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Les panzers de la mort

Les panzers de la mort

Titel: Les panzers de la mort
Autoren: Sven Hassel
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qu’j’aie jamais connue… ! Vous parlez si on en avait pour ses vingt marks !
    Nous nous penchions curieusement sur l’amoureuse de Porta. Puis ce fut le tour d’un homme élégamment vêtu d’un complet de bon faiseur.
    Stege s’esclaffa : – Un client pour Gertrude !
    – C’est mieux qu’un voyou comme moi, hé Gertrude ! Rigola Porta. Si on t’avait dit, y a huit jours, que je t’enterrerais avec un si beau monsieur ! Tu vois, tout fini bien !
    Le lieutenant Halter jeta un regard sur la longue file des véhicules qui charriaient, sans arrêt, de nouveaux cadavres.
    – Par l’enfer ! C’est pas bientôt fini ? Cria-t-Il à l’adjudant qui conduisait la colonne. Il y a tout de même d’autres commandos que nous.
    – Oui, mon lieutenant. Mais les cadavres, on dirait qu’il en repousse ! Et plusieurs commandos se sont effondrés.
    Halter eut un juron et se remit à faire ses listes.
    Jour après jour on ensevelissait. Nous étions ivres morts, nos plaisanteries arrivaient au dernier degré de l’obscénité, mais, d’en être encore capables nous donnait une petite chance d’échapper à la folie, car s’il, avait fallu penser…
    Pour finir, on nous fit descendre dans les caves, d’où l’on avait renoncé à extirper les morts. Et nous, les hommes de la mort, dans nos uniformes noirs des divisions blindées, aux armes de la tête de mort, nous fûmes chargés de réduire au lance-flammes les derniers restes de ce qui avait été des hommes. Besogne épouvantable qui faisait s’enfuir, à notre vue, les vivants terrifiés.
    Les langues rouges des flammes sifflaient sur les cadavres et les réduisaient en cendres. Puis la dynamite tonnait et, dans un épais nuage de poussière, s’effondraient les restes des maisons qui avaient abrité tant de générations.
    La presse officielle se chargea de décrire en peu de mots ce qui avait été une vision de l’enfer : « Plusieurs villes du nord de l’Allemagne, parmi lesquelles Cologne et Hanovre, ont subi de dures attaques ennemies. Notre Riposte ne tardera pas. Et déjà de nombreux bombardiers ont été abattus par notre D. C. A. et nos chasseurs de nuit. »
    « Un soldat a des armes pour s’en servir. C’est ce que dit le règlement.
    Et un soldat doit se conformer au règlement.
    En outre, ce sont des exemples qui font appliquer le règlement. »
    Telle était l’éternelle litanie du lieutenant-colonel von Weisshagen qui adorait le règlement.
    Mais qui trouva, néanmoins, désagréable de se faire trouer sa casquette par la balle précise d’un fusil.
    Cette nuit là fut joyeuse à la caserne.
     

UN COUP DE FEU DANS LA NUIT
     
    PENDANT huit jours, nous avions sué sang et eau à l’entraînement des nouveaux chars, sur cette saloperie de terrain du camp de Sennelager. Sûrement, le plus haï de tous ces maudits champs de manœuvre allemands. On disait couramment dans l’armée, que Sennelager près de Paderbonn n’avait pu être inventé que par le démon pour augmenter la misère des hommes. Et ça devait être vrai, car on aurait pu chercher très loin avant de trouver mélange plus lugubre de sable, de marais, de fourrés d’épines, le tout plus solitaire et plus triste que le désert de Gobi lui-même.
    Sennelager était déjà maudit par tous ceux de l’armée impériale qui y étaient passés, avant de tomber en 14. Au temps de l’inflation, les cent mille volontaires du Deuxième Reich en arrivaient à regretter le métier de chômeur, devant l’abominable de ce paysage. Et nous, les esclaves-soldats du Troisième Reich, le maudissons plus que tous les autres réunis. Car tous les sous-offs de l’Empire lie pouvaient être que des enfants, à côté dés sadiques du métier militaire que nous avions, maintenant, pour commandants.
    C’était à Sennelager, également, qu’on exécutait les gens, très nombreux, condamnés par le Conseil de Guerre du Commandement supérieur du Rhin. Mais, comme disait Alte, la mort, dans ce lieu épouvantable, ne pouvait avoir que le visage de la délivrance.
    Bref, de retour à la caserne, nous fûmes désignés, Pluto et moi, pour monter la garde à la grille, avec casques et flingots, tandis que les copains plus chanceux allaient en ville noyer dans la bière l’immondice du champ de manœuvre.
    Porta passa en se dandinant devant nous, Rigolant de toute sa mâchoire, de sorte que l’on pouvait compter les trois dents balisant seules son énorme gueule.
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