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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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pas une bouteille de schnaps ! dit-il en Rigolant.
    Sur chaque rangée de cadavres, on jetait une mince couche de terre, puis on plaçait la nouvelle rangée. Comme Il n’y avait pas beaucoup de place, on les tassait en piétinant dessus ; du coup, le jus suintait des corps. Porta Cria en vacillant dangereusement dans la fosse :
    – C’que ça schlingue ! Encore plus que toi, Pluto, quand t’as bouffé des fayots, et c’est rien d’le dire !
    Quand une fosse était comblée, nous inscrivions le nombre de corps sur un bout de papier, fiché sur un pieu, à l’intention de ceux qui, plus tard, y mettraient une dalle ou une Croix.
    Quatre cent cinquante inconnus, sept cents inconnus, deux cent quatre-vingts inconnus… toujours un nombre pair pour l’ordre. La bureaucratie prussienne ne perdait pas ses droits.
    Au fur et à mesure que passaient les jours, ça devenait pire. Maintenant, c’étaient des cadavres à moitié dévorés par les rats et les chiens. C’étaient des corps pourris qui vous filaient entre les doigts ; on en vomissait tripes et boyaux, mais Il fallait continuer. Même Porta perdait son moral et restait Silencieux, pendant de longs moments. Les caractères s’aigrissaient, on se disputait pour des riens.
    Une femme demi-nue, avec des jambes grotesquement troussées sous elle que Porta voulut redresser, amena l’explosion qui couvait.
    – baisse ça ! dit Pluto. Qu’est-ce que ça peut te fout’comment qu’elle est couchée ? Tu la connais même pas.
    Porta s’approcha d’un pas d’ivrogne du grand docker, couvert comme nous tous d’un jus verdâtre.
    – Même un voyou comme toi, ça d’vrait piger qu’on peut pas laisser une fille dans cette position et sans culotte, dans la fosse, avec des hommes… S’y a un aut’monde, moi Joseph Porta, j’prends pas la responsabilité d’un viol… Skal… à tous les diabl’de l’enfer !
    Il pencha la tête en arrière, éleva la bouteille et fit couler le schnaps au fond de son gosier. Puis, Il rota plusieurs fois, violemment, et enfin lança un jet de salive, dont la trajectoire aboutit à un tas de cadavres sur une charrette.
    – Par Satan, assez, Porta ! hurla le lieutenant Halter, en frappant du poing la table où Il écrivait. Ça suffit, bon Dieu !
    – A vos ordres, lieutenant, Joseph Porta, fossoyeur, Croque-mort ou mouche à merde, est à vos ordres, mais ça ne change Rien aux choses ! V’nez voir la fille et dites si c’est convenab’de l’enterrer comme ça !
    – Une dernière fois, assez… ! rugit Halter. Soldat Porta, je vous ordonne de vous taire !
    – Pas question ! Occupe-toi de ton cul, je m’occuperai du mien. Arrive ici, et dis-moi Monsieur quand tu m’parles !
    Ecumant, le lieutenant bondit dans le tas de cadavres et se mit à pilonner Porta. Ils se battirent un instant, comme des brutes. Revenus de leur stupeur, Pluto et Bauer se mirent de la partie et assommèrent, chacun le sien, d’un seul coup terrible. Porta et Halter roulèrent dans l’immonde mélasse, d’où nous les tirâmes, et finirent par reprendre leurs esprits. L’œil torve, Ils se redressèrent et lampèrent, sous bonne surveillance, un bon coup d’alcool. Comme Porta revenait vers la fosse, le lieutenant lui tendit la main :
    – Excuse, camarade. C’étaient les nerfs, mais tu y allais fort ! Oublions ça.
    – Bien, bien, lieutenant… Porta n’est pas rancunier, mais où as-tu appris à taper comme ça ? J’en connais qu’un pareil, le respecté commandant du front, colonel Hinka. Mais pour ce gros cochon de Pluto, à la prochaine Il nous tuera ; Il tape comme une jument belge rue.
    Nous étions de plus en plus saouls. Plusieurs fois, l’un de nous tomba dans la fosse, au milieu des éclats de rire et des excuses vis-à-vis des morts.
    – Tiens ! clama soudain Porta, à tous les échos du grand cimetière aux beaux peupliers, voila une putain en carte… Bon Dieu !… Mais j’la connais !
    Il eut un fou rire et jeta une carte jaune au lieutenant Halter.
    – C’est Gertrude… Bon Dieu ! Celle de la WiIlhelmstrasse… ben merde ! Elle aussi ! Y a pas huit jours, nous étions ensemble, la V’la ici !
    Porta se pencha et examina, très intéressé, Gertrude morte. Avec la compétence d’un expert, Il prononça :
    – C’t’une torpille. Ça s’voit tout d’suite ; les poumons ont éclaté. Pour c’qui est du reste, elle n’a Rien. Quand on pense… la meilleure putain
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