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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier
Autoren: Pierre Naudin
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impressionnante, ne se résigna pas. La couronne de France devait lui appartenir. N’était-il pas le neveu du feu roi et le petit-fils de Philippe le Bel ? Quelle grande et puissante nation constitueraient la France et l’Angleterre s’il parvenait à les réunir sous son sceptre !
    Un élément, et non des moindres, s’ajoutait à ce qui devint une querelle dynastique : le sort du duché d’Aquitaine, dévolu aux Anglais – il avait constitué une partie de la dot d’Aliénor, mariée en secondes noces avec Henri II Plantagenêt – ne cessait d’être inquiétant. Édouard III en avait la suzeraineté, mais vassal du roi de France pour ce fief, il devait s’employer à le protéger des immixtions françaises et assurer son indépendance. Par ailleurs, et tout épris de liberté qu’il fût pour ce duché, Édouard III tenait les Flamands sous sa coupe, menaçant de les ruiner en interrompant leur approvisionnement en laine. On n’a pas de meilleurs alliés, parfois, que ceux dont on peut, du jour au lendemain, compromettre les affaires.
    Sous le règne de Charles IV le Bel, un jeune seigneur normand, boiteux de naissance, fut armé chevalier à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Godefroy d’Harcourt s’enorgueillissait d’appartenir à une illustre lignée. Quatre siècles – et même plus – avant sa naissance, les voiles carrées des drakkars avaient conduit ses belliqueux ancêtres jusqu’à cette immense portion de terre, pareille à une tête de chat accroupi : le Cotentin. Son sang bouillant, c’était celui de Bernard le Danois, compagnon de Rolf le Marcheur, jarl de Norvège, que les Francs nommaient Rollon. Cet aïeul vivait lorsque, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, et en même temps qu’il offrait sa fille Giselle à Rollon, le roi de France, Charles le Simple, avait abandonné aux « Normands » recrus d’aventures le vaste territoire où ils s’étaient installés. Deux fils de la famille Harcourt, – Errand et Robert – avaient participé, dans l’armée normande, à la conquête de l’Angleterre ; Errand demeura même au-delà de la Manche tandis que le reste de la famille, en deçà, continuait de faire souche. Ainsi, de part et d’autre de la mer, les Harcourt avaient-ils servi le même suzerain : Guillaume le Conquérant.
    Godefroy d’Harcourt se sentait normand avant tout. Il songeait fréquemment à ce triste jour du 6 mars 1204 où Philippe Auguste s’était emparé du Château-Gaillard, dernier point fort de la défense anglo-normande, pour assujettir, ensuite, la bonne terre des Vikings à la France. Ducale de 911 à 1066, royale de 1066 à 1204, chevillée à la Couronne, la Normandie, ainsi, torturait le Boiteux. Même assortie de certains accommodements constituant la Charte aux Normands, cette patrie lui semblait en état d’esclavage : un rêve le hantait : celui d’une Normandie libre dans laquelle, à défaut qu’il y exerçât le pouvoir, celui-ci reviendrait à quelque grand Normand de race pure. Il n’était pas seul à craindre que les franchises accordées à ses compatriotes et garantissant leurs us et coutumes, fussent un jour abrogées et la Normandie absorbée par la France.
    Godefroy d’Harcourt, tout comme Édouard III pour sa Guyenne, entretenait dans son esprit et son cœur un désir de liberté que nous résumons, nous, par un mot qui n’existait pas encore ; il nourrissait sans trêve des rêves d’indépendance. Comme l’écrit si bien Philippe Contamine, « il fut un symbole, un caractère, une destinée. Somme toute, c’est la question de l’autonomisme normand au bas moyen âge [3]  » qui est incarnée par cet homme.
    La Normandie jouxte l’Armorique où, depuis toujours, la vie avait été très agitée par les combats que se livraient Bretons, Normands et Anglais, jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’un « bon duc », Arthur II, qui le premier, à Ploërmel, autorisa le peuple à donner son avis sur les affaires du duché, le Parlement s’étant jusqu’alors composé des représentants de la noblesse et du clergé.
    Arthur II avait eu trois fils de sa première femme, Marie de Limoges : Jean de Bretagne ; Guy, père d’une fille, Jeanne de Penthièvre ; Pierre, décédé sans postérité. À la mort de Marie de Limoges, il avait épousé Yolande de Dreux ; elle lui avait donné un fils : Jean de Bretagne, comte de Montfort, et les princesses Jeanne, Béatrix, Alix, Blanche et Marie.
    Arthur II
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