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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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mèches de leurs mousquets.
    Le corps de Ferrière fut un instant agité sous
les impacts des balles et la chaise tomba sur le côté.
    Jérôme de Galand s’approcha et, d’une violente
poussée du pied, fit basculer en la rivière de Seine le corps de Ferrière
toujours lié à sa chaise.
    La scène ne manquait point de dureté.
    Satisfait, Galand hocha la tête. Avec grande
discipline, les archers se retirèrent, laissant le carrosse et un des leurs.
    Nissac, qui avait compris, regarda Galand avec
un air de fatigue extrême :
    — Pourquoi vous a-t-il trahi ?
    — L’or. J’en ai trouvé deux cassettes
chez lui. Malheureusement, s’il a reconnu sa trahison, il n’a point voulu
révéler le nom de son maître l’Écorcheur, de peur, m’a-t-il dit, de
représailles sur sa femme et son enfant. Puis, trompant un instant ma vigilance,
il a avalé ce poison.
    — Et pourquoi ne point le laisser mourir
chez lui ?
    Jérôme de Galand eut un haut-le-corps :
    — Le laisser choisir sa mort ? Jamais
je n’aurais consenti pareille chose !… C’est à nous, gens de police, de
régler nos affaires puisqu’il n’y a plus de justice en cette ville. À nous… mais
en votre présence. La mort du marquis de Dautricourt, c’est lui ! La mort
du baron de Bois-Brûlé, c’est encore lui. La blessure de madame de Santheuil, c’est
toujours lui. Comme c’est lui qui arma la main de l’assassin de madame de
Montjouvent.
    — Comment avez-vous su ? demanda
Nissac d’une voix lasse.
    — La preuve, ce fut l’or. Et sa
découverte précéda les aveux. Mais le soupçon vient de loin. Qui m’a empêché de
me rendre immédiatement à Auteuil ? Un ordre de Condé faisant suite à une
information habilement transmise et qui me paralysa des heures – Ferrière ne
pouvait ignorer qu’il en serait ainsi. Qui, devinant leurs témoignages
dangereux, pouvait faire étrangler en leurs cellules les quatre mousquetaires
capturés à Auteuil ? Vous, les Foulards Rouges, moi et Ferrière : mais
nous n’y avions, vous et moi, aucun intérêt. Qui connaissait une des quatre
missions possibles dont celle des boulets espagnols qui fut fatale à deux de
vos hommes ? Ferrière et moi. Qui savait que je gardais madame de
Montjouvent à mes côtés, qui d’autre que moi le savait et savait qu’on pouvait
m’anéantir en la tuant : ce chien puant de Ferrière que j’avais préparé à
me succéder !
    Le ton de Jérôme de Galand montait, la colère
se mêlant au chagrin :
    — Il a déçu tous les espoirs que j’avais
placés en lui, trahi ma confiance et brisé ma vie !
    — Mais il vient de le payer de la sienne !
répliqua doucement le comte de Nissac.
    Le général de police donnait l’impression de
ne point écouter :
    — Pour de l’or ! Mais l’or sera-t-il
donc toujours la seule chose qui fasse avancer les hommes ?
    — Vous savez bien qu’il n’en sera pas
toujours ainsi ! assura le comte.
    Il prit Galand par les épaules et l’obligea à
se retourner. Une aube bleue et rose se levait sur Paris.
    Galand sourit.
    — Ah oui, bien sûr, la douceur des aubes…
    Puis, comme en s’ébrouant :
    — Pourtant, elle se lève sur un jour
terrible, cette aube !
    — Je le sais.
    — Qu’allez-vous faire ?
    Le comte sourit.
    — Comme tout le monde, me procurer de la
paille. Le policier, qui avait suivi sa pensée, sourit à son tour.

79
    Le 4 juillet 1652 entra en l’histoire sous le
nom de « Journée des pailles » mais les esprits les plus vifs et les
plus avisés du temps y virent coup d’État dans le coup d’État.
    À la faveur d’une réunion des grands corps à l’Hôtel
de Ville, il s’agissait pour le prince, rien moins, d’annihiler le parlement, de
renverser la municipalité, de terroriser le clergé, l’université et de mettre
au pas délégués de quartiers et des métiers. En outre, il tenait particulièrement
à ce que l’on expulse ou tue Le Febvre, prévôt des marchands, et le maréchal de
L’Hospital, gouverneur de Paris.
    Au reste, pour tenir Paris d’une main de fer, le
prince de Condé entendait faire attribuer toutes les places de première
importance à ses amis de la Fronde, ceux qui n’iraient point contre ses vœux :
le duc de Beaufort gouverneur de Paris, Gaston d’Orléans lieutenant-général du
royaume et lui-même, général en chef des armées.
    Une acceptation en les règles de ses « désirs »
eût satisfait le prince mais il
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