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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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fait.
    — Non point. Mille tels que vous et le
monde entier serait à moi.
    — Mais nous ne fûmes que douze, Majesté.
    Un voile de tristesse traversa le regard de
Louis XIV.
    — Et vous ne restez que quatre de cette
magnifique aventure.
    Les huit tombes des Foulards Rouges, à l’ombre
de la petite église et du grand if, furent pensée commune aux deux hommes, puis
le roi soupira :
    — Vous ne saurez jamais, monsieur le
maréchal, combien en ces terribles années vos multiples exploits soutinrent mon
cœur, celui de la reine ma mère et du cardinal. Je vous en fais grand merci car,
si vous n’aviez point été là, le jugement que je porte sur les hommes serait
bien différent.
    Le roi se pencha légèrement en avant sur l’encolure
de son cheval et, baissant le ton :
    — Chercheriez-vous quelqu’un en la foule ?
    — En vérité, Votre Majesté…
    Le roi se redressa, souriant de l’embarras du
maréchal de Nissac.
    — Savez-vous qu’il est personne qui vous
attend avec grande impatience ?
    Une crispation des mâchoires, un instant, indiqua
assez l’intérêt du comte et la chose amusa Louis XIV qui, se tournant vers
le château à l’extrémité de la longue allée, leva la main.
    Tout au bout de l’alignement du millier de
gendarmes, dragons, chevau-légers, mousquetaires et cuirassiers apparut
silhouette féminine sortie des rangs des gens de Cour et qui se tenait seule et
immobile au milieu de la grande allée.
    Le visage du roi, brusquement, retrouva
expression enfantine.
    — Nissac, donnez-moi encore à rêver tout
éveillé, prenez un galop comme je l’imagine des Foulards Rouges… et que je ne
vous revoie point avant ce soir, à ma table !
    Nissac enfonça les talons de ses bottes en les
flancs de son haut cheval noir qui prit bientôt vitesse de grand galop.
    Le roi, le millier de soldats, les courtisans
regardaient non sans effroi la scène qui se déroulait sous leurs yeux, scène au
reste d’une grande beauté, mais dont le sens leur échappait.
    Le cheval noir filait, son cavalier presque
couché sur l’encolure pour ne point offrir prise au vent qui faisait flotter sa
longue cape noire et couchait les superbes plumes rouges et blanches de son
chapeau.
    Le cheval et son cavalier arrivaient droit sur
Mathilde de Santheuil. Celle-ci ne bougeait point, et le cheval ne s’écartait
pas d’un pouce de sa folle trajectoire.
    Le roi, les soldats et les belles dames de la
Cour poussèrent ensemble un cri d’effroi qui fut bientôt clameur, tous
imaginant la baronne renversée.
    Mais le cavalier fit chose bien extraordinaire,
qu’on n’avait jamais vue encore et qu’on ne revit jamais plus à la Cour de
Louis XIV.
    Le pied gauche de Nissac quitta l’étrier et le
comte, en grand équilibre, se pencha vers la droite, prenant en ses bras
puissants la baronne comme la main cueille une fleur.
    Puis, il déposa la jeune femme devant lui, assise
par le travers de la selle, et ralentit sa monture.
    Il sembla à tous que le couple échangeait bien
long baiser. Enfin, tandis que la baronne passait les bras autour de la taille
de son comte bien-aimé, celui-ci fit dresser son cheval noir sur ses pattes
arrière et salua Louis XIV d’un geste plein de grâce en ôtant son chapeau
à plumes.
    Alors le cheval, d’un pas tranquille, mena le
couple toujours enlacé vers le château.

ÉPILOGUE
    LE
ROI…
    Le roi Louis XIV et Anne d’Autriche
firent entrée solennelle en la ville de Paris le 21 octobre 1652.
    Ce fut au tour des Frondeurs de raser les murs…
    *
    *   *
    LES MAUVAIS…
    Le 23 octobre, Gaston d’Orléans, d’ordre de
son royal neveu, quitta Paris à tout jamais pour mourir quelques années plus
tard, en son château de Blois, oublié de tous. Ou presque.
    *
    *   *
    Le duc de Beaufort
fit assez plate soumission au roi et, peut-être encore fasciné par Nissac, obtint
le commandement d’une flotte royale.
    En gros progrès, il battit deux fois les
Barbaresques mais fut tué en 1669 au siège de Candie.
    *
    *   *
    Le « Grand
Condé » passa aux Espagnols, remporta quelques victoires aux dépens de ses
compatriotes mais, commandant l’armée espagnole, il fut battu par Turenne entre
Dunkerque et Nieuport lors de la décisive « bataille des dunes ».
    Pardonné en 1668, il succéda à Turenne au
commandement des armées et, pour le roi de France, renoua avec le succès.
    Il vieillit entouré de poètes et d’écrivains, tels
Boileau et Racine et sans
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