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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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une
excellente connaissance de l’usage de l’artillerie en campagne, le jeu d’échecs
où il excellait et une foi sincère en Dieu.
    Cela mis à part, sa fidélité envers son
général, le comte de Nissac, était absolument sans faille et nourrie d’une
grande admiration.
    Gentilhomme d’Anjou et dernier-né d’une
famille de onze garçons, il n’escomptait nul héritage ni bonne fortune mais
vivre près de Nissac lui paraissait une compensation de grand prix.
    Pour l’heure, il attendait, crotté et fatigué,
à côté d’un cheval gris, fourbu lui aussi, et qu’il tenait assez court à la
bride.
    Il se redressa cependant en apercevant son
général et Le Clair de Lafitte, qu’il avait déjà rencontré lors d’un précédent
voyage mais en des circonstances, il est vrai, beaucoup moins dramatiques.
    Espérant le voir réagir ainsi qu’il l’escomptait
à propos de ses petites manies, Le Clair de Lafitte entreprit le lieutenant en
affectant un air de sincère curiosité :
    — Ah, Frontignac ! Auriez-vous
quelque sage prophétie sur ce temps glacé qui pénètre au plus profond des os ?
    Frontignac jeta un rapide regard au ciel bas
et gris, de grande mélancolie, puis parla avec entrain :
    — Pour qui sait regarder, la chose n’est
point douteuse. Cette année, les chênes abondaient en fruits et les canards
avaient la poitrine rougeâtre. De tels signes n’ont jamais trompé encore :
l’hiver sera long, glacé et dur aux hommes.
    — J’aime à vous entendre dire semblables
horreurs sur ton de grande gaîté ! répondit le colonel des chevau-légers
en montant en selle.
    Nissac ne bougea pas et demanda :
    — Où allons-nous ?
    Le Clair de Lafitte observa le palais du
Louvre à main gauche, le château des Tuileries à droite, puis se décida à
parler :
    — Vous nous amenez le baron de Frontignac,
je m’en vais vous présenter un homme qui nous sera utile… si vous arrivez à
admettre qu’il n’est point parfait.
    — Où demeure-t-il ? s’enquit Nissac.
    — À deux pas d’ici, rue du Coq et une
telle rue, par son nom, semble avoir été créée à son seul mérite.
    Nissac et Frontignac se mirent en selle mais
le général retint la bride du cheval de Le Clair de Lafitte.
    — Un instant. La mission est trop
importante pour que je m’engage sans en savoir davantage. Comment s’appelle ton
homme ? Et qui est-il ?
    Une ombre de contrariété traversa le regard du
colonel des chevau-légers, qui sans doute préparait quelque surprise. Mais l’attitude
un peu raide de Nissac lui fit souvenir qu’on ne plaisantait pas avec cette
affaire où ils allaient sans doute risquer dix fois leur vie.
    Il s’expliqua :
    — L’homme s’appelle Maximilien Fervac. Il
est aux Gardes Françaises et sans doute un peu proxénète, sa belle ayant le
pouvoir de faire chavirer le cœur des commerçants riches et âgés.
    — Aux Gardes Françaises ? Mais cela
n’a rien à voir avec tes chevaux-légers ? répondit Nissac.
    — Il fut jadis en mon régiment et pris la
main dans le sac, enfin, derrière la robe relevée de l’épouse d’un capitaine
qui, pour se venger, inventa une grave affaire de vol alors que nous étions en
campagne, ce qui permettait de le pendre sur-le-champ. Mais le condamné à mort
demanda à me parler en secret. Je l’écoutai. Il me proposa, en échange de sa
vie, de m’être dévoué rappelant que, s’il ne tenait pas parole, il me serait
facile, sous quelque prétexte, de le renvoyer au gibet. Vois-tu, je l’avais
remarqué depuis longtemps déjà car, toi mis à part, c’est la plus fine lame qu’il
me fut jamais donné de rencontrer.
    — Allons voir à quoi il ressemble ! déclara
le comte de Nissac en donnant du talon dans les flancs de sa monture.
    Le Clair de Lafitte
ouvrit la porte d’un coup de botte et la stupeur marqua un instant ses traits. Les
siens et ceux de ses compagnons.
    Ils eurent en effet la vision d’un ravissant
dos de femme dont les fesses, rondes et dodues, semblaient un véritable appel
au péché de chair.
    — Je me sens de moins en moins jésuite !
murmura Le Clair de Lafitte.
    La femme, découvrant les trois hommes, se leva
sans hâte excessive, ramassa quelques affaires et gagna une pièce voisine, laissant
découvrir aux arrivants la vue de l’homme sur lequel elle se trouvait assise un
instant plus tôt.
    Il s’agissait d’un homme jeune, d’abord
déconcerté qui, brusquement, se leva, enfila un
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