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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Fronde par Galand, auxquels s’ajoutaient ses trois Foulards
Rouges qui, comme lui, avaient noué autour de leur cou ce signe de
reconnaissance tandis que le comte portait aussi au bras droit, en brassard, jarretière
de soie rouge et de dentelle blanche de madame de Santheuil.
    Quatre-vingts contre plusieurs milliers.
    Ayant étudié les lieux avec un soin
particulier, Nissac fit construire une barricade au pied du grand escalier
intérieur, puis s’y retrancha avec les siens et un fort armement.
    De plus en plus irrités de cette résistance
opiniâtre, les Condéens lancèrent assaut sur assaut, avec bravoure, mais se
heurtèrent à des hommes d’un grand sang-froid qui ne cédèrent point, repoussant
– parfois in extremis – toutes les attaques. Nissac avait préparé les tirs de
ses mousquets par échelons, si bien que, lorsque vingt hommes tiraient, vingt
autres rechargeaient, vingt autres allumaient les mèches, vingt autres étaient
en position. Le feu roulant ainsi constitué par les défenseurs donnait une
impression d’invincibilité.
    Rien que devant la barricade du grand escalier,
on devait relever au soir plus de deux cent cinquante cadavres de Condéens
parmi les meilleurs soldats du prince qui ne pardonna jamais à Nissac sa
défense acharnée et héroïque du grand escalier de l’Hôtel de Ville.
    Cependant, les défenseurs durent abandonner la
place car non seulement on les tournait de tous côtés, et ils risquaient de se
faire tirer dans le dos, mais on les asphyxiait par les fumées d’incendies
allumés en différents points de l’Hôtel de Ville.
    Nissac donna l’ordre de dispersion, conseillant
à chacun de se mettre en civil et de tenter de sortir de Paris pour rejoindre l’armée
royale.
    La dizaine de dragons n’y parvint jamais :
on les retrouva morts, étouffés par suffocation, l’épée à la main, en un
couloir sans issue.
    Les Miliciens loyalistes furent brûlés vifs en
des circonstances mal connues, mais il semble probable que, capturés, ils
auraient été jetés les mains attachées dans le dos en le brasier.
    Les archers survivants, Galand, Nissac et les
Foulards Rouges suivirent le baron de Florenty vers l’entrée d’un obscur
souterrain mais le comte dut retourner chercher Fervac qui, déchaîné, un
pistolet en chaque main et l’épée entre les dents, se battait encore.
    Le souterrain parut interminable aux
survivants dont certains portaient encore vêtements roussis et fumants.
    En dernier marchait le comte de Nissac, portant
sur ses épaules le corps sans vie du baron Sébastien de Frontignac, tué en
défendant la barricade du grand escalier.
    Exaspérés par la
vaillance des archers, les émeutiers et les soldats condéens se jetèrent à l’intérieur
de l’Hôtel de Ville qu’ils pillèrent, détruisant les archives anciennes, volant
les objets de quelque valeur, tuant magistrats, députés et conseillers, brûlant
vifs les archers qui avaient tenté leurs chances de leur côté.
    On détroussait les cadavres sans la moindre
gêne tandis que, dans les rues adjacentes, on arrêtait ceux des notables qui n’avaient
point pensé à mettre paille sur leur chapeau.
    Ainsi le Conseiller Le Gras fut-il
horriblement lynché. On tuait à l’arme à feu et à bout portant, souvent au couteau,
parfois même à la hallebarde ou à la hache tandis qu’en des endroits plus
discrets, parfois à une toise des poutres fumantes et des cadavres carbonisés, des
couples faisaient l’amour.
    Heureux et fier de lui, le duc de Beaufort
attendit la fin des combats pour revenir à l’Hôtel de Ville.
    Il y entra à cheval puis, ayant découvert où
se trouvait le vin, brisa les tonneaux à la hache afin que les émeutiers s’en
régalent.
    L’aube se levait.
    En une cachette clandestine de la rue des
Marmousets, le comte de Nissac achevait d’écrire un billet au cardinal. Il ne
parlait guère de ses merveilleux exploits, d’autres s’en chargèrent.
    Au reste, son billet fort court allait à l’essentiel,
qualité qu’appréciait hautement Mazarin.
    Monsieur le
Cardinal,
    Après la prise de l’Hôtel de Ville
intervenue seulement lorsque les défenseurs s’en retirèrent, monsieur le prince
de Condé est maître absolu de la ville de Paris, par la force et la violence, mais
sans légitimité.
    Déjà en mésintelligence avec le cardinal de
Retz, il semble que Monsieur, à son tour, s’éloigne du prince.
    En la rue, à l’aube, des Parisiens
parlaient de
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