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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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toutes ces horreurs et ces crimes avec répulsion profonde.
    Le prince ne peut assurer sa domination que
par la force militaire en l’intérieur de la ville qu’il persécute alors qu’il
ne peut espérer en sortir pour affronter monsieur le maréchal de Turenne, ne
balançant pas même à ce sujet.
    Il est donc de saine logique de penser que
cette dictature semblera de plus en plus pesante et odieuse aux Parisiens et
que le prince, quand bien même il l’ignorerait encore, a déjà tout perdu.
    En les jours qui viennent, nous tenterons d’assurer
le passage vers les lignes royales des députés et magistrats fidèles à la
couronne.
    J’ai, par ailleurs, le grand chagrin de
vous annoncer la mort au combat, sur l’ultime barricade et en les derniers
instants, du baron Sébastien de Frontignac, capitaine en l’artillerie royale, et
mon ami.
    Votre serviteur
    L. de N.

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    Une septième croix de pierre blanche au sommet
de laquelle flottait une longue écharpe de soie rouge s’ajouta aux précédentes.
Elle portait le nom du baron de Frontignac mais, pour ses amis, signifiait bien
autre chose et, malgré lui, le comte de Nissac eut un fugitif sourire de
tendresse en songeant à tous les remèdes insensés que son ami lui avait fait
avaler.
    Nissac, Florenty et Fervac tirèrent l’épée.
    Il pleuvait, le ciel était bas et maussade, une
grande tristesse entourait les êtres et les choses. Le roi et le cardinal, prévenus
trop tard, n’avaient pu faire envoyer bouquets de lys selon la coutume lorsque
tombait un Foulard Rouge.
    Comme l’avait prévu
Mazarin, la Fronde entra rapidement en putréfaction.
    Condé avait installé ses hommes en un
gouvernement de la Fronde appelé « Conseil des seigneurs » où l’on
retrouvait Beaufort, Nemours, La Rochefoucauld, Rohan-Chabot, Chavigny, Sully, Brissac
et d’autres encore.
    Les bourgeois furent imposés pour huit cent
mille livres.
    Tout cela demeurait inutile. Pour le peuple de
Paris dégrisé, Condé était seul responsable du grand massacre de l’Hôtel de
Ville et il fut haï comme jamais encore.
    Le lendemain des combats meurtriers, les
commerçants osèrent même garder boutiques fermées.
    Dérisoire, le cardinal de Retz enfermé en son
évêché jouait sur les deux tableaux, ignorant qu’il perdrait partout.
    Fin juillet, le duc de Beaufort tua en duel le
duc de Nemours, pourtant son beau-frère, privant ainsi le prince d’un de ses
meilleurs généraux.
    Les nouvelles taxes et impôts ne rentraient
point, les Parisiens y mettant mauvaise volonté. Gaston d’Orléans fut même
contraint d’emprunter quarante mille livres qu’il remit aussitôt aux fabricants
de munitions, l’armée des princes n’en ayant plus.
    La situation économique de la Fronde se
trouvait aussi désespérée que ses perspectives politiques et militaires.
    Les soldats de Condé, affamés dans leur
campement du Faubourg Saint-Marceau, se jetèrent sur les fruits et les
citrouilles en les jardins. On sonna le tocsin et la foule tua trente soldats
condéens.
    À Paris et en ses faubourgs, on comptait cent
mille mendiants. On mourait de faim. Plus de marchés, ni semailles, ni récoltes
en les environs de la capitale. La charité n’existait plus, le brigandage
prospérait.
    Bravant les ordres de Condé, le duc de La
Trémoille, sans fourrage pour sa cavalerie, lâcha ses chevaux dans les derniers
carrés de blé.
    Le prince ordonna qu’on exécutât les soldats
pillards, leurs officiers préférèrent piller avec eux.
    Faisant une remarque vive au comte de Rieux, celui-ci
répondit si grossièrement au prince que ce dernier le gifla. À quoi le comte de
Rieux répliqua en envoyant son poing en la figure du Grand Condé qui fit
immédiatement conduire son agresseur à la Bastille.
    La place condéenne de Monrond, appartenant au
prince et à laquelle il était fort attaché, se rendit après un an de siège. Le
roi la fit aussitôt raser.
    Nemours tué, La Rochefoucauld aveugle, la
haine des Parisiens qu’il sentait palpable, le prince fut bientôt un homme très
seul, lui que la Cour et les foules avaient adoré.
    En outre, Louis XIV avait très
artificiellement renvoyé Mazarin qui partit en exil, certain de revenir bientôt
mais ce faisant, le roi satisfaisait à une des principales revendications des
Parisiens et ôtait ses raisons à la Fronde.
    Affamés, malades, se sachant détestés, les
soldats de la Fronde commencèrent à déserter, individuellement ou en
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