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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier
Autoren: Pierre Naudin
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mourut en 1312 après avoir assuré, par testament, 8 000 livres de rente aux enfants de sa seconde épouse et laissé son duché à son fils aîné, Jean III. Peu de jours après son accession au trône, celui-ci se rendit à Paris pour y faire, selon l’usage, hommage de ses terres à la couronne de France. Aussitôt ce devoir accompli, son premier soin fut d’adresser au Pape une supplique dans laquelle il demandait que le mariage de son père avec la duchesse Yolande fût déclaré nul et leurs enfants déchus, par conséquent, de la succession paternelle. Il appuyait cette requête sur le fait que le duc Arthur et Yolande, quoique parents au quatrième degré, n’avaient pas obtenu les dispenses nécessaires à la validité de leur union. Le Pape chargea l’évêque de Coutances et l’archidiacre de Vire d’examiner ces doléances. La duchesse, outrée, se hâta d’écrire au roi, en l’occurrence Philippe le Bel, pour solliciter son intervention. Or, il apparut que le fait allégué par Jean III était exact. À peine incestueux, mais cependant coupables, Yolande et Arthur avaient dérogé aux saintes conventions et oublié – sans doute volontairement – à quoi les obligeait leur parenté ! Le roi pria cette femme importune de chercher un accommodement avec son beau-fils. Le comte de Valois et le comte de Saint-Pol furent chargés de la négociation. Les détails de ces tractations empliraient bien dix pages : passons donc pour constater qu’un accord fut trouvé le 3 mars 1313.
    Alors Jean III dont le caractère ténébreux et le fort appétit de pouvoir sont indéniables, régla la succession de Guy, né comme lui d’Arthur II et de Marie de Limoges. Il n’eut pas à s’occuper de celle de Pierre, mort en 1312 d’un coup de sabot de cheval, et put enfin s’estimer heureux d’avoir mis de l’ordre dans ses affaires.
    Ce sentiment de force et de plénitude, Jean III ne l’éprouva pas longtemps. Une lettre du Hutin, le 8 septembre 1315, jour de la saint-Adrien, lui enjoignit sèchement de cesser de frapper une monnaie dont la valeur, en excédant la sienne, l’excédait lui-même « grossement ». Tout duc et tout astucieux qu’il fût, il ne pouvait librement administrer son domaine.
    Le Hutin trépassa. Jean III ne se dérangea pas pour saluer l’avènement de Philippe V le Long. Le temps coula et Philippe VI de Valois occupa le trône de France. De bon ou mauvais gré – nul ne le sait vraiment –, Jean III et ses Bretons lui prêtèrent assistance contre les Flamands, par pure libéralité et courtoisie, ce dont le souverain fut offensé.
    Jean III avait épousé Isabelle de Valois en 1297, Isabelle de Castille en 1310 et Jeanne de Savoie en 1329. Trois unions stériles. Vieillissant et sentant son duché convoité par Philippe VI, le problème de sa succession le tourmenta. Il détestait son frère Jean de Montfort sans aucune raison, sinon peut-être parce qu’il était fils de reine : Yolande de Dreux, avant d’épouser Arthur II, avait été mariée à Alexandre III, roi d’Écosse. Il savait Jean aussi « bretonnant » que lui-même, sinon davantage, et cependant, il désigna sa nièce, la fille de Guy, comme digne de lui succéder, ce qui provoqua l’inquiétude et la colère des Bretons, colère qui redoubla lorsqu’ils apprirent que leur duc consentait à marier cette nièce, Jeanne de Penthièvre, à un étranger, un Français, le neveu du roi de France : Charles de Blois. Avec un tel prince au pouvoir, il était prévisible que tôt ou tard c’en serait terminé de l’indépendance bretonne.
    L’indépendance. Ce mot est le ressort de tous les événements assortis d’une seule et même alliance, surprenante mais compréhensible, qui marquèrent les débuts de la Guerre de Cent Ans. Philippe VI était d’esprit bien trop étroit et borné pour comprendre que n’étant qu’un « roi trouvé », il ne pouvait inspirer aux barons de Normandie le même respect que ses prédécesseurs. Il était trop inconscient pour augurer que, même habilement conduite, une vaste saisine du duché de Bretagne soulèverait l’indignation et la révolte. Il était trop imbu de sa personne et de son pouvoir pour pressentir que des patriotes – ce mot, dans son sens moderne, n’eut cours, lui aussi, que deux siècles plus tard – auraient recours, pour le combattre, à l’assistance d’un homme dépossédé par lui-même, roi de France, de son
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