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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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rêver. Les Foulards Rouges rappellent sans cesse aux Parisiens qu’ils
ont un roi et que celui-ci a des fidèles, et que ces fidèles sont les plus
nobles et téméraires gentilshommes qui soient au monde. Les Foulard Rouges à
Paris, cela veut dire climat qui n’est point à la sécurité pour les princes
félons, doublement ou triplement des escortes de convois importants, danger
permanent pour la Fronde d’être frappée en plein cœur, usure, angoisse et
fatigue. Comprenez-vous ?
    — Je crois ! répondit la baronne.
    Mazarin se leva, souriant.
    — Je vais envoyer ordres précis au comte
de Nissac. Ce qui nous importe, à présent, c’est que les Foulards Rouges
rappellent qu’ils sont là, point qu’ils exposent leur vie.
    Il réfléchit et soupira :
    — La mort de la Fronde à Paris sera sans
doute chose semblable à lente pourriture. Il arrivera un moment où d’elle-même,
sans qu’il soit besoin de nos agents, elle suscitera le dégoût des Parisiens
car le prince est autoritaire et brutal, les ducs se querellent entre eux, les
bourgeois s’inquiètent. Dès cet instant, je ferai revenir mes Foulards Rouges. Et
ce sera pour toujours.
    Jehan d’Almaric
serra les dents puis, de son rasoir, le barbier lui entailla profondément le
visage de la pommette au menton.
    Le sang jaillit, le barbier pressa un linge
sur la longue balafre.
    Sans perruque, les cheveux coupés très courts,
un bandeau sur l’œil et une tenue qu’on voit aux crocheteurs, à quoi s’ajoutait
à présent cette longue cicatrice, il eût été impossible en regardant homme si
disgracieux et éprouvé de reconnaître le très élégant marquis d’Almaric.
    Mais c’est là tout ce qu’il souhaitait, craignant
à chaque instant d’être arrêté par les hommes de l’Écorcheur.
    Car ce dernier n’avait point oublié celui qui
organisait ses crimes. À preuve, les Condéens surveillaient toujours sa maison
de la rue du Petit-Lion.
    Le marquis déménageait chaque jour, mais la
chose le ruinait et sa bourse serait bientôt vide.
    Cependant, d’Almaric ne voulait point renoncer.
Beaucoup trop d’or l’attendait en secrète cachette de sa demeure. Sans parler
de la bague offerte par l’Écorcheur, et où se voyait splendide diamant.
    Il lui fallait son trésor. Avec lui, en un
pays lointain, il retrouverait son rang et ses avantages.
    Déjà, il avait repéré affreux logis, au fond d’une
cour de la rue des Poirées où vivre ne serait point coûteux.
    Déjà encore, il avait longuement regardé au
port des Foins le travail des portefaix et se sentait capable d’accomplir
pareille besogne qui, pour vile qu’elle lui parût, lui permettrait de survivre
en attendant de récupérer sa fortune.
    Il subirait tout, même la misère, mais ne
renoncerait point.
    Les quatre Foulards
Rouges attendaient, sur leur garde, observant les quatre archers qui avaient
planté leurs fourches en terre et tenaient prêts leurs mousquets.
    Eux aussi attendaient ils ne savaient quoi.
    La scène se passait à l’aube, sous le
Pont-Neuf, et ne semblait point réelle.
    Un carrosse arriva à vive allure et le baron
Jérôme de Galand en sortit rapidement pour venir droit vers le comte de Nissac
en disant à mi-voix :
    — J’ai cru de mon devoir d’amitié de vous
faire assister à cela.
    Deux archers descendirent du carrosse et
tirèrent un corps. Nissac fut très surpris de reconnaître Ferrière, le
lieutenant de Galand, mais il ne fit point de commentaire.
    Ferrière était inanimé, une écume rosâtre aux
lèvres.
    — Il semble fort mal en point ! commenta
le baron de Fervac.
    — Rien qui soit plus naturel, il est
mourant ! répondit Galand tandis qu’on appuyait Ferrière contre la pile du
Pont-Neuf se trouvant sur le quai.
    Le corps glissa aussitôt et tomba au sol.
    — J’en étais certain !… La chaise !…
ordonna Galand.
    Deux archers retournés au carrosse en
sortirent une chaise à dossier haut sur laquelle Ferrière fut attaché, à
proximité de l’eau.
    Les Foulards Rouges se taisaient, devinant qu’il
s’agissait d’une affaire intérieure à la police mais se demandant tout de même
en quoi cela les concernait.
    Les six archers conservaient un visage
inexpressif, sans doute à dessein. Il s’agissait d’hommes de confiance du
cardinal, entrés tout exprès dans la police pour épauler Jérôme de Galand.
    Sur un signe de celui-ci, les quatre archers
qui avaient attendu le carrosse allumèrent les
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