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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée)
Autoren: Pierre Miquel
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huitième de son territoire, même si les Français avaient fait main basse sur les brevets de la chimie rhénane, et occupé les mines de la Sarre, administrée par la Société des nations.
    Même si les Polonais devaient utiliser la houille de Haute-Silésie, cette riche province industrielle allemande, conquête de l’obstiné Frédéric II, roi de Prusse, avait été soumise à plébiscite en mars 1921. Les Allemands l’avaient emporté sur les Polonais par 60 contre 40 %. Malgré cette sanction populaire, la Pologne avait obtenu de la SDN la disposition du riche secteur de Katowice, entièrement développé avant la guerre par le capital et la technologie allemands.
    On comprend pourquoi Stresemann ne voulait pas reconnaître les frontières orientales de l’Allemagne. La perte de la Silésie était difficile à admettre, du point de vue du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le « corridor de Dantzig » séparant la Prusse-Orientale du reste de l’Allemagne était une autre pomme de discorde : le port avait reçu jadis d’un roi de Pologne le statut de liberté qui avait permis aux marchands allemands de la Hanse d’en faire le premier entrepôt de la Baltique. Annexé par la Prusse, de population mixte, il avait été enlevé à l’Allemagne par le traité de Versailles, contre l’opinion de Lloyd George qui redoutait, au Conseil des Quatre en 1919, une nouvelle guerre avant vingt ans à cause de Dantzig.
    Du point de vue allemand, il n’était pas davantage admissible que, pour donner à la Pologne un accès à la mer, on lui attribuât la Posnanie et la Prusse-Occidentale, ni qu’on retirât Memel à la Prusse-Orientale. Les clauses les plus explosives du traité concernaient l’est de l’Europe. Elles répondaient au désir des Alliés de construire, aux dépens de l’Allemagne, une Pologne forte contre le bolchevisme.
    Mais auraient-ils les moyens de défendre les nations qu’ils avaient ainsi renforcées à l’est, Pologne, Tchécoslovaquie et Roumanie, qui toutes intégraient sur leur sol de fortes minorités étrangères ? Ces questions allemandes de l’Est n’avaient pas reçu de solution d’avenir et ne pouvaient en recevoir, parce qu’elles ne se réclamaient nullement du principe wilsonien du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les autres problèmes non réglés, ceux des Sudètes, ou du district de Teschen dans l’ancienne Silésie autrichienne, concernaient bien des sujets allemands, mais de l’ancien Empire des Habsbourg.
    À l’ouest, en revanche, Stresemann devait liquider facilement une situation qui avait déjà gommé les excès de Versailles : dans ce qu’il avait de dur, le traité imposait une occupation de quinze ans de l’Allemagne rhénane et la démilitarisation de la région, ainsi qu’un plébiscite sur le sort futur de la Sarre. L’occupation ne pouvait se prolonger sans l’accord des Alliés. Clemenceau, négociateur français de la paix, avait assez déclaré : « Ma politique est celle d’une entente étroite avec la Grande-Bretagne et l’Amérique. » La « garantie anglo-américaine » négociée au moment de Versailles était devenue caduque après la non-ratification du traité par le Sénat américain.
    Les Français n’avaient donc nullement les moyens d’imposer la poursuite de l’occupation. On le vit quand ils décidèrent, avec le seul concours des Belges, d’occuper la Ruhr pour « tenir un gage » d’exécution de la politique des réparations. Ils ne purent s’y maintenir longtemps. Poincaré devait susciter une violente opposition en Allemagne, et l’organisation d’une « résistance passive » dans la Ruhr, qui ferait évidemment le jeu d’une propagande nationaliste très ardente.
    Les gouvernements de Londres et de Washington étaient résolument hostiles à l’opération. Ils ne pouvaient pas être accusés de soutenir l’opération française, défendaient au contraire les intérêts allemands en imposant le plan Dawes de règlement des réparations. La Ruhr était évacuée dès 1925. À la suite du traité de Locarno, le nord de la province était libéré en janvier 1926. Le reste suivrait, après la signature du plan Young en 1930. L’Allemagne était entrée à la SDN, elle devenait une puissance européenne à part entière, encore limitée dans sa souveraineté par la démilitarisation toujours imposée de la Rhénanie, et l’attente du futur statut de la Sarre, réglé
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