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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée)
Autoren: Pierre Miquel
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guerre civile était passé par là. Il était constamment utilisé dans la propagande au front.
    La résistance à Hitler ne pouvait venir d’abord que des officiers de l’armée allemande. Il est vrai que Hitler a liquidé nombre de généraux prussiens hostiles ou simplement suspects. Il n’a pas tardé à placer le général nazi Keitel (que ses ennemis appelaient le laquais) à la tête de l’OKW. Il est vrai que les tentatives de complots des officiers résistants ont été nombreuses et infructueuses, et que l’ancien nazi Rommel lui-même a fini par s’insurger, au péril de sa vie, contre l’ordre noir. Il reste que la logique de l’engagement de l’armée au sein du régime l’a conduite progressivement à accepter, sinon toujours à participer, à sa politique d’extermination raciale particulièrement meurtrière dans l’Est.
    Un von Tresckow discuterait avec Himmler du nombre des SS dont il aurait besoin en Russie pour « nettoyer » les régions occupées. Sans doute parce qu’il ne voulait pas que l’armée assure le « sale boulot ». Mais il tolérait Himmler, il reconnaissait son rôle. Un Arthur Nebe, l’un des conjurés du putsch raté contre Hitler en 1938, semble bien l’un des premiers commandants de l ’Einsatzgruppe B responsable en 1941 de 40 000 morts dans la région de Smolensk et en Biélorussie. Un Rommel, victime de la répression nazie contre les conjurés du complot de juillet 1944, honneur de l’armée allemande, ancien combattant glorieux d’Italie en 1918, attachait en 1940 les prisonniers français sur ses chars, pour avancer aisément sur les routes de Normandie pendant la période de négociation de l’armistice, comme l’atteste la première version non expurgée de ses Mémoires. Un Friedrich Paulus, officier d’infanterie comme Rommel pendant la Première Guerre mondiale, reste en fonction dans la Reichswehr pendant les années 20 et le régime nazi assure sa promotion au grade de général en 1939, puisqu’il est nommé en 1940 premier quartier-maître général à l’OKW. Peut-il ignorer les exactions de la Wehrmacht dont il commande une armée sur le front russe ?
    Hitler sait qu’il peut compter sur lui pour tenir jusqu’au bout à Stalingrad et le nomme feld-maréchal le 29 janvier 1943, deux jours avant sa capitulation. Utilisé et recyclé par les Soviétiques, il prend la parole en août 1944 pour appeler le peuple allemand à la résistance contre Hitler. Il est cité comme témoin à charge au tribunal de Nuremberg et libéré dès 1953. Ainsi les généraux les moins prussiens de l’état-major, ceux qui devaient le plus au Führer pour leur carrière, ont-ils été généralement absous après 1945 par les Alliés, sur ce point d’accord, de tout soupçon de nazisme, de toute participation, de loin ou de près, aux crimes de guerre.
    Le cas le plus singulier d’absolution est celui de von Rundstedt. Cet ancien officier de la Grande Guerre commandait la 3 e division de la Reichswehr à Berlin en 1932. Homme lige de von Papen qui devait introduire Hitler dans les milieux dirigeants allemands et nommé commandant de la circonscription militaire de Berlin, il avait donné des gages politiques certains en appuyant le renversement du gouvernement social-démocrate de Prusse, qui faisait obstacle aux nazis. S’il était démissionnaire en 1938, c’est qu’il refusait la mainmise des créatures du nazisme, jugées incapables, sur l’état-major. Rappelé en activité, répondant aussitôt présent au nom de la discipline due à l’État, il ne refusait pas de commander les armées opérant au sud de la Pologne, ni de mettre la main au plan de son adjoint von Manstein, imposé par Hitler, d’invasion de la France. Commandant le front méridional en Russie, il avait refusé pour des raisons seulement stratégiques le plan d’offensive d’automne conçu en 1941 par Hitler. De nouveau démissionnaire, il avait repris du service à l’ouest pour lutter contre les forces alliées de débarquement en 1944.
    Serait-il, comme Rommel, absous en raison de ses démissions successives ? Elles n’étaient dues, en fait, qu’à son opposition de technicien supérieur de l’état-major aux décisions du caporal amateur qui opprimait l’OKW. On le vit quand il refusa de se joindre à la conjuration de juillet. Il accepta de faire partie avec Guderian du tribunal d’honneur qui livrait ses collègues à la Gestapo et aux « tribunaux du
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