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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge
Autoren: Jean Markale
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équivalents parfaits des fées et des « pucelles » que
rencontrent sans cesse les chevaliers du roi Arthur et avec lesquelles ils ont
des relations sexuelles, sinon amoureuses.
    Les compagnons de la Branche Rouge sont des hommes prêts à
tout, d’un courage sans défaut, d’une intelligence sans faille, d’une
effrayante volonté de puissance qui peut les amener à la conquête du monde. Mais,
comme tous les hommes, ils ont des faiblesses qui les conduisent parfois aux
pires catastrophes, aux plus sordides reniements. Est-ce leur faute, ou faut-il
voir là la main des dieux acharnés à leur perte, comme dans la tragédie grecque ?
La question posée demeure sans réponse.
    Au début de l’histoire des compagnons de la Branche Rouge, une
injustice a été commise. Ils devront en payer le prix. À la suite de la transgression
d’un interdit, ils ont obligé la déesse Macha, qui était enceinte et près d’accoucher,
à disputer une course contre les chevaux du roi d’Ulster. Elle a remporté l’épreuve
mais, en arrivant au but, donné naissance à des jumeaux, d’où le nom attribué à
la forteresse royale des Ulates, Émain Macha . Alors, pour
marquer son ressentiment, elle a lancé un terrible cri de malédiction sur les
Ulates : chaque fois que leur pays sera en danger, ils subiront pendant
cinq jours et quatre nuits les douleurs de l’enfantement, et ce pendant neuf
générations, envoûtement qu’on appelle communément la « Neuvaine des
Ulates » et qui perdure sous le règne de Conor. Seul de tous les Ulates, Couhoulinn
n’en est pas atteint, sans doute à cause de son essence divine.
    On a souvent expliqué cette « neuvaine » comme la
réminiscence d’une antique coutume qu’on a pu observer chez d’autres peuples
dit primitifs, la coutume de la couvade . Elle consiste,
pour un homme dont la femme est sur le point d’accoucher, à s’aliter et à
simuler les douleurs de l’enfantement. Mais la couvade n’est pas une malédiction : c’est un acte par lequel l’homme participe
symboliquement, rituellement pourrait-on dire, à la naissance de l’enfant. Il n’y
a là rien de commun avec le mal qui frappe les Ulates, ce mal les châtiant d’une
faute antérieure.
    Il faut donc en chercher ailleurs la signification, et d’abord
s’interroger sur le personnage même de Macha. Dans les légendes irlandaises, ce
nom désigne trois femmes fées ou déesses : l’une est une prophétesse, la
deuxième, une reine guerrière, la troisième, celle de notre histoire, une bonne fée qui, telle Mélusine, vient proposer son aide à un
pauvre fermier veuf, sous réserve qu’il respectera certains interdits. Mais, en
fait, comme il arrive fréquemment dans les récits gaéliques, Macha est une
divinité au triple visage, conformément à la fameuse tripartition
indo-européenne. En effet, son don de prophétie la range dans la classe
sacerdotale druidique, sa royauté dans celle des guerriers, ses vertus
féeriques dans celle des producteurs, puisque sa fonction est d’apporter la
prospérité. Macha est donc une des images de la Grande Déesse, et sa puissance
indubitable explique sa réaction à l’espèce d’insulte commise par les Ulates.
    On remarquera qu’elle doit disputer une course en plaine
contre des chevaux. Or, son nom provient d’une racine celtique qui signifie « plaine ».
C’est alors qu’une comparaison s’impose entre elle et deux autres divinités de
la mythologie celtique, la Galloise Rhiannon et la Gauloise Épona. Cette
dernière, dont le nom dérive de l’une des racines celtiques désignant le cheval,
est maintes fois représentée dans la statuaire de l’époque gallo-romaine soit
en cavalière montée sur une jument, soit en cavalière accompagnée d’un poulain,
soit simplement en jument suivie d’un poulain. De toute évidence, elle est soit
une déesse des équidés, soit franchement une déesse-jument. Dans l’ensemble de
l’Empire romain, elle fut d’ailleurs honorée comme la grande protectrice des
chevaux, et son image propitiatrice ornait maintes écuries.
    Mais si l’on ne possède aucun récit mythologique la
concernant, on connaît en revanche fort bien l’histoire de la Rhiannon galloise,
grâce à la première et à la troisième branche du Mabinogi .
Celui-ci la dépeint nettement comme une déesse cavalière ; on l’y voit
même s’adonner à des courses folles devant le roi Pwyll qui, désireux de l’épouser,
ne
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