,
     my name is Harrison Howell Walker. Je suis reporter, you know ,
     humm, journaliste for the National Geographic magazine. This is my , mon
     photographe, dit-il en désignant son compagnon qui tenait entre ses mains un
     immense appareil photo. Nous écrivons un article sur votre beautiful région and we are looking for… humm pittoresque… Nous voudrions vous
     poser quelques questions.
    — Je… je comprends pas.
    Sur un ton de connivence, montrant du menton le ventre proéminent de Julianna,
     le photographe fit un commentaire à son collègue :
    —  You see, these French people don’t know anything but just how to make
     babies.
    Le journaliste lança un regard noir à l’autre. En parlant lentement,
     l’anglophone répéta :
    — Nous voulons vous parler, pour un article sur votre vie.
    Sans demander la permission, le photographe entra. Il se mit à prendre Laura et
     Jean-Baptiste en photo. Pour couronner le tout, Léo s’était remis à pleurer.
     Julianna réfléchissait. De toute évidence, ces deux étrangers croyaient qu’elle
     ne comprenait pas l’anglais. Elle n’aimait pas leurs manières et en plus, ils
     avaient mal choisi leur moment. Elle fit non de la tête.
    —  Nothing to do, this woman is a dumb , dit le photographe.
    Quoi ? Il la traitait d’idiote ? Tantôt, il disait qu’elle n’était bonne qu’à
     faire des bébés et là qu’elle était idiote ? Julianna fulminait.
    —  But this is perfect for the picture , continua-t-il en promenant son
     objectif sur la pièce. A poor house, the children and their exhausted
     mom…
    —  She’s pretty but…
    —  Pretty, you’re not difficult.
    Laura prit peur de ces hommes qui parlaient une langueétrange,
     surtout celui qui la regardait avec un œil de métal géant. La fillette alla
     s’accrocher à la jupe de sa mère. Jean-Baptiste resta figé, hésitant sur
     l’attitude à adopter. Julianna explosa :
    —  Get out of my house, right now !
    — Vous parlez anglais ! Oh no !… s’exclama le journaliste, honteux de
     leur conduite.
    — Oui, pis je sais compter en anglais aussi.
    Julianna déposa Léo par terre, ouvrit l’armoire de pin à côté de la porte et se
     saisit de la carabine de chasse de son mari.
    — Je sais compter, reprit-elle en ajustant le fusil sur son épaule, mais
     seulement jusqu’à trois. Après trois, je vire folle pis je tire sur tout ce qui
     bouge, surtout sur deux affreux, mal élevés, impolis de bloke étrangers !
     Vous m’avez-tu compris ou je traduis ? One !
    —  No, no, it’s okay… We are very sorry.
    —  What did she say, what did she say ? demanda le photographe, apeuré,
     reculant vers l’extérieur.
    —  Never mind, let’s get out of here .
    —  Two !
    — Encore toutes nos excuses, ma chère madame. Au nom de National Geographic,
     excuse us.
    —  Three ! dit Julianna, les dents serrées.

    L’abbé Tremblay alla chercher le paquet qu’il avait déposé sur la table
     d’entrée et revint le mettre sur la table.
    — Attendez, fit le curé Duchaine en s’empressant de faire de la place.
    Avec précaution, l’abbé défit la ficelle et l’emballage.
    — Ne touche pas, Pierre, le mit en garde le curé Duchaine.
    De toute manière, jamais il n’aurait osé approcher une main de ce morceau de
     tissu, soigneusement plié.
    — Au contraire, dit l’abbé. Prends ton bout, mon garçon.
    Pierre et l’abbé Tremblay déplièrent le drapeau et l’étendirent entre leurs
     mains.
    — À ce que je sache, c’est le premier drapeau régional qui existe dans tout le
     Canada, dit l’abbé avec fierté. Le Canada, qui n’a pour drapeau que celui du Red Ensign de la Grande-Bretagne ! Ah ! nous sommes peut-être une
     colonie, des sujets britanniques, mais depuis cent ans nous sommes, avant tout,
     Saguenéens.
    Sur un ton grandiloquent, le religieux ajouta :
    —  Un drapeau c’est un pays, avec ses gloires, ses beautés, ses grandeurs,
     son firmament, sa glèbe et ses eaux. Un drapeau c’est tout un peuple, le
     travail de ses hommes, le sourire de ses femmes, la candeur de ses enfants.
     Un drapeau c’est une âme, l’âme d’un pays 1 .
    Le curé Duchaine applaudit.
    — Merci, répondit l’abbé. Ce sont les paroles que je vais prononcer quand ce
     drapeau flottera pour la première fois au haut de son mât.
    L’historien expliqua la signification des quatre couleurs et le
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