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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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faim, les privations, malgré la terreur.
    La flak ridicule de la caserne aboyait en bégayant vers les bombardiers invisibles. Le règlement ordonnait de tirer, alors on tirait, mais on pouvait être sûr d’une chose : pas une des forteresses volantes n’en serait égratignée.
    On entendait, pas très loin, un cri strident ; ininterrompu, et une voix qui pleurait, appelant un infirmier. Des bombes avaient dû frapper un des blocs de la caserne.
    – Doit y en avoir de liquidés, là-dedans me murmura Pluto qui gisait sur le dos, dans le fossé -son casque sur les yeux. A souhaiter que ce soi : ; les gueules nazies !
    – C’est pas croyable c’qu’une ville comme ça peut brûler ! interrompit Möller, qui se souleva et jeta un coup d’œil sur la mer brûlante de ! flammes. Bon Dieu ! qu’est-ce qui peut bien griller comme ça ?
    – Des grosses femmes, des minces, des hommes : maigres ou des outres à bières, des gosses sages et méchants, des jolies filles, dit Stege, qui essuya son front en sueur. Un assortiment, quoi !
    – Oui, les enfants, on va y aller vous déblayer dit gravement Alte, en allumant sa vieille pipe à couvercle. Moche de travail ! Moi j’aime pas voir des mômes à moitié brûlés.
    – Onn’te demande pas si ça t’plaît, dit Stege. A nous non plus. On va faire les garçons bouchers, c’est tout.
    _C’est bien c’qu’on est ! Ricana Pluto. Une sacrée boucherie, c’te putain d’armée. Et à quoi que ça sert ? Parbleu à apprendre le métier. Un apprentissage comme qui dirait.
    Il se leva, ôta son bonnet de police et salua à la ronde les corps couchés contre le talus.
    – Joseph Porta, soldat de 1er classe, par la grâce de Dieu, boucher dans l’armée d’Hitler, assassin de profession, incendiaire et pourvoyeur de la mort.
    Au même instant, un nouveau sapin de Noël s’éleva tout brillant, pas très loin de nous.
    – Nouvelle fournée pour, l’enfer ! Cria Porta, en se laissant choir dans le fossé. Au nom de Jésus, amen !
    Pendant trois heures d’horloge, sans une minute de répit, les bombes fracassèrent la terre, s’abattant du ciel de velours. Les réservoirs à phosphore éclataient, éclaboussant les rues et les maisons d’un clapotis sinistre, grêle infernale, danse macabre de mort et de torture.
    La flak s’était tue depuis longtemps. Sans doute, nos chasseurs étaient là-haut, mais les grands bombardiers n’en paraissaient pas gênés. L’immense valse du feu couvrait la ville du nord au sud et de l’est à l’ouest. La gare brûlait dans un enchevêtrement de wagons et de rails, tordus par la main d’un géant. Hôpitaux et lazarets s’effondraient dans un ouragan de décombres et de flammes, où le phosphore dévorait dans leurs et ceux des malades hurlants qui n’avaient pu fuir. Des amputés tentaient de se lever pour échapper à la fournaise, qui léchait, avide, les fenêtres et les portes. Les longs couloirs devenaient de bonnes cheminées qui tiraient bien.
    Les murs ignifugés, à l’intérieur desquels les gens haletaient avant de mourir étouffés, se brisaient comme verre sous les tonnes d’explosifs. Une puanteur de viande brûlée rampait jusqu’à notre fossé, et, entre les explosions, on entendait les cris des mourants.
    – C’est pire que tout ce qu’on a vu ! dit Alte. Si jamais on s’en tire, on restera complètement dingues. Après ça, je redemande le front. Là au moins, pas de femmes et de gosses à rôtir. Je souhaite aux immondes porcs qui ont inventé ça de mourir dans le phosphore !
    – Attends seulement le grand soir, siffla Porta. Tu parles si on la brûlera, la graisse de son cul, au gros Hermann ! C’est lui qui a montré aux Angliches c’qu’ils nous remettent en ce moment !
    Enfin, la fin de l’alerte sonna. Les sifflets à roulette et les ordres éclatèrent dans la caserne, illuminée par l’incendie. Nous nous ruâmes vers les camions. Porta y grimpa comme un chat, le moteur ronfla et, sans attendre les ordres, le lourd véhicule démarra à toute vitesse. Agrippés sur la plate-forme, nous nous entassions jusque dans la cabine du conducteur : un lieutenant de 19 ans cria quelque chose, renonça, et se jeta sur le camion où dix poings le hissèrent. Essoufflé, il demanda si le diable. était au volant, mais personne ne répondit. On essayait à grand peine de tenir sur la voiture qui brimbalait comme une folle et que Porta menait à fond de train,
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