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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier
Autoren: Pierre Naudin
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a comme lui dix-huit ans ; cette fille dont il connaît les mœurs singulières l’irrite et l’attire. Peu soucieux de commettre un inceste, bien que la peur l’en ait longtemps tourmenté, le garçon finira par voir ses désirs exaucés.
    Apprenant que son oncle – qui vient d’accorder sa fille aînée, Claresme, à un armurier de Tolède, Pedro del Valle – a l’intention de marier Tancrède à un baron quadragénaire, Garin de Linars, Ogier délivre la jouvencelle que Guillaume, prudent, avait séquestrée. Il l’aide à fuir le château paternel en la seule compagnie d’un jeune paysan, Jean du Taillis. Ce « huron » s’est si bien comporté, lors du siège de la forteresse par les Anglais de Robert Knolles, au mois d’août 1345, qu’il y fut armé chevalier. C’est au cours de ces terrifiants assauts qu’Ogier, par sa conduite, a également gagné ses éperons d’or.
    Tandis que Tancrède, la passionnée, rêve de se joindre aux héroïnes de l’indépendance bretonne, Jeanne de Montfort et Jeanne de Clisson, Ogier entretient deux désirs en son cœur : atteindre au plus tôt Gratot, le château de sa famille, pour rassurer son père sur sa vigueur et son habileté au maniement des armes, et retrouver Blainville, qu’il souhaite occire devant le roi après l’avoir dénoncé comme traître. Il ne possède aucune preuve, ni tangible ni testimoniale, de la félonie de cet homme, mais sa religiosité, forte, inébranlable, le soutient : Dieu, en temps voulu, le viendra secourir.
    Fuyant Rechignac en sachant que l’aide apportée à l’évasion de Trancrède déchaînera le ressentiment de son oncle – qui sans doute va lancer des hommes d’armes à sa poursuite – Ogier chevauche vers le nord. Son chien Saladin court devant lui ; ses compagnons se taisent. Ce sont Thierry, un ancien forgeron devenu écuyer ; Bressolles, architecte et maçon, qui peut-être est hérétique ; Raymond et Norbert, des hommes d’armes ; Adelis, une ribaude décidée à fuir le Périgord, et un allié des Anglais qu’Ogier a épargné dans un combat où se décidait le sort du château de Rechignac… et qui n’a pas tardé à lui sauver la vie lors d’un banquet auquel participaient Arnaud de Cervole et ses frères. Cet homme arrogant et moqueur, c’est Enguerrand de Briatexte. Mais est-ce bien son nom ?
    Ogier emporte dans son bagage une épée magnifique, don de son oncle : celle de Hermann von Salza, Grand Maître des chevaliers teutoniques, mais il lui préfère sa fidèle Confiance.
    Il sait que son itinéraire emprunte des chemins en lisière des terres du baron d’Augignac dont le fils, Renaud, le déteste. Ce damoiseau fourbe et hautain lui a enjoint de passer au large lorsqu’il partirait pour Gratot. Il n’a cure de ces menaces.
    Il pleut à verse et fait nuit noire au départ, silencieux, de Rechignac. Le jouvenceau effrayé de l’Écluse est devenu non seulement un homme ; il est un chevalier. Hélas ! il ne peut encore arborer à la face externe de son écu, et sur fond d’azur, deux lions d’or affrontés aux queues épanouies…

PREMIÈRE PARTIE « QUI M’AIME ME SUIVE ! »

I
    Le sentier montait, bosselé de rocs noirs, tavelé de flaques boueuses, entaillé d’ornières à demi dégravelées, crépitantes ou clapotantes, sous les sabots.
    — La pluie s’apaise, grommela Thierry Champartel.
    — Peut-être, dit Raymond, verrons-nous le soleil avant son coucher.
    — Cela m’ébahirait ! s’exclama Briatexte. N’est-ce pas, l’ami ?
    Ogier d’Argouges eut une moue de doute et d’amertume.
    — Ce dont je suis sûr, dit-il, c’est qu’avec ce déluge, la meute que mon oncle a dû lancer à notre ressuite aura perdu nos traces… Allons, du nerf !… Voici venir la fin de vos peines.
    Depuis l’aurore, il les encourageait. Il leur avait accordé quatre haltes sommaires, toujours sur des hauteurs afin de s’assurer que nul ne les suivait. Maintenant, il devait se rendre à l’évidence : l’ardeur qui l’avait animé s’était dissoute au gré des averses. Il ne subsistait rien de son désir d’insérer vélocement cinq ou six lieues entre son troupeau et le château de Rechignac. Cependant, si la fatigue engourdissait son corps, sa prudence exacerbée par la lenteur d’un cheminement pénible lui enjoignait de chevaucher jusqu’à la nuit.
    Il mentit, péché véniel :
    — Nous nous arrêterons bientôt, mes compères. C’est la
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