Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
voulait me faire
connaître sa réaction. Une correspondance amicale a rapidement commencé. Un
mois plus tard environ, le jour de l'an 2007, j'ai reçu un e-mail de Yaacov
m'informant qu'il était tombé sur une référence aux Jäger dans des archives
nouvelles, pour la plupart en provenance de l'ex-Union soviétique, qui venaient
d'être intégrées à la banque de données de Yad Vashem, la veille. Il m'envoyait
un lien pour consulter la référence en question. Une ligne, seulement, d'un
document particulier dans cette montagne de dossiers rendus disponibles
– il y en a plus de 350 000 – fournit une information enfin concrète
sur le sort d'un de mes parents. Ou, devrais-je plutôt dire, une information
concrète sur l'un d'eux et une information implicite sur un autre.
    Le dossier en question fait partie d'un rapport donné, juste
après la guerre, à une commission appelée « Commission extraordinaire de
l'État soviétique pour l'établissement et l'enquête sur les crimes commis par
les envahisseurs fascistes allemands et leurs complices » (je devrais
ajouter ici que l'ami à qui j'ai demandé de traduire ce document pour moi a dit
ceci concernant le mot russe pour « crimes » employé dans le nom :
« Note que le mot pour crime a ici de fortes implications morales —
différentes, par exemple, du « crime » dans Crime et châtiment, qui
est légal/dépourvu de passion – et il ne serait pas exagéré de traduire
par « actes maléfiques » ou «vilenies»). Cette commission, créée en
1942 par le Soviet suprême et généralement désignée par ChGK (acronyme du nom
russe), était responsable de l'investigation sur les crimes de guerre
allemands. Selon leurs propres dossiers, plus de trente mille enquêteurs ont
pris part à cette entreprise, interviewant les résidents qui avaient survécu
dans les petites et grandes villes Judenrein ravagées et enregistrant
leurs histoires ; plus de sept millions de citoyens soviétiques sont censés
avoir été interviewés. Les vingt-sept immenses collections qui ont été
condensées à partir de cet énorme trésor de témoignages oculaires représentent
le gros des preuves présentées par les Russes aux procès de Nuremberg. Une des
villes visitées par les enquêteurs de la Commission extraordinaire avait été
Bolechow – ou, comme disent les Russes, Bolekhov.
    Yaacov m'a envoyé trois pages du rapport sur Bolekhov. La
première est la page de titre et on y lit ceci :
     
    Rapport
de l'investigation sur les actes malépiques des fascistes allemands et de leurs
complices dans le district de Bolekhov de la région de Stanislavov
     
    Sur la troisième page que Yaacov m'a envoyée, qui est en
fait la septième et dernière page du rapport complet de Bolekhov, figurent cinq
signatures : les signatures du président du Comité d'enquête et des quatre
autres membres du Comité. Ces noms de bureaucrates signés, avec leurs
arabesques illisibles, apparaissent juste au-dessous d'une liste verticale
d'autres noms. Ces noms, donnés selon le format russe standard, nom de
famille, prénom, nom patronymique, sont tous tapés en lettres cyrilliques
(comme les lettres qu'on peut voir aujourd'hui sur la façade du bâtiment à
Bolekhiv qui était autrefois le Dom Katolicki, celles qui disent cinéma et théâtre ). Devant chacun de ces noms se trouve un chiffre et,
après chaque nom, apparaissent les mentions suivantes en colonnes : année de
naissance ; sexe ; profession ; date d'exécution/de rafle ; adresse. Certains
des noms de cette liste – que je peux lire parce que j'ai appris tout seul
à lire les caractères russes, peut-être dans un désir de trouver grâce aux yeux
de la dernière femme revêche de mon grand-père, celle qui avait été russe avant
qu'Auschwitz fasse d'elle une citoyenne de nulle part –, certains de ces
noms me sont familiers à présent, en raison des voyages que j'ai faits et des
gens à qui j'ai parlé. Je peux, par exemple, déchiffrer une Malka Abramovna
Lew, qui doit être une parente de Dyzia Lew, quand bien même Dyzia ne pourra
plus jamais me donner la moindre information à ce sujet ; je peux déchiffrer un
Dovid Israelevich Reifeisen, et supposer qu'il est lié au procureur Reifeisen,
qui s'est pendu avant que les choses empirent. Je peux même voir quelqu'un qui
porte le nom de jeune fille de Meg Grossbard et je me demande en silence qui
cette personne pouvait bien être, bien que je sois conscient de ne
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher