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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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NUIT DE L’ENFER
     
    La caserne était silencieuse, noire et déserte, ensevelie dans le velours sombre de l’automne. Seuls, les pas durs et monotones des bottes cloutées de la sentinelle, résonnaient sur le béton et jusque dans les couloirs. Réunis dans la chambre 27, nous jouions à « skats ».
    – Vingt-quatre, dit Stege.
    – C’est moi qui attaque, tu permets ?
    – Vingt-neuf, continua tranquillement Möller.
    – Merde, dit Porta.
    – Quarante, continua Alte. Ça va, grande bringue ? Tu ne feras pas mieux.
    – J’aurais dû flairer le coup, Cria Porta. Pas moyen de jouer correct avec des pochetés comme vous ! Ecoute bien ça, juteux dégueulasse, je dis quarante-six !
    Bauer eut un gros sourire : – Mon p’tit Porta, si t’as le culot de dépasser quarante-huit je taille en rondelle ce qui te sert de gueule !
    – Commence donc par fermer la tienne, et d’un ! Secondo, t’as encore Rien vu, mon lardon. Tiens : quarante-neuf !
    Un cri monta du dehors : – Alerte… ! hurla une voix. Alerte… Alerte… !
    Le bruit des sirènes éclata, s’enflant et décroissant tour à tour. Porta, à bout de jurons, rejeta les cartes.
    – Ah ! les fumiers ! Interrompre la plus belle partie que j’ai eue depuis longtemps… !
    Il bouscula une recrue qui s’empêtrait : – Grouille-toi, emplâtre ! V’la les avions. Aux abris et en vitesse !
    La bouche ouverte, les recrues le regardaient mugir.
    – C’est une attaque aérienne ? demanda timidement l’un d’eux.
    – Tu crois peut-être que c’est un bal, pauvre con ! Si c’est pas malheureux ! Un jeu en or, foutu en l’air ! Saloperie de guerre… pas moyen de mener une vie pépère… !
    Le désordre était à son comble. Tout le monde se cognait, dans tous les sens, on défonçait les armoires, le pas lourd des bottes martelait les escaliers. Les jeunes, qui n’avaient pas encore l’habitude des clous, s’étalaient sur le ciment lisse, les quatre fers en l’air, rendus fous de peur par le hurlement des sirènes et piétinés par les camarades, qui, eux, savaient ce qui les attendait.
    Encore quelques minutes et la pluie des bombes allait rayer la nuit d’encre.
    – Troisième Compagnie, en avant !
    – Quatrième peloton, par ici !
    La voix tranquille d’Alte résonna dans une obscurité qu’on aurait pu couper au couteau. En l’air, le vrombissement des escadrilles se rapprochait. Ça et là, les canons de la flak se mirent à aboyer.
    Tout à coup, une lumière blanche, aveuglante, déchira la nuit. Une lumière éclatante, qui resta suspendue en l’air comme un splendide sapin de Noël. C’était une fusée éclairante ; dans quelques secondes, ce seraient les bombes.
    – Troisième Compagnie, aux abris ! ordonna la basse profonde d’Edels, le feldwebel chef.
    Les 200 hommes de la troisième Compagnie se culbutèrent dans les tranchées-abris, derrière les talus de terre. Personne ne voulait des caves ; nous préférions tous le ciel ouvert à ces pièges à rats.
    Et subitement, l’enfer se déchaîna.
    On entendit des hurlements dans le fracas d’explosions monstrueuses. La ville, sous le tapis des bombes, devenait rouge sang et le formidable incendie illuminait jusqu’à nos fossés.
    Le monde semblait s’écrouler sous nos yeux, tandis que torpilles et bombes incendiaires pleuvaient sur la grande cité condamnée.
    Quels mots pourrait-on trouver pour décrire cette nuit d’horreur ! Le phosphore jaillissait comme des fontaines multipliées, déployant un cyclone de flammes. Les pierres, l’asphalte, les hommes, lés arbres, le verre lui-même, tout éclate.
    D’autres bombes explosent, qui projettent toujours plus loin le fleuve de feu. Il n’est pas blanc, comme celui des hauts-fourneaux, mais pourpre comme le sang !
    Prêtez l’oreille… Entendez-vous Rire Satan dans cet enfer qui dépasse le sien… Voici que d’autres sapins de Noël apparaissent, éblouissants, dans la nuit. Les bombes redoublent, la terreur hurle sur la ville, tapie au-dessous d’elle comme un animal tremblant, marqué pour la mort. Les hommes, telle une vermine, cherchent les fentes, les moindres crevasses pour sauver leurs vies. Mais sous la radieuse lumière, il peuvent dire une ultime prière, car ils vont mourir, déchirés, écrasés, étouffés, consumés, dans le creuset monstrueux. Avec désespoir, ils s’accrochent encore à cette vie qu’ils étreignent malgré la guerre, la
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