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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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unités.
    Fin septembre, l’armée condéenne ne comptait
plus que mille cinq cents hommes ! Des groupes de soldats espagnols
reconnaissables à leur écharpe rouge, perdus si loin de leur pays en une ville
où ils ne connaissaient point la langue, erraient dans les faubourgs, tentant
de conserver un reste de dignité.
    Fin septembre toujours, une grande
manifestation des Parisiens eut lieu au Palais-Royal, réclamant le retour du
roi. Condé n’osa point la réprimer.
    En province, des villes frondeuses telles que
Toulon – qui se rendit au duc de Mercœur – capitulaient et se rendaient au roi
qui, fort habilement, multipliait les amnisties envers les Frondeurs qui ne
fussent point hauts seigneurs, accentuant ainsi les divisions.
    Louis XIV préparait son retour. Il
entendait que celui-ci se fît en les meilleures conditions – les plus dures, dirent
certains.
    Entrés en dissidence,
les Foulards Rouges refusèrent de déférer à l’ordre du cardinal qui les « suppliait »
de revenir, mais se réjouissait toujours de leurs succès et qu’ils eussent
enfreint ses ordres.
    Les trois Foulards Rouges, aidés parfois par
les quelques archers qui restaient à Galand, multipliaient les actions.
    Galand, entré lui aussi en dissidence pour
cette guerre privée, trouvait sans cesse de nouvelles cachettes, disposait de
réseaux nombreux et variés, d’espions au cœur même de la Fronde qui, bien que
le recherchant, ne nourrissait aucune illusion sur ses chances d’arrêter l’insaisissable
policier.
    Les Foulards Rouges organisaient la protection
des personnalités fidèles au roi et le passage clandestin de certains députés
et magistrats, d’abord vers Pontoise puis vers Compiègne quand la Cour s’installa
en cette ville.
    Portant l’écharpe Isabelle des Condéens, Nissac
et Fervac provoquaient en duels sous des prétextes futiles les officiers les
plus compétents du prince. Aucun ne survécut.
    En plusieurs occasions, les Foulards Rouges se
postèrent sur les toits, ouvrant le feu avec leurs mousquets sur les officiers
de haut rang ou les seigneurs factieux de quelque importance.
    Les nobles se déplacèrent alors souvent en
carrosse tandis que les convois militaires devaient désigner plusieurs des
leurs à la surveillance des toits pendant que leurs camarades tenaient les
brides de leurs chevaux.
    Tout cela ajoutait au climat d’insécurité
entourant les Frondeurs tandis qu’en la ville, de plus en plus ouvertement
favorable au retour de Louis XIV, se multipliaient les réseaux royalistes.
    Les derniers financiers de la Fronde furent
assaillis par les Foulards Rouges aidés de quelques archers. Les palais étaient
incendiés, les banquiers balafrés sur chaque joue : bientôt, on ne vit
plus de banquiers.
    Le plus grand espion de la Fronde fut capturé
par les Foulards Rouges. Interrogé par Jérôme de Galand, qu’animait une haine
glacée, il indiqua les noms d’une trentaine d’agents : tous disparurent en
vingt-quatre heures.
    On voyait la main des Foulards Rouges partout
et il n’était point une infortune de la Fronde où l’on ne soupçonnât Nissac.
    Lorsqu’ils se rencontraient en quelque grenier
ou cave, Nissac entreprenait souvent Galand au sujet de l’Écorcheur qui ne se
manifestait plus guère. En ces occasions, le policier se laissait aller à
sourire et répondait invariablement à son ami :
    — La chose viendra bientôt…
    Le comte de Nissac s’en irritait, persuadé qu’on
ne lui disait point tout mais Jérôme de Galand tenait bon, assurant qu’il se
trouvait sur l’instant d’aboutir, que l’arrestation du monstre n’était plus qu’une
question de jours, d’heures, peut-être.
    Début octobre, la décomposition de la Fronde
semblait totale. On désertait partout, du soldat condéen qui suivait le prince
depuis Rocroi, neuf ans plus tôt, au grand seigneur soudain soucieux de quitter
Paris pour retrouver ses terres afin de s’y faire oublier.
    Le 5 octobre, monsieur le maréchal de Turenne
retira ses troupes des environs de Paris et, par cette manœuvre, il facilitait
à la fois le départ des déserteurs tout en affichant un souverain mépris pour
les débris de l’armée condéenne, traitée comme si elle ne représentait plus
aucun danger.
    Le 13 octobre, le prince de Condé quittait
définitivement Paris avec les mille cinq cents officiers et soldats malades et
sous-alimentés de son armée.
    Le lendemain, le duc de Beaufort abandonnait
ses
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