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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Voyez-le au sujet de cette affaire d’Écorcheur. Il
semble que l’homme soit puissant, dispose de bien des complices. Il doit donc s’agir
d’un grand seigneur. Ces crimes affreux soulèvent grande indignation. Si… Si
nous avions de la chance, si l’Écorcheur était un Frondeur, imaginez le parti
que nous pourrions en tirer.
    — Mais je n’ai aucune expérience des
affaires criminelles et moins encore des gens de police !
    — Vous avez l’intelligence et l’esprit de
méthode, c’est plus qu’il n’en faut. Vous êtes en toutes choses l’homme de la
situation !… Et mon ami, mon seul ami.

6
    Melchior Le Clair de Lafitte était un bel
homme blond, mince et de haute taille. Âgé de trente-huit ans, comme Nissac, il
partageait son temps entre ses nombreuses maîtresses et son service de colonel
aux chevau-légers attaché au Palais-Royal, trop heureux d’échapper à une épouse
dont le constant babillage le laissait sans voix.
    Il avait connu le comte de Nissac dix ans plus
tôt, lors d’un duel. Une lamentable affaire de préséance à l’entrée d’une
taverne, les témoins réunis sur-le-champ, rendez-vous pris pour le lendemain… et
toute une nuit à discuter.
    Si bien qu’au matin, ni l’un ni l’autre ne
souhaitait envoyer Ad Patres un gentilhomme qu’il estimait et dont l’agréable
commerce risquait de lui bien vite manquer.
    Sur le pré, après un ou deux échanges, la
supériorité de Nissac parut éclatante et, pour en finir sans grand dommage tout
en satisfaisant aux exigences de l’honneur, le comte avait égratigné le gras de
l’épaule de son adversaire.
    Depuis, leur amitié n’avait pas connu la
moindre faille et, lorsque les vicissitudes du service aux armées lui en
laissaient le temps, Nissac ne manquait jamais de venir à Paris rencontrer Le
Clair de Lafitte qu’il avait en outre invité, rare privilège, en son château
proche de Saint-Vaast-La-Hougue et Barfleur.
    Pour l’instant, ils visitaient avec intérêt un
hôtel particulier acheté en sous-main par Mazarin rue du Bout du Monde, à
proximité de la rue Mont-Orgueil. Vêtu de soutanes, ils avaient été présentés au
voisinage par un certain marquis d’Auffrey des Étangs, prête-nom de Mazarin qui
les fit passer pour l’avant-garde d’un groupe de Jésuites hongrois qui devait s’établir
en l’hôtel pour quelque temps.
    Peu auparavant, ils étaient passés en une
maison de la rue Sainte-Marie Égiptienne, proche des Vieux-Augustins. L’endroit,
qui faisait relais de chevaux, appartenait lui aussi au cardinal et le couple
qui l’occupait comptait parmi les plus dévoués de ses agents.
    Lorsque Nissac lui eut fourni quelques
explications, Le Clair de Lafitte ne cacha point son admiration :
    — Ainsi tout cela serait ton plan ?
    — En effet.
    — Et le cardinal l’a donc approuvé ?
    — Entièrement. Mais c’est lui qui m’a
réservé cet hôtel et ouvert les portes de la maison de Sainte-Marie Égiptienne.
    Le Clair de Lafitte caressa sa barbe blonde d’un
air rêveur :
    — Donc, si je te comprends bien, cet
hôtel est notre repaire et de fait, nous y serons tranquilles. Nous y arrivons
et en repartons en soutane, changement de tenue rue Sainte-Marie Égiptienne où
nous laissons nos chevaux en les écuries, et le tour est joué.
    — Espérons-le. Ce qui semble certain, s’il
y a siège de l’armée royale, c’est qu’un groupe d’hommes vivant ici et portant
l’épée au côté attirerait vite l’attention or, la population sera nerveuse.
    — Je n’aimerais point être pendu en
portant habit de prêtre !
    — Pendu pour pendu, et nous le serons
certainement, la différence n’est pas des plus grandes, ne crois-tu pas ? demanda
Nissac, étonné.
    — Oui mais vois-tu, l’idée qu’on puisse y
voir sous ma soutane tandis que je me balancerais à une branche, cette idée m’est
fort désagréable. Je suis colonel, pas demoiselle !
    — Tu as de ces pudeurs singulières !…
Mais ils ne nous ont pas encore pris. Allons, il est temps de partir.
    — Où allons-nous ?
    — À Saint-Nicolas, rue
Saint-Thomas-du-Louvre. Frontignac, qui est en route depuis les armées, doit
nous y attendre déjà.
    Âgé de vingt-cinq
ans, le baron Sébastien de Frontignac, lieutenant d’artillerie, avait plusieurs
cordes à son arc. Ainsi, les remèdes contre à peu près tous les maux sans tenir
compte des prescriptions des médecins, les prophéties sur le temps,
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