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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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violent, pour aboutir enfin à ce régiment de la mort.
    Après le bombardement, on nous divisa en commandos de déblaiement et commandos de fossoyeurs. Sait-on ce que ça veut dire, enterrer des corps en bouillie après une attaque aérienne ? Il y a de quoi en vomir de dégoût.
    Pendant cinq jours, aidés de prisonniers russes, nous avions entassé les cadavres et maintenant, au cimetière, nous les rangions, côte à côte, dans d’immenses fosses communes, en essayant d’identifier ce qui était identifiable.. Mais la plupart du temps, c’était sans espoir. Le feu avait fait son ouvrage, admirablement. Presque tous les papiers avaient disparu, brûlés ou volés par les détrousseurs de cadavres qui grouillaient dans les ruines. Si ces hyènes à figure humaine étaient prises, les fusils claquaient sur-le-champ, comme pour des chiens enragés. Chose étrange, ce n’était pas toujours la lie qui pratiquait ce métier infâme.
    Un soir tard, nous prîmes deux femmes que Alte, le premier, remarqua. Pour en être tout à fait sûrs, nous nous embusquâmes et nous les vîmesseglisser derrière les pans de murs et se pencher sur les cadavres puants. Avec une dextérité de voleuses, elles fouillaient les vêtements et l’une d’elles avait déjà récolté trente-et-une montres et une cinquantaine de bijoux, sans parler d’un paquet de billets de banque. Elles avaient aussi un couteau pour taillader les doigts qui portaient des bagues. Les preuves étaient là, rien à dire. On les tourna à coups de crosses contre un mur calciné et on leur flanqua dans le dos une décharge de mitraillette. Ce fut le tranquille Möller qui tira. Bauer les poussa du pied pour s’assurer qu’elles étaient bien mortes.
    – Putains dégueulasses ! Cracha Porta. Ça doit être du Parti I Ces ordures ça collectionne tout… on nous dirait de couper les derniers tifs des cadavres, que ça ne m’étonnerait encore pas !
    Porta était en bas, dans la fosse, avec Pluto. Nous autres, on leur passait les corps qu’on tirait des charrettes. Bras et jambes pendaient par-dessus bord, hommes, femmes, enfants, n’importe comment, en tas. Une tête brimbalait à l’arrière, contre une des roues en marche, la bouche ouverte, montrant, dans un Rictus, les dents luisantes.
    Alte et le lieutenant Halter marquaient de fiches jaunes et rouges ceux que nous pouvions identifier, les autres étaient simplement comptés comme des sacs : tant de filles, tant de garçons. On avait, pour ce travail, de l’alcool de grain a à discrétion, et on venait lamper à tout instant ! les bouteilles communes adossées à une vieille  tombe. Aucun de nous, à jeun, n’aurait pu tenir le coup.
    Un cerveau de Prussien méthodique avait prescrit de mettre ensemble les morts d’une même cave. Donc, nous avions de temps en : temps des baignoires à moitié pleines d’une bouillie carbonisée qui avait constitué des êtres humains. Par-dessus ; une fiche indiquait combien Il y en avait dans l’auge ; une cinquantaine de gens arrosés de phosphore, ça ne remplit pas une baignoire normale.
    Un immense prisonnier russe qui nous aidait pleurait sans pouvoir s’arrêter. C’était le nombre des enfants qui le bouleversait. Il les couchait tout doucement dans la tombe, en murmurant :
    –  Shallkij prasstalunidciy malenkij firassta – ludina ( Pauvres gens simples ! Petites gens simples !) .
    S’il voyait placer des adultes par-dessus les enfants, Il devenait quasi fou, alors nous le laissions faire ce qu’il voulait. Bien qu’il bût énormément, Il paraissait tout à fait calme ; avec précautions, Il arrangeait les petits membres, coiffait les pauvres cheveux en désordre et, depuis l’aube jusqu’au soir, faisait tout seul cette effroyable besogne.
    Alte voyait dans cette apparence de calme un des signes précurseurs de la folie.
    Heureusement, nous avions Porta. Pendant cet épouvantable travail, son humeur endiablée par venait à nous distraire, et, lorsqu’un bras se détacha soudain d’un gros mort ; Il eut un rire d’ivrogne et cria à Pluto qui tenait ce bras, l’air ahuri :
    – Mince de poignée de main ! – Il lampa une gorgée de schnaps : Range bien sa patte près de lui pour qu’il puisse être au garde-à-vous, là où on l’attend, j’veux dire au ciel ou en enfer !
    IL reposa la bouteille près de la dalle effondrée où se lisait encore l’inscription : « Repose en paix ».
    – Ça ne concerne
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