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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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par des enfants affolés. Ils se débattaient, Criaient, hurlaient, comme seuls des hommes et des chevaux peuvent hurler à la mort. En un instant, un profond Cratère de torpille fut rempli jusqu’au bord de ces êtres en flammes : femmes, hommes, vieillards, dansant la même danse macabre, dans une aurore éblouissante.
    IL y a des gens qui brûlent en devenant tout blancs, d’autres rouges, quelques-uns roses, tandis que d’autres se consument en flammes bleu et or. Parfois, ils se plient en deux et se carbonisent, d’autres courent en rond, puis en arrière pour finir en culbutes ou se tortiller comme des serpents cloués au sol, avant de se ratatiner en petites momies noires, Alte, qui voyait ça pour la première fois, devenait fou furieux. Lui, toujours si tranquille, se mit à vociférer :
    – Tirez donc, mais tirez donc, nom de Dieu !
    Puis il cacha sa tête dans ses bras repliés. Le lieutenant Halter se mit à sangloter : il arracha son revolver et le jeta à Alte.
    – Tue-les toi-même, moi, je ne peux pas !
    Porta et Pluto, muets, sortirent leurs mausers : les coups de feu claquèrent contre les pauvres torches vivantes, objets d’horreur et de tortures.
    Nous vîmes des enfants, touchés par les balles précises, agiter un peu les jambes, gratter la terre avec leurs doigts, puis s’immobiliser et se consumer sur place. Ça vous paraît horrible ? C’était horrible, en effet. Mais plutôt la balle rapide d’un gros revolver de l’armée, qu’un lent martyr par le feu. Il n’y en avait pas un seul qui pût être sauvé, même si tous les pompiers du monde eussent été présents.
    De la cave du home d’enfants s’éleva un seul cri, venant de centaines de gosiers. Un cri d’enfants et de femmes qui monta comme une tempête vers le ciel de Dieu. Mais je ne pense pas que Dieu l’entendît. Ce cri, cet infini de souffrances, c’était celui des innocents qui n’avaient aucune part dans une guerre infâme, telle que le monde n’en avait encore jamais vu. Dieu n’accepta pas de les laisser sur la terre. Bien rares furent ceux que nous pûmes retirer et, parmi ceux-là, presque tous moururent dans nos bras, peu après.
    A plusieurs reprises, Pluto, Möller et Stege se glissèrent dans la cave, mais nous avions à peine retiré la moitié des enfants, lorsqu’elle s’effondra. Pluto se trouva coincé entre deux blocs de pierre et ce fut une chance inouïe qu’il n’y resta pas ! Il fallut l’extraire avec des barres de soutènement.
    A bout de forces, nous nous jetâmes sur la terre tremblante. Nous arrachâmes nos masques à gaz, mais l’odeur était si écœurante que nous ne pûmes y tenir. Une puanteur douceâtre de cadavre, mêlée à l’odeur âcre de la chair brûlée, s’ajoutait aux relents de sang chaud. Si Dante avait su ce qu’était une attaque aérienne, son enfer eût été mille fois pire. La soif collait nos langues à nos palais, nos yeux brûlaient.
    Des tuiles tourbillonnaient comme des braises, des poutres enflammées volaient comme feuilles à l’automne, à travers les rues ravagées. A plat ventre, ou moitié courants, nous nous faufilions dans cette mer de flammes. Fichée dans le sol, une énorme bombe non explosée nous barra la route, mais nous la dépassâmes à Croupetons, sans y prêter nulle attention. Il avait existé un temps où on eût tout barré sur un rayon d’un kilomètre autour de l’engin meurtrier !
    Une tempête de vent, naissant des immenses incendies, nous balayait dans les rues. Elle agissait comme un gigantesque aspirateur ; nous tenions tête en pataugeant parmi les corps déchiquetés, glissant dans des chairs qui ressemblaient à une gelée sanguinolente :
    Un homme, en uniforme brun, arriva sur nous en courant. Le brassard rouge et noir, à Croix gammée, éclatait comme une dérision dans la lueur des flammes. Porta leva le bras.
    – Ah non, pas cela ! Cria le lieutenant Halter. Sa main tremblante se jeta vers Porta. Avec un juron, le géant lança sa hache dans la poitrine du nazi, tandis qu’au même instant, la pelle de Bauer atteignait celui-ci à la tête, de sorte que son visage tomba sur ses épaules en deux moitiés, bien partagées.
    – Ça fait du bien ! Ricana méchamment Porta.
    A même le sol, se tordaient des gens qui hurlaient dans la mort lente des brûlés. Les rails des tramways, chauffés au rouge, se dressaient grotesquement dans l’asphalte. Ailleurs, des ombres noires sautaient comme
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