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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier
Autoren: Pierre Naudin
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légitime héritage : Édouard III.
    Philippe VI commit une lourde erreur en plaçant le duché de Normandie sous la sujétion d’un crétin de belle espèce : son fils Jean. De Cherbourg à Rouen et d’Avranches à Évreux ce freluquet présomptueux inquiéta la noblesse, la bourgeoisie et le peuple. Tous redoutaient que fût remise en question, un jour ou l’autre, la Charte garantissant leurs droits et privilèges, et qui consistait en l’amalgame d’une ordonnance de Philippe le Bel (19 mai 1314), complétée par le Hutin (22 juillet 1315). Détestant toutefois les Anglais eux aussi, et pour fournir au roi des gages d’allégeance, ces conquérants innés avaient formé le dessein d’envahir l’Angleterre et d’en faire roi le duc Jean… ce qui les eût débarrassés de son encombrante personne ! Il est avéré que le conseiller du roi, Miles de Noyers, exécrait les descendants de Rollon. Pas tant qu’une garce couronnée, boiteuse et demi-folle : Jeanne, la reine de France. Pourquoi cette aversion ? Nul n’en sait rien.
    Pour la Bretagne, Philippe se contenterait donc d’y régner par personne interposée : son neveu, Charles de Blois. Et ce fut ce que refusa Jean de Montfort qui, dès la mort de Jean III, se déclara son successeur légitime, descendant direct d’Arthur II, mâle comme l’exigeait la loi salique selon laquelle toutes les héritières étaient écartées du trône ; loi conformément à laquelle Philippe VI était devenu roi.
    Montfort savait à quoi s’en tenir sur le mari de Jeanne de Penthière. C’était certes un mystique, mais sa dévotion orgueilleuse, ses macérations ostentatoires, son humilité perfide, l’onction de sa voix et son regard un peu trop souvent tourné vers le ciel n’empêchaient pas qu’il fût de mœurs impures. Ce faux saint personnifiait l’empiétement et le règne de la France en Bretagne… Scandale ! L’ombre des médiocres Valois sur le pays des descendants de Gomer, l’aîné des enfants de Japhet ; la langue des étrangers couvrant celle des descendants de Noë au sortir de l’Arche [4]  !… La Bretagne livrée aux Français, c’était la décadence ; c’était le cauchemar… Ah ! si tous ceux qui, niaisement, avaient juré fidélité à Jeanne de Penthièvre avaient pu renier leur serment…
    Car les Bretons au cœur uniforme se trouvèrent divisés en deux factions : les partisans de Jean de Montfort et ceux… qui ne pouvaient se rétracter. Les serments de ce temps-là revêtaient une valeur sacrée ; on ne se dédisait guère : le parjure était quelque chose de répugnant ; par lui, on accédait au premier degré de la descente aux enfers !
    La guerre ouverte, Bretons contre Bretons, Anglais contre Français, ne devait s’achever que le 12 avril 1365, par le traité de Guérande et le succès du fils de Jean de Montfort ; Jean de Montfort dont la femme, au début de sa captivité, se battit hardiment comme il l’eût fait lui-même. Parce que plus humaine et plus vraie, Jeanne la Flamme devance de loin Jeanne la Pucelle dans la galerie des guerrières. Et pourtant, rares sont ceux auxquels son nom « dit » quelque chose, sans doute même à Hennebont, sa bonne ville.
    Certains résistants n’eurent pas la chance de leur duc, qui parvint à fuir sa geôle. Ils moururent décapités. C’étaient Olivier de Clisson, Geoffroy de Malestroit et son fils, Thibaut de Montmorillon, le sire d’Avaugour, Jean de Montauban, Alain de Quédrillac, le sire de Laval ; Guillaume, Jean et Olivier des Brieux, Denis du Plessis, Jean Malart, Jean de Sevedain, Denis de Gallac ; d’autres encore, chevaliers, écuyers, et le diacre Henri de Malestroit. Quant aux Normands que Godefroy d’Harcourt avait pour compagnons et qui eurent moins de chance que lui, c’étaient Guillaume Bacon, le sire de la Rochetesson, Richard de Percy. Les sentences et les exécutions presque simultanées de ces hommes ne prouvent pas qu’ils s’étaient accointés, mais il paraît certain que si les liens d’une étroite connivence avaient vraiment rassemblé les autonomistes bretons et normands, le roi de France eût été moins à l’aise sur son trône.
    Il faut également constater que si Édouard III secourut les rebelles, il ne put jamais mettre un maximum de forces à leur disposition. Et pour cause : l’Angleterre, moins peuplée que la France, ne possédait pas une armée aussi, nombreuse, et son premier front de
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