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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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s’attendait plus probablement à un mouvement d’humeur
de l’assemblée et tenta de le prévenir en s’appuyant sur la foule contre le
parlement, jouant ainsi « le peuple » contre sa représentation légale.
    Aussi ledit peuple fut-il appelé à entourer
fort tôt l’Hôtel de Ville en arborant cocarde constituée de quelques brins de
paille. On en affubla les femmes et les enfants quand les hommes la portaient
au chapeau. Il eût été assez risqué de refuser pareil cotillon aux soldats de
Condé qui en proposaient avec une certaine insistance. Il fallait donc se
festonner de paille, ou accepter sévère bastonnade.
    Le prince de Condé avait fait dévaliser les
fripiers et des centaines de ses soldats, en civil et paille au chapeau, menaient
grand bruit en les rues pour amener le peuple à l’Hôtel de Ville. En outre, les
maisons situées en face de l’édifice étaient garnies de soldats condéens dont
les armes étaient braquées vers les fenêtres.
    Les notables durent se frayer un chemin à
travers une foule dense et hostile qui promettait la mort aux « Mazarins »,
soufflant à l’oreille des chefs de quartier et des députés les douceurs qui
attendaient les traîtres.
    En outre, la chaleur étant accablante, le
prince n’avait point oublié de faire distribuer du vin, ce qui fit monter la
tension.
    L’assemblée, qui ne voulait ni céder, ni
mourir, dut faire compromis entre les concessions et la limite infranchissable.
Adroitement, elle accepta de demander au roi qu’il congédie Mazarin… puis
revienne à Paris !
    Furieux, Condé, Beaufort et « Monsieur »
frère de Louis XIII quittèrent l’Hôtel de Ville et, avant que de monter en
son carrosse, le prince de Condé désigna l’Hôtel de Ville à la foule en s’écriant :
    — Ce sont des Mazarins, faites-en ce que
vous voudrez !
    Aussitôt, des maisons voisines, près de huit
cents Condéens ouvrirent le feu de leurs mousquets en direction des fenêtres
ouvertes. À l’intérieur, des partisans du prince bloquèrent les issues et la
Milice de Saint-Nicolas-des-Champs, qui avait pourtant devoir sacré de protéger
l’Hôtel de Ville, passa à l’émeute et joignit son tir à ceux des Condéens. Enfin,
la foule surexcitée commença à arroser d’huile et de poix fondue les fagots
déposés en nombre devant les portes fermées de l’édifice.
    Les participants à l’assemblée, affolés, changeaient
de vêtements, se cachaient au plus profond des caves. Le gouverneur de Paris, le
maréchal de L’Hospital, sauta d’une fenêtre. Le prince de Guéménée, capturé en
l’assemblée, fut roué de coups. Les députés, dont plusieurs dizaines devaient
être assassinés, se couchaient sur le sol pour échapper aux balles.
    Enfin, jetant bas les masques, les soldats du
prince de Condé, choisis parmi les plus intrépides et expérimentés, se
rassemblèrent et se lancèrent à l’assaut de l’Hôtel de Ville.
    Le comte de Nissac
et le baron de Galand s’étaient vivement opposés à ce sujet, mais le policier n’avait
point cédé.
    Il y avait d’un côté sa position tolérée par
la Fronde qui se trouvait dans l’ignorance de son loyalisme à la couronne, et
puis de l’autre, il y avait la loi.
    Il savait qu’en défendant militairement l’Hôtel
de Ville avec ses remarquables archers il ruinait l’artifice que constituait sa
position, mais il savait que ses troupes d’élite, même massacrées, infligeraient
considérables dommages aux Condéens et aux émeutiers. Il ne se cachait point de
penser que plus l’affaire serait sanglante, plus ce sang retomberait sur la
tête du prince de Condé et de ses fidèles une fois éloignée la folie de ce 4
juillet.
    Le comte savait parfaitement que son ami
raisonnait avec grande finesse mais il craignait qu’il ne s’exposât
volontairement à la mort, tant son chagrin de la disparition de madame de
Montjouvent semblait profond.
    Le général-comte de Nissac accepta de diriger
les opérations, c’est-à-dire la défense désespérée du dernier flot de loyalisme
en la ville de Paris.
    Face à des centaines de soldats condéens que
le prince pouvait renouveler plusieurs fois jusqu’à des milliers et à une foule
hystérique qui noircissait la place, il ne disposait que des archers
indéfectiblement fidèles au roi, des gardes de l’Hôtel de Ville, de quelques
miliciens loyalistes, d’une dizaine de dragons capturés devant Paris et libérés
des geôles de la
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