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Les Poilus (La France sacrifiée)

Les Poilus (La France sacrifiée)

Titel: Les Poilus (La France sacrifiée)
Autoren: Pierre Miquel
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des machines fabuleuses, écrivait Jünger le 1 er juillet 1918, par des cercles de feu et par des avions blindés, dirigés par la télégraphie sans fil. » Il concevait déjà, en pleine défaite allemande, l’assaut de juin 40, l’adversaire « en chaos de ferraille », les « masses humaines désorganisées ». Cette « épreuve » démontrerait « clairement et incontestablement si une nation donnée mérite encore de vivre ou si, ayant fini de jouer son rôle, elle doit céder la place à une autre plus puissante et par là même meilleure ». Elle pourra ainsi gagner « un certificat définitif d’aptitude à édifier un État ». Il s’agit, pour la « civilisation », de montrer qu’elle « possède encore assez d’avenir et d’énergie pour mobiliser cent mille jeunes gens supérieurement intelligents et durs comme de l’acier, à qui s’offrent toutes les joies de la vie et qui, en faisant fi, considèrent leur propre mort comme un mal négligeable ».
    Ces jeunes de la revanche, Hitler les a trouvés déjà rassemblés, déjà en partie recrutés dans l’armée, ou partiellement instruits, regroupés dans les puissantes associations paramilitaires de droite, dûment fanatisés, vêtus de noir ou de Feldgrau, marqués dans les SA de la Swastika aux branches coudées. Pour reprendre, avec d’autres armes, la même guerre, celle qui lui a valu personnellement la croix de fer de seconde puis de première classe, pour avoir sauvé au front un officier blessé.
    *
    Dans Mein Kampf, écrit dès 1924, Hitler ressentait d’autant plus durement la défaite de l’Allemagne que la constitution du II e Reich avait été le résultat, en 1871, d’une campagne glorieuse. Une guerre perdue avait en 1918 défait l’Empire, livré le pays aux intérêts étrangers, à la « gangrène marxiste », permis à l’hégémonie française de se développer sur le continent, jusqu’à occuper la Ruhr en 1922, sans que l’Angleterre puisse l’en empêcher.
    Avant 1914, la politique irréaliste de l’Allemagne l’avait conduite à s’allier à l’État « dégénéré » d’Autriche-Hongrie, qui s’apprêtait à devenir trialiste, en faisant leur part aux Slaves. L’assassinat de l’archiduc pro-tchèque François Ferdinand par un Serbe (Hitler avait d’abord cru au meurtre d’un illuminé pangermaniste) avait été la divine surprise obligeant la faible Autriche à soutenir l’Allemagne dans un combat perdu d’avance contre les peuples de la mer, parce qu’elle ne disposait sur le continent que de faibles alliés, comme la Bulgarie et la Turquie, alors que les pays industriels puissants s’étaient ligués contre elle. Le peuple allemand avait perdu la guerre « pour son existence sur le globe terrestre », il devait se préparer à se battre pour garder sa place en Europe.
    Il ne s’agissait pas, poursuivait l’auteur de Mein Kampf, de retrouver les frontières de 1914, mais de rassembler tous les Allemands pour porter leur population à 250 millions d’hommes grâce à une extension par la force des armes vers les territoires de l’Est. Ainsi était-il « convaincu de la nécessité d’un règlement de comptes avec la France […] comme une couverture de nos arrières pour l’extension en Europe de notre habitat ». Seule une alliance, ou une neutralisation de l’Angleterre devait permettre d’atteindre ce but. Hitler attendait Chamberlain et Munich.
    La guerre contre la France était, dans son esprit, inévitable et déjà programmée. « On rassemblera, disait-il, toute notre énergie pour une explication définitive contre la France […] à condition que l’Allemagne ne voie dans l’anéantissement de la France qu’un moyen de donner enfin à notre peuple toute l’extension dont il est capable. » La guerre serait rendue possible par le réarmement clandestin de la Reichswehr dont il découvrirait, en prenant le pouvoir en 1933, les heureux résultats. Pour convaincre de repartir en guerre « la grande foule moutonnière et stupide de notre peuple », il suffira d’axer la propagande sur le diktat de Versailles et les méfaits de « l’internationale juive » qui tient l’Allemagne en tutelle.
    Car le nouveau combat de l’Allemagne est raciste, et non pas seulement national. Il a pour but de préserver et d’étendre la race allemande aux dépens des races inférieures, par exemple de la France, « péché contre l’existence de l’humanité
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