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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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L’armée, naturellement, lui avait fait cadeau d’un râtelier complet, mais Il l’avait dans sa poche, bien enveloppé dans le chiffon dont il se servait pour donner à son fusil le dernier coup de fion avant l’appel. Pour manger, Il déballait le tout avec soin, et mettait les deux dentiers de part et d’autre de son assiette ; puis après avoir bâfré sa propre portion, plus tous les restes qu’ils pouvait ratisser, Il polissait le râtelier avec le chiffon, le réemballait consciencieusement, et remettait le tout dans sa poche.
    – Démerde-toi pour laisser la grille ouverte quand papa rentrera, Cria-t-Il, car j’ai besoin de prendre une de ces muffées ! Et en plus, y a un de ces programmes que j’en ai le petit four paniqué !… A bientôt, tas de dégueulasses et tâchez qu’elle foute pas le camp, vot’saloperie d’caserne à Prussiens !
    – Quel tire au cul ! grogna Pluto. Y va s’envoyer en l’air, pendant qu’nous on n’a qu’ces veaux d’recrues à s’mettre sous la dent ! Même pas capables de jouer aux cartes… !
    Nous étions à la cantine, devant notre soupe d’orties, l’éternelle « Eintopf » dont nous étions saturés mais qui trompait la faim. Dans un coin quelques recrues bombaient le torse parce qu’elles avaient un uniforme sur le dos. Pauvres types ! On les verrait bientôt faire les fiers dans une compagnie de marche, sans même parler du front !
    Le sergent Paust était là aussi, avec quelques sous-officiers, et buvait gloutonnement, en soufflant dans sa chope. Quand Il nous aperçut, casqués, devant nos gamelles, Il ricana :
    – Alors, mes conards ! Ça vous va d’être de garde ? Remerciez papa ici présent. Pensais que vous aviez besoin de repos… S’rez bien contents d’main, de pas avoir la gueule de bois !
    Pas de réponse de notre part. S’appuyant à la table de ses gros poings fermés, le sergent se souleva à moitié et avança vers nous sa lourde gueule prussienne.
    – Faudrait voir à répondre, hein ! Le règlement prescrit que les subordonnés doivent répondre à leurs supérieurs. On n’est pas au front, ici… On est des civilisés ! Enfoncez-vous ça dans le crâne, têtes de lard.
    Nous nous redressons mollement et répondons : – Oui, sergent, on est content d’être de garde !
    – Et avec le derrière lourd, hein, gros porcs ! Je vous en guérirai, moi, à l’exercice, et plus tôt que vous ne pensez ! – Il fit un geste de la main et glapit : – Repos, assis !
    Je chuchotai à Pluto : – Y a pas plus con qu’un sous-off. Ça s’croit quéque chose et c’est moins que rien !
    Pluto ricana : – Ces sous-offs d’entraînement, c’est des vrais rouleaux compresseurs. Dans quoi qu’on patauge ici ! Sortons en vitesse, ça m’étouffe. Faut qu’j’y dise merde quatre fois.
    Comme nous prenions la porte, Paust hurla : – Et vous ! les héros fatigués, savez pas qu’lè règlement prescrit d’saluer les supérieurs ? Pas de relâchement ici ! Qui m’a foutu des zigottos comme ça ?
    Tremblants de colère rentrée, nous nous immobilisâmes, talons claqués et petit doigt sur la couture du pantalon. Pluto claironna d’une voix insolente : – Soldat Eicken et soldat Hassel sollicitent du sergent l’autorisation de quitter la pièce pour assurer la garde en service commande !
    Un signe de tête gracieux de Paust, qui leva son immense chope vers sa grande gueule : – Rompez !
    Au dehors, Pluto leva le nez et défila un chapelet de mots de Cambronne, avec rage. Il termina par un énorme pet, dirigé vers la porte fermée de la cantine.
    – On dira bientôt « Vivement le front ! », vieux, car si on reste ici, je finirai par plier Paust en quat’, de telle façon qu’il pourra s’regarder l’trou du cul.
    Affalés dans la salle de garde, nous nous mîmes à rêvasser sur des journaux pornographiques que Porta nous avait prêtés avec force recommandations.
    – Pige-moi cette paire de fesses, Ricana Pluto, en montrant la photo d’une fille. Si on pouvait tomber sur une putain comme ça ! Tu parles si on aurait le virolet eu l’air !
    – Merci. C’est pas mon type. Moi, c’est les minces qui m’disent. Tiens, j’aime mieux celle-là. Une comme ça tous les six mois et j’tiens le coup pendant une guerre de trente ans.
    Le commandant de la garde, sous-officier Reinhardt, se pencha, la bave à la bouche, sur nos journaux.
    – Bon Dieu ! Où avez-vous trouvé
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