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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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de Nissac revint avec la statuette
représentant Mathilde. Devinant son ami Galand trop impressionné pour parler, il
se substitua à lui :
    — Gaston d’Orléans, vous crèverez seul. Et
vous crèverez en pensant que moi, comte de Nissac, j’ai le bonheur de caresser
chaque jour le corps de celle qui inspira votre passion. Quant à ce que fera le
roi, en regard de cela, c’est de peu d’importance !
    Puis, d’un geste d’une grande violence, il
jeta la statuette contre le sol de marbre où elle se brisa.
    Le long rapport de
Jérôme de Galand partit le jour même avec quelques preuves et le roi le lut à
la nuit, jetant un regard navré sur les têtes des malheureuses en leurs bocaux.
    Il envoya un billet, à l’aube, après qu’il eut
réfléchi de longues heures :
    Monsieur le
général de police, cher Galand
    Mon oncle est de
sang royal, frère du défunt roi mon père. Je ne puis lui prendre la vie, ni lui
organiser procès qui serait déshonneur pour tout le royaume.
    Mais il sera durement châtié.
    Louis, roi de
France.
    Le lendemain, 15
octobre, le général de police Jérôme de Galand reçut la royale réponse.
    Il passa son habit noir qu’il fit brosser, se
fit raser de près, coiffa son chapeau noir à plume noire et se rendit au petit
cimetière des Foulards Rouges. Enfin, devant la tombe de madame de Montjouvent,
le chef de la police se tira une balle dans la tête.
    Le 16, c’est-à-dire le lendemain, les trois
Foulards Rouges assistèrent à son enterrement. Le comte de Nissac avait fait
élargir la fosse de madame de Montjouvent et plaça le cercueil de son ami au
côté de celui de la femme qu’il avait aimée.
    Les deux croix, voisines, se touchaient.
    Le roi de France envoya des dizaines de
bouquets de lys qui contrastaient en un effet heureux avec les huit écharpes de
soie rouge qui flottaient gracieusement au vent.
    Le comte de Nissac, les barons de Fervac et de
Florenty, une fois les honneurs rendus, rengainèrent leurs épées.
    Puis ils se regardèrent.
    Ce fut Florenty, en sa simplicité, qui résuma
la pensée de tous en disant :
    — Nos femmes nous attendent depuis bien
longtemps… J’aimerais rentrer chez nous !…

82
    Les trois hommes, le foulard rouge autour du
cou, chevauchaient de front, en silence, fatigués et poussiéreux.
    Au centre se trouvait le comte de Nissac, flanqué
des barons de Fervac et de Florenty. Un aristocrate de vieille noblesse entre
un ancien condamné à mort et un ex-galérien.
    Ils se rendaient au château de Saint-Germain
où venait de s’installer la Cour. Le secrétaire de Mazarin, qui n’avait point
suivi son maître en son artificiel exil, insistait, par billet, pour qu’ils
arrivent à trois heures de relevée très précisément.
    Ainsi firent-ils, se demandant, dès leur
arrivée, s’ils ne s’étaient point trompés d’heure, de lieu ou de jour.
    Le roi Louis le quatorzième, sur un beau
cheval blanc, précédait monsieur le maréchal de Turenne et tous les hauts
seigneurs de la Cour tandis que de forts contingents de l’armée royale se
trouvaient alignés de part et d’autre de l’allée pour rendre les honneurs aux
trois cavaliers gris de poussière.
    Le comte de Nissac se détacha légèrement de
ses deux amis. Malgré la fatigue de l’interminable guerre contre la Fronde et
son visage aux traits tirés, il avait belle allure, quoiqu’elle semblât
curieuse à certains. L’épée au côté, deux pistolets à l’arçon de sa selle et un
troisième à la ceinture, un manche de poignard dépassant d’une de ses bottes, une
longue cape noire au vent, il portait jarretière de soie rouge et de dentelle
blanche à son bras droit. Coiffé d’un chapeau de feutre marine au bord rabattu
sur les yeux, et dont les magnifiques plumes rouges et blanches frémissaient au
vent, il avait tout à la fois l’aspect d’un distingué chef de brigands et d’un
grand seigneur s’en revenant de guerre.
    Arrivé devant le roi, il tira les brides de
son haut cheval noir qui, se dressant, leva les pattes en battant l’air tandis
que dans le même temps, en un geste de grande élégance qui indiquait haute et
ancienne noblesse, le comte enlevait son chapeau d’un geste large devant le
monarque.
    Celui-ci lui sourit.
    — Bienvenue à vous… Monsieur le maréchal
de Nissac !
    Nissac mit quelques secondes à comprendre qu’il
s’agissait bien de lui, puis :
    — Sire, je vous ai servi comme tant d’autres
l’ont
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